
Rupert Wainwright reprend ici les bases du fantastique oecuménique qui fut fort à la mode dans les années 70 et 80.
S'il est facile de vite sombrer dans le mystique pompeux ou la bondieuserie, l'exercice est toujours périlleux mais Wainwright s'en sort plutôt bien et réalise un film interessant, parfois même prenant, ne sombrant jamais et c'est là son atout pincipal dans le ridicule.
Stigmata bénèficie avant toute chose d'un scénario solide et surtout bien documenté. Wainwright a su prendre le temps d'étudier les Evangiles et de s'informer afin d'apporter le plus de crédibilité possible à son film, lui donnant ce coté réaliste et plausible.
L'autre aspect interessant de Stigmata est le portrait que dresse le réalisateur du monde écclesiastique et en particlier du Vatican. Nous sommes en face d'un monde qui sous surveillance video passe son temps à comploter dans un climat de paranoia qui devient au fur et à mesure étouffant. Les écclesiastiques sont veules et dissimilateurs, faux et envieux, mus par le seul but d'acquérir le pouvoir dans une lutte acharnée et mesquine.
Wainwright en profite pour mettre en avant et épingler le cynisme et le coté ultra conservateur de l'Eglise.
Sur ce plan, Stigmata fonctionne à merveille et en devient presque jubilatoire.
D'autant plus que les séquences se passant dans cet univers si fermé distillent une atmosphère étrange, sourde. On sentirait presque l'odeur du souffre et de ces secret nait le malaise.
Pour le reste, Stigmata a recours au schéma classique du genre quant au calvaire de Frankie. Les séquences où elle subit les stigmates du Christ sont impressionnantes et particulièrement violentes, montrées par de trés rapides flashes-back aidé en cela par un montage sec et d'effets pesants et répetitifs.
A ce niveau, Stigmata pourrait prendre des allures de long clip video ce que beaucoup lui reprochèrent à sa sortie. Lorsqu'on sait que Wainwright vient de la pub et du clp, cela etonnera moins et on comprend mieux.
Mais lors de ces séquences que le réalisateur a voulu les plus puissantes possibles dans leur réalisme, on est amené à ressentir, vivre la terrible experience de la stigmatisation comme le vit Frankie.
Les chairs se déchirent de l'intérieur, la peau explose, le corps se marque. C'est quelque chose de terrifiant, une souffrance sans nom que Wainwright parvient à reproduire ici et transmettre jusqu'à l'exorcisme final dans la grande tradition de L'exorciste.
Techniquement trés soigné, le film bénèficie d'une excellente photographie et d'une interprétation fort convaincante de la Arquette et Gabriel Byrne.