
Après l'exploration de ses souvenirs et de ses passions (les Clowns, Rome, son enfance), Fellini revient au film historique, un genre qu'il n'a plus touché depuis son furieux Satyricon. C'est un grand mythe italien auquel il s'attaque, à savoir Casanova, et je dis bien "attaquer"...
Casanova est loin d'être "beau" : c'est un homme cultivé, charmant avec les demoiselles, distingué, constamment paré de ses plus beaux atouts mais se révélera comme un être brisé...en grande partie par les femmes.
A chaque de ses ébats, un petit oiseau d'or emerge de sa boite et se met à bouger frenetiquement sur une petite musique obsédante. Même si les compagnes du Sir semblent s'amuser, les scènes d'amour sont filmées de manière totalement anti-érotique, de manière totalement grotesques, comme une activité physique écrasante et douloureuse pour Casanova.
Même s'il n'atteint pas la crasse et la mechanceté de la Rome Antique qu'il a autrefois depeint dans Satyricon, Fellini filme un 18e siècle bruyant et assomant, rythmé par fêtes et orgies, et pourtant si sinistre et incommodant.
Les gens sont laids, enervants, crispants; les femmes sont blafardes et grimaçantes, mis à part quelques exeptions. Casanova perdra ses amours, et ne trouvera jamais réellement le bonheur, même dans le sexe. Fellini en fait un être livide et terne, solitaire, comme l'indique cette belle scène ou l'Opéra ou il se trouve s'eteint et perd ses couleurs en quelques instants. Son petit tour de l'Europe (Venise, Allemagne, France, Angleterre) sera jalonné d'ébats et de rencontres étranges, de personnages hystériques (mention spécial à Daniel Emifork, futur Kronk de La cité des enfants perdus), qui le transformeront en un homme deçu et pathétique.

Regal esthétique de tous les instants (le carnaval avec cette statue emergeant de l'eau, le jardin embrumé, le ventre de la baleine et les esquisses de Topor, la mer...), imprégné bien evidemment d'une folie toute Felliniene (le passage chez les Allemands, la joute de baises, la partouze dans l'auberge, l'ébat délirant avec la religieuse, la table séparant des Français exubérants et des Espagnols sinistres...), le film devient même touchant dans cette relation entre Casanova et cet automate féminin et cette magnifique fin, dernier songe d'un Casanova esseulé et vieux, mais aussi rêveur.

Imdb indique une durée de 166 minutes (outre deux autres durées) et pourtant le film fait 148 minutes sur le dvd Carlotta (et sur la copie diffusée sur F3 l'autre jour je crois). Alors erreur ou existe t-il une version plus longue ?? (je crois qu'une scène a été coupée ou Casanova s'adonnait à l'homosexualité, non ?).