
sujet : Haïti, fin des années 70, alors que la dictature fait rage, le parcours de trois femmes blanches venues dans un hôtel pour touristes afin de satisfaire leur goût pour les jeunes hommes noirs
Loin de livrer un film à thèse sur les inégalités nord / sud ou même sur la dictature en Haïti, Laurent Cantet a préféré suivre le parcours intellectuel, sensuel et amoureux de trois femmes qui se livrent au tourisme sexuel. Le cinéaste a la très bonne idée de ne pas juger ses héroïnes, mais de montrer leur cheminement intérieur, ce qui est bien plus troublant encore. Quelque part coincées entre un racisme culturel (le mythe de l'étalon noir sauvage) et une terrible solitude, ces femmes s'enferment avec plus ou moins de délectation dans un processus de dénégation de la réalité. Elle parviennent à oublier les intentions réelles des noirs prostitués (gagner de l'argent), mais aussi à faire abstraction des clameurs extérieures à l'hôtel. Le cinéaste a fait le choix de brosser le portrait de personnages peu avenants et il s'en sort avec les honneurs. Charlotte Rampling trouve là, sans doute, son meilleur rôle. Elle irradie l'écran de sa présence, de son charme qui peut se muer en terrible laideur d'âme. Malgré ses chutes de rythme dans la deuxième partie, ce voyage est tout à fait recommandable.
XXX