Fanny est arrêtée pour vol dans un supermarché par l'inspecteur André Gattino. Il l'humilie sexuellement et cherche à obtenir la cache où son amant, en prison, a dissimulé un stock d'armes. L'amant s'évade mais est abattu par la police. Fanny jure de le venger.
J’ai revu avec plaisir et un peu plus d’attention que la première fois cette curieuse production franco-espagnole, mélange de polar, avec son histoire au demeurant rondement menée de braquage de convoyeurs de fonds, et de drame psychologique à base de relations amoureuses pas très nettes entre une délinquante et un flic un peu barge.
Le film est signé Vicente Aranda, déjà auteur au début des années 70 d’un très étrange
La Novia ensangrentada (
La Mariée sanglante en VF), film de vampire lesbien à cheval entre l’oeuvre arty et la production bis. Et si dans le sujet les deux films n’ont à priori pas grand-chose en commun, on retrouve tout de même dans les deux cas des personnages de femme fortes mi-prédatrices confrontées à des males au choix lâches, faibles ou violents sous leur apparence peu engageante de macho latino. Le style y est aussi sec et l’ambiance presque aussi morbide. Quant à l’intrigue, racontée en flash-back dans le flash-back, elle s’avère souvent imprévisible dans sa progression, comme l’était déjà en partie celle de
La Novia ensangrentada.
Le film sort donc pas mal de l’ordinaire, de part son sujet comme le traitement que lui applique Aranda, peu conventionnel par moment (sur le coup je pense au long plan-séquence de l’ouverture du fourgon blindé). Qui plus est, pour le spectateur français, le fait de retrouver dans cette histoire située à Barcelone Bruno Cremer et Fanny Cottençon, qui se doublent eux-mêmes, et dont on ne saisit pas bien si les personnages qu’ils interprètent sont français ou espagnols, en rajoute une petite couche dans l’ambiance décalée, bizarroïde que distille savamment le film.
En parlant du couple vedette du film, un petit mot sur les prestations de chacun : dans un rôle casse-gueule, Fanny Cottençon ne s’en tire pas trop mal. Certes, son jeu n’est peut-être pas aussi dense que ce qu’on aurait voulu voir et ressentir venant d’un personnage aussi complexe que celui qu’elle interprète, mais ça reste tout de même l’un de ses rôles les plus intéressants. Et face à elle Bruno Cremer est assez impressionnant en brute perverse bien fêlée. Un rôle qui, dans les quelques scènes se déroulant au sein de sa cellule familiale, m’a fait pensé à son rôle à venir dans le film de Brisseau,
De Bruit et de fureur.
Si je me souviens bien, le film s’était méchamment fait descendre par la critique chez nous, à sa sortie au cours de l’été 85.
Titre original :
Fanny Pelopaja. Diffusé récemment dans sa version française sur Ciné Cinéma Frisson.