La mouche noire - 1958 - Kurt Neumann

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Manolito
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La mouche noire - 1958 - Kurt Neumann

Message par Manolito »

Titre original : The Fly

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En France, Hélène Delambre avoue à la police avoir commis un meurtre atroce. Elle a tué son mari André, un savant renommé, en écrasant sa tête dans une presse mécanique industrielle ! A François, le frère d'André, elle confesse que celui-ci avait mis au point un système permettant de téléporter la matière inerte, et même vivante. Mais une expérience s'est mal passée...

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Si "La mouche noire" est une production relativement modeste, il s'agit tout de même d'un film Fox, en cinémascope et couleurs, bien plus fastueux que la plupart des nombreux petites films de SF qui se sont multipliés aux USA au cours de la seconde moitié des années 50. Luxueux décors (le superbe laboratoire), acteurs convaincants (dont Vincet Price dans le rôle de François) et belles couleurs emportent donc a priori l'adhésion.

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Malheureusement c'est aussi un film fort lent qui, après un début saisissant, traîne pas mal et joue sur un suspens malheureusement galvaudé pour quiconque a une culture minimale en SF. Quant à la fin, réputée terrifiante, je l'ai trouvée plutôt ridicule. Le maquillage de l'homme mouche est correctement fait, le personnage d'Andre et de sa famille sont tout de même attachants. Cela se regarde, mais je ne trouve pas vraiment que ce soit un très grand classique...

Vu sur Ciné Cinéma Classic en format scope respecté, bonne copie VM anglaise. Malheureusement, comme je crois que c'est toujours le cas sur CC Classic, la piste Dolby stéréo du DVD (qui restitue en gros le mixage multipiste d'origine de ce film cinémascope) a été remplacé par une piste mono. Comme si ça ne suffisait pas, il faut en plus subir une signalétique -10 un peu too much pour un film à l'horreur quand même très, très soft comparée à ce qu'on voit aujourd'hui dans "La guerre des mondes" 2005 (signalétique hors de l'image, encore heureux)... :evil:

Le test du zone 2 par Arioch sur le site :

http://www.devildead.com/indexfilm.php3 ... FilmID=202
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Un sigle (-10) pour "La mouche noire", c'est vraiment de la signalétique de pédé ... :D
Et moi qui pensais que c'étaient les mouches qui craignaient les tapettes, et non l'inverse !!!

(ps: et le premier qui m'accuse d'homophobie aura sans doute raté les précédents épisodes...)
milton arbogast
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Re: La mouche noire - 1958 - Kurt Neumann

Message par milton arbogast »

Manolito a écrit :Cela se regarde, mais je ne trouve pas vraiment que ce soit un très grand classique...
Allumé le buchet, je commence a le travailler a la tenaille! :twisted: :wink:

...Tiens, est-ce que quelqu'un a capté le joli clin d'oeil de Burton a LA MOUCHE dans CHARLIE ET LA CHOCOLATRIE?
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Soit dit en passant, le titre français du film de Kurt Neumann, "La mouche noire", méritait le Grand Prix de la Connerie.
Outre le fait que la plupart des mouches sont noires, le traducteur a dû penser qu'une mouche "noire" çà devait foutre la trouille; il a simplement oublié le fait que la mouche en question n'est justement PAS noire, mais noire et blanche, puisqu'elle possède une tête et un bras d'homme "blanc". Aïe, je vais encore me faire engueuler pour le "politiquement incorrect", mais çà n'est pas voulu.

C'est vrai que "La Mouche Bicolore" çà faisait pas très sérieux comme titre, alors, pourquoi pas simplement "La Mouche", hein, je vous le demande...

Autre exemple de titre idiot, belge, cette fois: "Blob, terreur sans nom". Ah bon ? elle s'appelle pas Blob ??? on rigole... :D
Kevorkian
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Message par Kevorkian »

L'exemple type du film qui se fait exploser par son remake : le film de Cronenberg est bien plus riche et intéressant thématiquement que ce film de 1958 qui surfe vaguement (!) sur une peur de la technologie et n'est rien d'autre qu'un film fantastique tout ce qu'il y a de plus anodin. Pis bon c'est pas pour balancer sur les films d'époque mais les SFX de 1986 sont quand même plus convaincant ! :D
Manolito
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Message par Manolito »

Je ne trouve pas l'idée anodine du tout. L'idée du personnage se téléportant et se retrouvant brassé génétiquement à une mouche est tout de même une idée de génie, jamais vue avant au cinéma ! De plus, les doutes du scientifique, le fait qu'il s'agisse d'une histoire sans réel méchant, la rendent très intéressante. D'ailleurs, le film ne s'achève en rien comme un avertissement contre la science (au contraire, puisque le fils va prendre le relais du père). Pour les SFX, je les ai trouvé bons... à part le gros plan de la "mouche blanche" à la fin. C'est plus dans le traitement un peu molasson du scénario et de la mise en scène que je n'ai pas accroché.
ZombiGirl
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Message par ZombiGirl »

Revu vendredi soir et je le trouve toujours aussi bon, cette Mouche Noire (et dsl, Fantomas, moi ce titre me fait peur, très peur... :D ). D'accord avec le post précédent de Manolito. Par contre, pour la signalétique -10, je ne vois pas où est le problème (sauf pour le fait de le laisser tout le film mais ça, c'est un autre débat...). J'ai trouvé le meurtre du scientifique et l'écrasement de la mouche blanche à la fin plutôt violents, voire même l'apparition de l'homme à tête de mouche. Certes, tout est relatif, ce ne sont que 3 scènes ds tout le film, y a bien pire, peut-être même à l'époque etc, mais j'aurais pas fait voir ça à ma fille, cauchemars garantis ! (Déjà qu'elle a peur des mouches... :) )

Et je trouve inutile de comparer ce film avec son remake. Les 2 s'inscrivent ds des époques différentes et les SFX de 1986 seront forcément meilleurs qu'ils l'étaient en 1958. Ca n'enlève rien aux qualités du film original.
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

D'autant plus que, ayant vu le film à sa sortie - il est passé en V.O. au "Cinémonde-Opéra", c'était en 1959, je peux vous dire qu'avec les potes, on en a parlé durant des semaines, de ce film... Bien sûr que c'était nouveau, et bien sûr que c'était terrifiant, surtout vu dans une salle calme car presque vide, en semaine, à une époque où on pouvait encore se rendre au cinéma sans être emmerdé par le sans-gêne des autres spectateurs... Dans la foulée, je me souviens avoir acheté le recueil de nouvelles de George Langelaan, c'est dire...
Celà pose tout de même un problème, c'est la perception que l'on peut avoir d'une oeuvre cinématographique quarante ou cinquante ans après sa sortie, alors qu'entre-temps, des dizaines de films exploitant les mêmes thèmes sont passés par là. Dans trente ans, vous serez peut-être surpris de réactions de spectateurs qui rigoleront devant des trucs qui aujourd'hui vous font flipper. Bien entendu, les meilleurs films ("Nosferatu", "Frankenstein" et "La fiancée de Frankenstein", "King Kong", "Cat People", "Freaks", et pas mal d'autres - je fais évidemment exprès de mentionner les plus lointains dans le temps - ont fort bien résisté, mais est-ce que nous les percevons exactement comme les premiers spectateurs des années vingt ou trente ? je ne crois pas, même si nous essayons. Je n'ai aucun mal à imaginer que des gens aient pu mourir de trouille, ou presque, en découvrant "Frankenstein" en 1932, à sa sortie parisienne. Ma mère m'en avait assez parlé (bien avant que je puisse voir le film) pour que j'en sois convaincu. Et c'est normal: avant "Frankenstein", qu'y avait-il eu comme film "de terreur", à part "Nosfératu" ???
Et je peux aussi dire que lorsque j'ai découvert "Le cauchemar de Dracula" de Fisher en février 1959 à Paris, et bien qu'ayant déjà vu pas mal de films du genre depuis 1952, c'était DE LOIN le film le plus sanglant que j'aie jamais vu. Je ne crois pas qu'un jeune spectateur de 2005 puisse seulement imaginer que ce film, à une quelconque époque, ait pu paraître "sanglant"... Surtout si dans l'intervalle, il a vu quelques films récents !!! je ne parle même pas de l'impact qu'à eu "2000 Maniacs !" en 1964, "La nuit des morts-vivants" à sa sortie, ou "Massacre à la tronçonneuse" ... En leur temps, ces films apportaient, chacun dans son genre, du jamais vu. Ca reste des classiques, mais la "nouveauté" n'y est évidemment plus...
En fait, comme il semble que les réalisateurs de films fantastiques soient devenus incapables d'imaginer autre chose que du gore ou des effets à outrance (je généralise, bien sûr), et que les jeunes raffolent de ce genre de productions, ce n'est pas trop étonnant qu'un garçon de douze ans, habitué de ces spectacles, connaisse la trouille de sa vie en découvrant le "Cat People" de Jacques Tourneur, puisqu'il n'a jamais rien vu de semblable auparavant !!!
the masqué
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Message par the masqué »

Je conteste pas l'impact qu'a pu avoir le film quand il est sorti, mais aujourd'hui il a pris un sale coup dans la gueule...
La plupart des scènes de "terreur" sont à se pisser dessus , Vincent Price garde son professionnalisme même quand il tchatche ave une mouche à tête humaine et malgré tout ça se laisse quand même voir...En souvenir du bon vieux temps,quoi. :wink:
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francis moury
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Pour Fantomas 2 : esthétique de la peur et temps

Message par francis moury »

Cher Fantomas 2

Comme cela me fait plaisir de lire quelqu'un qui a vécu la sortie des grands Hammer en temps réel, "live" et qui aime en parler : il ne sont plus si nombreux que cela ! Et comme cela me fait plaisir de pouvoir dialoguer avec vous. Je vous avoue que c'est Phibes qui m'a signalé votre présence ici et que c'est une des causes qui m'ont décidé à commettre quelque infidélité à mes sites habituels. 8)

Un commentaire sur le fond du vôtre :
1) Relativisme et peur : il me semble que chaque enfant ou jeune adolescent de 2005 qui découvrirait - dans l'hypothèse où il n'aurait vu aucun autre film de ce genre antérieurement sur un quelconque support -le cinéma fantastique avec THE FLY [La mouche noire] (USA 1958) de Kurt Neumann, éprouverait exactement la même peur qu'un enfant ou adolescent de 1958. Je me souviens très bien de la réaction d'un petit garçon de moins de 10 ans qui avait visionné NOSFERATU dans les années 75 à la télévision : il avait eu très très peur.

2) Par ailleurs, une remarque historique : NOSFERATU n'est nullement le premier film fantastique réalisé dans l'histoire du cinéma mondial, comme vous le savez. Bien des films expressionnistes allemands appartenant à ce genre avaient été déjà réalisés, et bien des bobines muettes américaines ou européennes concernant LE LOUP-GAROU, Dr JEKYLL & Mr HYDE, et tous nos autres chers monstres aussi.

3) Enfin du point de vue esthétique et scénaristique, je considère toujours l'original de Neumann comme bien supérieur au remake de Cronenberg. La raison pour laquelle le remake de Cronenberg a eu tant de succès est selon moi double :
- une partie de son public n'était pas cinéphile, ne connaissait pas l'histoire du cinéma et pensait que le thème était inédit, que Cronenberg était original. Phénomène courant d'une "inculture de masse" en matière d'histoire du cinéma.
- la partie cinéphile comme la partie non-cinéphile du public ont été intéressées (pour l'une) ou sensibles en profondeur (pour l'autre) par le déplacement thématique opéré par Cronenberg à l'époque : déplacement qui consistait à faire de son film une métaphore de l'épidémie de Sida, tout comme bien d'autres films fantastiques de la même époque, à commencer par le remake de Carpenter de THE THING de Hawks et Niby. C'était l'unique aspect intéressant du Cronenberg, rétrospectivement. Carpenter s'en était, pour sa part, bien mieux tiré par rapport au Hawks et Niby et ne contentait pas de cette métaphore.
Mais ce que le Neumann ne montre finalement que très brièvement, en bon artisan de la peur au cinéma, Cronenberg (qui avait baissé d'un cran très nette après ses chefs-d'oeuvre de 1975-1980 donc PARASITE MURDERS / SHIVERS [Frissons], RABID [Rage], THE BROOD [Chromosome 3] et SCANNERS) le détaillait très lourdement manière "gore", "maquillage", tout du long de la seconde moitié de son film. Raison pour laquelle la froide distance de Neumann, très impressionnante et belle, me semble infiniment préférable au mauvais remake de Cronenberg, en dépit de l'intérêt historique de ce dernier.

Bref 8) d'une manière générale, en matière de cinéma fantastique, le temps ne fait rien à l'affaire. Un bon film demeure un bon film, un chef-d'oeuvre un chef-d'oeuvre. C'est le propre de l'art d'échapper au temps lorsqu'il est bon. Et le Neumann est bon : l'adaptation de la nouvelle de Langelaan traduite chez Marabout est intelligente, la photo Scope-couleurs est belle, l'interprétation de Price et Hedison excellente. Que demander de plus ? Neumann a tourné un film qui justifie que son nom soit cité dans toutes les histoires du cinéma fantastique qui se respectent et son film, vu dans 10, 100 ou 1000 ans par un enfant X ou Y âgé de 5 à 10 ans, lui fera bien évidemment aussi peur qu'à sa sortie.

La peur échappe au temps, sa représentation aussi, en somme. 8)
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fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Je suis d'autant plus d'accord avec le "post" qui précède que j'ai l'exemple du gamin d'une douzaine d'années, de mon entourage, qui a été effrayé par le "Cat People" de Jacques Tourneur, bien qu'il ait déjà vu pas mal de films d'horreur récents (donc plus axés sur le gore que sur le suspense...) simplement parce qu'il n'avait jamais vu ce genre de traitement du fantastique auparavant.

La période où j'ai découvert "La mouche noire" était intéressante, car l'on pouvait voir alors dans les salles aussi bien les "Hammer" récents, que les SF noir et blanc américains (plus quelques-uns en couleur, "Les survivants de l'infini", "Planète interdite", etc.), que des sorties récentes de films plus anciens ("Frankenstein rencontre le loup-garou"), des ressorties de succès d'avant-guerre ("Frankenstein", "L'homme invisible", etc.). Je dis "en salles", car c'est très important. La plupart des amateurs de fantastique, à cette époque, même s'ils comprenaient fort bien qu'ils s'agissait de périodes différentes de l'histoire du genre, ne faisaient pas de ségrégation et appréciaient à leur valeur tous ces films. C'est un peu différent si, de nos jours, les "blockbusters" récents sont vus en salle, et les films anciens à la télé ou en vidéo, je suppose que çà accentue le recul. "La mouche noire" en est le parfait exemple, on le voit sur petit écran, mais la version Cronenberg a généralement été découverte en salles, pour les membres de ce Forum...

J'ajoute qu'outre les sorties et ressorties parisiennes de ces années cinquante, il y avait la Cinémathèque et différents Ciné-Clubs, donc comme je l'ai déjà écrit par ailleurs, il nous semblait normal de voir en salles les "Fantômas" de Feuillade et le lendemain ceux de Jean Sacha ou Robert Vernay, d'alterner deux "Hammer" avec un "Universal" des années quarante, d'assister à la projection de "La main de la momie" à l'Artistic-Douai, puis à celle de "La marque / Terre contre satellite" le lendemain, et je ne doute pas que cette découverte simultanée, et dans les mêmes conditions de projection publique, de films de toutes époques nous ait peut-être rendus plus aptes à apprécier l'apport de films parfois très éloignés les uns des autres, dans le temps.
Manolito
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Message par Manolito »

Je pense que c'est tout de même un peu facile de mettre la "non-appréciation" de "La mouche noire" sur le seul compte, j'exagère à peine, de la jeunesse des intervenants. Le forum devildead (et le site) se distingue en grande partie des autres forums de cinéma fantastique (français en tout cas) par le fait qu'on y parle aussi bien de films récents que de films anciens, de toutes époques et nationalités, sans ostracisme.

Il y a des grands films qui tiennent bien le coup à toutes les générations. Il suffit de voir l'accueil laudatif réservé au "Chien des Baskerville"lors de l'annonce de sa redif ou, paraît-il, le succès des rééditions Hammer par metropolitan.

Par ailleurs, dans le thread sur le remake de "La machine à explorer le temps", tout le monde était d'accord pour dire que le film de Pal enterre celui de Simon Wells. Donc, voilà, ne simplifions pas les choses...
Steve Austin
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Message par Steve Austin »

SPOLIER

J'ai longtemps été traumatisé par la vision de la mouche humaine piégée dans la toile d'araignée à la fin du film
Tatatatatatintintin...
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Manolito a écrit :Je pense que c'est tout de même un peu facile de mettre la "non-appréciation" de "La mouche noire" sur le seul compte, j'exagère à peine, de la jeunesse des intervenants. Le forum devildead (et le site) se distingue en grande partie des autres forums de cinéma fantastique (français en tout cas) par le fait qu'on y parle aussi bien de films récents que de films anciens, de toutes époques et nationalités, sans ostracisme.

Il y a des grands films qui tiennent bien le coup à toutes les générations. Il suffit de voir l'accueil laudatif réservé au "Chien des Baskerville"lors de l'annonce de sa redif ou, paraît-il, le succès des rééditions Hammer par metropolitan.

Par ailleurs, dans le thread sur le remake de "La machine à explorer le temps", tout le monde était d'accord pour dire que le film de Pal enterre celui de Simon Wells. Donc, voilà, ne simplifions pas les choses...
Tout celà est vrai, mais je généralisais, bien entendu...
Il y a toujours eu des jeunes spectateurs pour s'intéresser à ce qui les a précédés, mais force est de reconnaître que ce n'est tout de même pas la majorité. Pour beaucoup d'entre eux, déjà, le noir & blanc, pas question d'y toucher, je ne parle même pas du muet !!!
Si l'on se croit obligé de faire sans cesse des remakes des vieux films, c'est bien pour tenter de rameuter dans les salles des gens (plus ou moins jeunes, d'ailleurs) qui n'iraient pour rien au monde voir le "Psychose" du père Hitchcock, ils préfèrent se rabattre sur le minable remake. C'est pour çà aussi qu'on s'est cru obligé de refaire "La nuit des morts-vivants", même si le film de Savini est tout de même un peu plus intelligent que le "Psychose" de Gus van Sandt. Bien sûr, dans ce Forum, les goûts sont bien plus nuancés et éclectiques, mais n'oublions pas que nous sommes l'élite de la Nation :D :D :D
francis moury
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peur et temps : l'âge d'or 1960 +

Message par francis moury »

fantomas 2 a écrit :Je suis d'autant plus d'accord avec le "post" qui précède que j'ai l'exemple du gamin d'une douzaine d'années, de mon entourage, qui a été effrayé par le "Cat People" de Jacques Tourneur, bien qu'il ait déjà vu pas mal de films d'horreur récents (donc plus axés sur le gore que sur le suspense...) simplement parce qu'il n'avait jamais vu ce genre de traitement du fantastique auparavant.

La période où j'ai découvert "La mouche noire" était intéressante, car l'on pouvait voir alors dans les salles aussi bien les "Hammer" récents, que les SF noir et blanc américains (plus quelques-uns en couleur, "Les survivants de l'infini", "Planète interdite", etc.), que des sorties récentes de films plus anciens ("Frankenstein rencontre le loup-garou"), des ressorties de succès d'avant-guerre ("Frankenstein", "L'homme invisible", etc.). Je dis "en salles", car c'est très important. La plupart des amateurs de fantastique, à cette époque, même s'ils comprenaient fort bien qu'ils s'agissait de périodes différentes de l'histoire du genre, ne faisaient pas de ségrégation et appréciaient à leur valeur tous ces films. C'est un peu différent si, de nos jours, les "blockbusters" récents sont vus en salle, et les films anciens à la télé ou en vidéo, je suppose que çà accentue le recul. "La mouche noire" en est le parfait exemple, on le voit sur petit écran, mais la version Cronenberg a généralement été découverte en salles, pour les membres de ce Forum...

J'ajoute qu'outre les sorties et ressorties parisiennes de ces années cinquante, il y avait la Cinémathèque et différents Ciné-Clubs, donc comme je l'ai déjà écrit par ailleurs, il nous semblait normal de voir en salles les "Fantômas" de Feuillade et le lendemain ceux de Jean Sacha ou Robert Vernay, d'alterner deux "Hammer" avec un "Universal" des années quarante, d'assister à la projection de "La main de la momie" à l'Artistic-Douai, puis à celle de "La marque / Terre contre satellite" le lendemain, et je ne doute pas que cette découverte simultanée, et dans les mêmes conditions de projection publique, de films de toutes époques nous ait peut-être rendus plus aptes à apprécier l'apport de films parfois très éloignés les uns des autres, dans le temps.
Absolument :) : j'ai connu une situation, mutatis mutandis, similaire dans les années 1968-1980. En 1968, on pouvait voir au Brady en double programme FORDIDDEN PLANET [Planète interdite] (1955 circa) de Fred McLeod Wilcox et UCHU DAIKAIJU GIRARA [Itoka le monstre des Galaxies] (Jap. 1968) de Kazui Nihonmatsu, et vers 1980 au même Brady on pouvait voir DEATH TRAP [Le Crocodile de la mort] (USA 1976) de Tobe Hooper en double programme avec DEAD MEN WALK [Vampire, créature du diable] (USA 1943) de Sam Newfield ! Et c'est bien au Colorado que j'ai découvert ISLAND OF LOST SOULS [l'île du Dr. Moreau] (USA 1932) de Erle C. Kenton, entre deux sex-shops, boulevard de Clichy, dans une salle où la moitié des spectateurs ne comprenaient qu'approximativement les dialogues à la noble syntaxe épurée de la VF d'époque mais appréciaient le film en connaisseurs au moins aussi émérites que ceux de la rue d'Ulm ou de Chaillot - d'une manière brute, primitive mais sincère comme l'ont magnifiquement analysée Jean-Marie Sabatier, Gérard Lenne et quelques autres dont vous futes le contemporain si ne me trompe pas :wink: - entre deux reprises de Fisher et un Jean Rollin ou un film philippin comme LE MEDECIN DEMENT DE L'ILE DE SANG ! Sans oublier la C.F. et les salles arts et essais qui passaient parfois des Hammer, des Universal, et bien d'autres choses. Et sans oublier la télévision qui passait en format Scope respecté les films tournés en Scope (le recadrage de plus en systématique est arrivé dès 1975 il est vrai, dans mon souvenir) et le Ciné-club puis le Cinéma de Minuit qui nous gratifiaient de rares cycles Jacques Tourneur ou "cinéma fantastique" tous les cinq ans en moyenne.

Donc oui, le public des salles unifiait spontanément tout cela même si la répartition entre média existaient déjà beaucoup plus que dans les années 1950-60. 8)

Vous avez vraiment connu l'âge d'or, cher Fantômas 2 : celui de la transition Hammer 1955-1960 sq... et connu en salles, en temps réel. Ceux qui ont partagé cette expérience en restent marqués à jamais tant elle fut riche. Pour moi un décalage de 10 ans est rattrapable uniquement par la lecture des articles et livres écrits à cette époque. Je les ai découverts vers 10 ans, donc vers 1970, époque où ma fréquentation des salles obscures est devenue de plus en plus assidue. Mais je regrette toujours profondément de n'avoir pas vécu dix ans plus tôt comme vous en dépit du parallélisme évoqué entre 1960-1970 et 1970-1980 !:D 8)
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere"
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