Lorgnant vers The omen, Nero veneziano réalisé en 1978 par l'italien Ugo Liberatore mérite d'être réhabilité à sa juste valeur, trés sympathique film de possession non démuni de qualités et dégageant un charme plutôt vénéneux.
Venise sert de cadre à ce film et avouons que Liberatore sait la mettre en valeur mais également la rendre inquiètante, trouble.
Quelque chose d'angoissant se dégage de ses canaux embrumés sous un ciel gris trop bas, de ces gondoles où s'entassent les héros parmi quelques voyageurs.
S'il n'est pas difficile de tirer avantage du climat particulier que dégage Venise, il est plus difficile par contre de faire naitre l'angoisse à partir d'une simple histoire de possession, d'autant plus que le scénario n'est guère alambiqué et déjà mille fois vu.
Liberatore sait attirer l'attention du spectateur et créer un petit climat de peur plutôt plaisant et tout à fait fonctionnel.
Tout repose sur les visions qu'a le jeune Mark, aveugle depuis de longues années, dés son arrivée à Venise. Il ne cesse de voir un sinistre individu habillé de noir le poursuivre pour le tuer jusqu'au moment où il le voit assassiner son entourage à l'aide d'une canne.
Si certaines morts sont bien réelles mais toute accidentelles, d'autres sont le fruit de son imagination comme celle de son amie Vicky qu'il voit plusieurs fois mourir.
Si tout le monde et surtout sa soeur ainée, Christine, le croit fou, Mark s'entête et son obsession pour cet homme ne cesse de le ravager.
Il est persuadé que cet individu n'est autre que le Diable lui même, individu qui va se manifester dans la vie de sa soeur sous les traits de Dan.
Liberatore ne lésine pas sur les effets chocs et la violence graphique et truffe son film de meurtres tout à fait gore particulièrement agréables.
On a ainsi droit à des corps et des visages transpercés par l'abominable canne, des corps déchiquetés, pendus, crucifiés, le réalisateur faisant preuve d'un sadisme plutôt pervers et complaisant. Eric adore!!

Il se fait également une joie d'étaler à l'ecran sa fascination pour les vers, omni-présents que ce soit sur des cadavres putrides, dans un verre d'eau que boit Mark, les horribles bestioles ressortant par sa bouche, cette poupée ignoble et ensanglantée qu'ils rongent de l'interieur ou tout simplement l'eau du puits croulante sous les rats et les serpents dont Mark aime se frotter les yeux pour recouvrer la vue.
Accompagné d'une musique efficace signée Pino Donaggio qui souligne à merveille ce charme pervers, Nero Veneziano dans sa deuxième partie sombre inéluctablement dans le film d'Antechrist.
Enceinte mais vierge, Christine accouchera de l'enfant du Diable.
On sent l'ombre de Rosemary's baby planer sur Venise. Chacun des membres de l'entourage de la jeune fille était complice de la Bête et Christine désormais veille sur ce bébé que Mark va tenter de détruire.
S'il échoue une première fois en voulant le noyer, il détruira le nouveau-né lors d'une séquence hallucinante: il projette le BB sur une sculpture garnie de pointes metalliques sur lesquelles il s'empale, Liberatore se faisant un plaisir extrême à montrer le bébé voler à travers les airs et empalé, ensanglanté, punaisé contre l'objet. Extase!!

Une fin d'un sadisme inoui mais bien vaine puisqu'on ne détruit pas l'Antechrist, le bébé étant revenu d'entre les morts de la façon la blasphématoire qu'il puisse être.
Correctement filmé, Nero veneziano est une production des plus sympathique. Si ce n'est pas un chef d'oeuvre, les amateurs du genre sauront l'apprécier à sa juste valeur et ressentir quelques frissons bien agréables tout en se delectant du gore et de ce sadisme pervers qu'il distille.
Si tous les personnages s'avèrent plus antipathiques les uns que les autres, on retrouve la blonde Rena Niehaus dans le rôle de Christine, Rena qui fut la perverse et sale heroine du teensploitation La orca de Eriprando Visconti.
Olga Karlatos traverse le film, vieillie et enlaidie pour la bonne cause mais ses yeux de diamant irradient l'écran et Lorraine De Selle tjs aussi raide, trop peu présente, est une nurse incube non négligeable.
Maitre corbeau qui desormais sait comment faire avec les BB pleurnichards!

