Vers le sud - Laurent Cantet (2006)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
The Wall
Messages : 383
Enregistré le : sam. mars 12, 2005 10:22 pm
Localisation : dans la 2ème tombe à gauche.

Vers le sud - Laurent Cantet (2006)

Message par The Wall »

Image

sujet : Haïti, fin des années 70, alors que la dictature fait rage, le parcours de trois femmes blanches venues dans un hôtel pour touristes afin de satisfaire leur goût pour les jeunes hommes noirs

Loin de livrer un film à thèse sur les inégalités nord / sud ou même sur la dictature en Haïti, Laurent Cantet a préféré suivre le parcours intellectuel, sensuel et amoureux de trois femmes qui se livrent au tourisme sexuel. Le cinéaste a la très bonne idée de ne pas juger ses héroïnes, mais de montrer leur cheminement intérieur, ce qui est bien plus troublant encore. Quelque part coincées entre un racisme culturel (le mythe de l'étalon noir sauvage) et une terrible solitude, ces femmes s'enferment avec plus ou moins de délectation dans un processus de dénégation de la réalité. Elle parviennent à oublier les intentions réelles des noirs prostitués (gagner de l'argent), mais aussi à faire abstraction des clameurs extérieures à l'hôtel. Le cinéaste a fait le choix de brosser le portrait de personnages peu avenants et il s'en sort avec les honneurs. Charlotte Rampling trouve là, sans doute, son meilleur rôle. Elle irradie l'écran de sa présence, de son charme qui peut se muer en terrible laideur d'âme. Malgré ses chutes de rythme dans la deuxième partie, ce voyage est tout à fait recommandable.

XXX
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: Vers le sud - Laurent Cantet (2006)

Message par manuma »

Déçu de mon côté. J’avais vraiment été emballé par les 2 premiers longs de Cantet et j’attendais beaucoup de celui-ci. A la base on a là un sujet très prometteur qui me semblait coller parfaitement aux préoccupations du cinéaste. Et pourtant à l’arrivée le film m’a laissé relativement indifférent. Cantet joue la retenue, donne le plus souvent dans le non-dit comme dans Ressources humaines et L’Emploi du temps mais, sans je puisse déterminer totalement ce qui cloche là dedans, ça ne fonctionne pas. Dans la façon qu’avait le cinéaste de nous laisser deviner les tourments de ses protagonistes il y avait dans Ressources humaines et L’emploi du temps des passages qui vous prenez aux tripes. Là, peu aidé il est vrai par des personnages principaux pas foncièrement sympathiques, il échoue à nous faire partager leur mal-être. Le personnage le plus intéressant reste pour moi celui d’Albert, malheureusement celui-ci n’est que secondaire. Et puis la réalisation m’a paru un rien timorée dans son exploitation limite anecdotique du passionnant cadre géographique, historique et socio-politique de son intrigue. Ca se déroule pendant la dictature Haïtienne à la fin des années 70 mais on se dit que l’on n’aurait guère vu la différence si Cantet avait situé ça de nos jours dans une dictature tropicale indéterminée.

Du côté des bons points j’étais content de revoir Karen Young. Mais globalement j’espérais quelque chose de bien plus fort.
Répondre