Les Crados le film.
Un peu d'histoire : Début des années 80, les américains s'entichent des
Cabbage Patch Kids, de petites poupées toutes différentes qu'il est de bon
ton d'adopter et d'élever comme de vrais enfants. C'est la folie aux USA,
le reste du monde en rigole.
http://www.cabbagepatchkids.com/
Quelques illustrateurs issus de Raw, un comics d'avant garde, s'emparent
des petits chéris (commandités par Topps, un Panini/Malabar US) et les
détournent de façon magistral : les Enfants de Paille nés dans les Chous
deviennent les Garbage Pail Kids, les Enfants de Pailles nés dans les
Poubelles. Sous la forme de cartes à collectionner vendu avec du chewing
gum, c'est une déclinaison sans fin de petits personnages hideux,
répugnants et débiles, affublés de noms-jeux de mots tirés par les
cheveux. L'amérique en rit, le monde entier se les arrache.
http://www.geocities.com/Area51/Station ... rame3.html
En France ils deviennent les Crados, les gosses (et les moins gosses) s'en
emparent au grand dam des parents, des ligues de bonnes morale et du
Commandant Cousteau...
Hollywood, jamais en reste à sauter à pied joints sur la poule aux œufs
d'or, produit ce film bancal puis à la suite une série TV qui ne sera jamais
diffusée.
Dodger (Mackenzie Astin, on le verra prochainement dans Lost) travaille
chez le Captain Mancini (Anthony Newley), un vieil excentrique qui tient un
magasin d'antiquités. Au fond du magasin, planqués au fond d'une poubelle
qu'il ne faut surtout pas ouvrir, vivent quelques Crados (dont un à tête de
crocodile!!!) qui, une fois libérés par Dodger, n'auront de cesse de se faire
des amis et retrouver d'autres de leurs semblables.
Je pensai avec naïveté qu'il y aurait un peu d'anti-culture, de vulgarité et
d'assaut glaireux envers le sacro-saint Bon Goût dans ce film mais non,
pas réellement. Comment percevoir dans un univers réaliste des
personnages qui n'existent qu'en poses figées ? Hé bien un peu comme
des Gremlins, que l'on contient pour qu'ils ne se répandent pas dans la
nature, ou comme une équipe de Teenage Mutant Ninja Turtles dont
chaque membre à une fonction particulière et agit dans l'ombre,
pourquoi pas...
Mais qu'on les retrouvent au fond d'une cave à fabriquer des vétements
à la chaîne pour que Dodger puisse se faire mousser aux yeux de sa
petite amie styliste, et que ces pauvres bougres à l'haleine fétides
chantent entre eux :
"On peut tout faire en travaillant ensemble
On ne peut pas s'arrêter, on a du boulot jusqu'au cou
Et nous sommes moi et vous..."
Les freaks sont donc une minorité laborieuse qui ne doit pas voir le jour
et regagner sa poubelle une fois sa tache terminée.
Notons l'existence, au beau milieu de cet univers, d'un "Home For The
Ugly People", asile-chenil-laboratoire-de-la-mort ou l'on enferme les gens
qui sont "trop" quelquechose.
Et puis il y a le datage 80's du film : beaucoup trop de cheveux frisés,
de mitaines en cuir noir, de cravates fines et de synthé-rock-moisissure
FM. Beaucoup de rose et de gris aussi. Et des Hell's Angels.
Les GPK, en eux-mêmes ne sont ni vraiment méchants, ni très matures.
Ils ne débordent pas non plus de mauvaises manières; ils ont chacun leur
gimmick et en sont bien radins à l'usage. Beaucoup de pets, de pipi sur soi
et on sera gratifié à la fin d'un beau dégobillage vert. Les cascadeurs de
petites tailles qui jouent les GPK se déplacent mal avec leurs grosses têtes
de latex rempli d'animatronics qui les empêchent de voir ou ils doivent
aller. Heureusement le modelage des têtes les rapprochent assez de leurs
modéles de papier. Véritablement un seul d'entre eux est réellement
repoussant, c'est Nat Nerd (Aldo Supercrado) : un bouffi frisé en tenue
de Superman, avec des lunettes trop épaisse, le visage constellé de
boutons-pustules et il se pisse dessus dés que ça va plus...
Bref il ne reste plus qu'un film dont on pourra rigoler, comme une
montgolfiére qui n'aura jamais décoller, rejoignant le cimetière des
œuvres qui ont visé trop haut.
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