Manolito a écrit :La gloire régionale pour Artus films avec une quasi pleine page avec photo dans le midi libre d'hier, pages de Montpellier, avec exposé sur la Nazisploitation - qui laisse un peu sceptique le journaliste apparemment...

Deux Montpelliérains dans l'enfer de la série Z
Rien ne semble devoir les arrêter. Ni le manque endémique d'argent, ni la vérité d'un marché du DVD en chute libre, ni les limites communément admises du bon goût... Ainsi, après avoir édité sous la bannière d'Artus Films, trois trésors du patrimoine fantastique européen (Le boulanger de l'empereur de Martin Fric , Le chevalier blanc de Giacomo Gentilomo et La sorcière sanglante d'Antonio Margheriti) et reçu pour cela, les dithyrambes de toute la cinéphilie, la plus sérieuse comprise, Thierry Lopez et Kevin Boissezon ont-ils décidé de publier cinq autres films de genre mais cette fois, de mauvais genre. Enfin, si l'on s'en tient à nos a priori et au nom pour le moins maladroit que s'est choisi ce courant né dans les années 1970 : la "nazixploitation" (lire ci-contre).
« On est d'accord, l'idée que l'on puisse exploiter l'horreur nazie comme un nouveau filon commercial est a priori irrecevable, explique Thierry Lopez. Mais une fois qu'on a vu les films, on se rend compte qu'il ne s'agit que de cinéma bis, sans aucune ambiguïté. La plupart du temps, juste des films de prisons de femmes qui utilisent le contexte de la Seconde Guerre mondiale pour se donner un plus. » Et son acolyte, montpelliérain comme lui et tout aussi dingue de cinémas déviants, de préciser : « Il faut savoir qu'à l'époque, ces films sortaient sur les Champs-Élysées et faisaient un carton un peu partout dans le monde ! » Thierry Lopez enfonce le clou : « Les films que nous sortons sont produits par Eurociné, qui a abrité les meilleurs films de Jesus Franco et qui est aujourd'hui la dernière boîte de prod en France à toujours faire du bis. Son patron historique, Marius Lesoeur (mort en 2003), avait été décoré pour faits de Résistance et l'idée de montrer l'horreur du nazisme jusqu'au grotesque lui plaisait beaucoup, dès lors que la justice passait à la fin. Des juifs ont d'ailleurs participé au financement de certains de ces films. » Bref, si aujourd'hui pullulent les jeux vidéo où il s'agit de jouer la pire des crapules (Grand Theft Auto , pour ne parler que du plus célèbre), il s'agissait alors d'exploiter l'ignominie elle-même. Pour un résultat cinématographique finalement plus discutable que la morale.
« Oui, ce sont des films ultra kitsch, bricolés avec trois fois rien, concède Thierry Lopez. Mais si on les prend avec un peu de second degré, on voit qu'ils ont quelque chose, ils ne sont pas si mal fichus, parfois mélodramatiques et pour certains, vraiment prenants. » En dépit de la lettre infamante que l'on colle à ces films de série, la dernière, les duettistes ont procédé avec le même soin que leurs précédentes éditions prestigieuses, réalisant en supplément des interviewes inédites (plus que jamais) éclairantes. « Nous voulons toujours défendre le patrimoine cinématographique de genre, quel qu'en soit le niveau de base », disent-ils.
Et eux dans tout cela ? « On galère toujours, avoue Kevin Boissezon qui, comme son ami, multiplie les boulots alimentaires. On n'est passé pas loin de la banqueroute mais aujourd'hui, on arrive à voir sur six mois sans être tout de suite dans le rouge. C'est encore beaucoup mais alors beaucoup trop juste, pour se sortir un salaire. Mais suffisamment pour envisager déjà d'éditer d'autres films ; prestigieux ou bis faut voir. » On en frémit d'avance. D'inquiétude ou d'excitation ? On frémit, c'est déjà beau.
Jérémy BERNÈDE
Précisons qu'aucun de ces films n'est interdit en France, juste inédit en vidéo.
T'ain mais donnez leur des sous. Regardez comme ils ont l'air tristes sur cette photo
