
Sujet : Un clandestin mexicain meurt à la frontière du Texas. Son meilleur ami décide de retrouver le meurtrier afin qu'ils aillent ensemble l'enterrer dignement.
Il est assez difficile de décrire ce premier film de l'acteur Tommy Lee Jones. Disons simplement qu'il est hors du temps et des modes, imposant un rythme plutôt lent et contemplatif. Le cinéaste prend le temps d'observer ses personnages et c'est ce qui lui permet d'échapper à la caricature et au cliché. Il parvient à dresser en quelques plans des portraits de gens paumés, tout à fait émouvants. Si la première heure est parfois inégale, à cause notamment de sa narration faussement complexe, la deuxième (le road-movie) touche à l'épure. On suit les personnages au milieu de paysages magnifiques, dans une quête morale comme seuls les américains sont capables d'en réaliser. Mais ici, pas de prechi-precha. Les êtres ne sont ni blancs, ni noirs, mais tristement humains. On se retrouve ici sur les terres du cinéma d'autres acteurs / réalisateurs. La réflexion sur l'absurdité de la violence nous évoque immédiatement le cinéma de Clint Eastwood, tandis que l'attention du cinéaste pour les êtres et pour la nature nous emmene du côté de chez Robert Redford (sans compter bien sûr les ombres monstrueuses de Ford ou de Hawks). Les interprêtes sont tous formidables et la réalisation, inégale, est d'un classicisme qui en effraiera plus d'un. Ceux qui s'en fichent goûteront avec un plaisir non dissimulé ce film qui aurait vraiment mérité la Palme, lui.
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