FUCKING ÅMÅL (1998)

Pour Elin, 15 ans qui vit avec sa mère à Amal, petite ville perdue de Suède, le quotidien se résume aux sempiternelles discussions avec les mêmes copines de bahut, aux cuites du samedi soir, suivies de sévères « gueules de bois » et aux flirts sans lendemains avec les mêmes garçons maladroits. La jeune fille ferait n’importe quoi pour sortir de ce « Trou du cul du monde »
Agnès, 16 ans est beaucoup plus renfermée. Installée depuis 2 ans à Amal avec ses parents, elle n’a jamais réussi à s’intégrer. Parce que trop différente, trop rebelle, trop insaisissable. Agnès déteste Amal et ses habitants.
Un soir pourtant, par le jeu d’un mauvais hasard, Elin et Agnès vont se rencontrer. Une rencontre houleuse qui va les entraîner sur le difficile chemin de la liberté et de… l’amour.
Un des plus beaux films de ces dernières années sur l'homosexualité à l'adolescence. Tout a concouru à faire du film une bête de festival, et sa réputation grandit encore. Tourné à l'image du Dogme 95, sans pour autant en conserver l'austérité, le film ne partait pourtant pas avec les meilleurs chances pour conquérir un public international. Mais la tendresse et la sincerité qui se dégage de chaque instant du film, la beauté naturelle des deux actrices principales, la noirceur et la dureté des émotions éprouvées par les personnages principaux, le tout sous l'oeil affuté de Lukas Moodysson, malin mais proche de l'histoire qu'il raconte, ont fait de Fucking Åmål une alternative remarquable aux niaiseries marketés Dawson-niennes. Un pur petit chef d'oeuvre du genre.
Dispo en DVD chez H2F, avec un comm audio amusant quoiqu'hésitant de Moodyson.
TOGETHER (TILLSAMMANS) (2000)

Stockholm 1975. Une communauté hippie vit une promiscuité joyeuse où les couples se font et se défont, regardent pousser leurs légumes, ne mangent jamais de viande et ont juré la perte du Grand Capital. Un beau jour, la soeur de Goran, pierrot lunaire au coeur tendre, lassée des violences répétées de son mari, débarque avec armes et bagages, flanquée de ses deux enfants. Son arrivée impromptue changera à jamais la vie des uns et des autres.
On attendait beaucoup du deuxième film de Moodysson. Et avouez qu'à la vue de l'affiche française, on avait de quoi prendre peur. Comédie légère sur les années babas-cools ? Non merci. Heureusement, Moodysson était tout gamin à cette époque, et donc il ne va pas chercher à simplement recréer les instants nostalgiques d'un adulte maintenant rangé. Et ça ne l'empêche surtout pas de ne pas être tendre avec la micro-société sur laquelle il s'attarde. Tourné encore ici selon un style Dogme, mais l'utilisant de manière plus austère, le film oppose évidemment le monde tout beau tout rose dans lequel pense vivre ses personnages et la réalité capturée par Moodysson (rien n'est vraiment lisse dans ce monde, et le grain de l'image apporte une touche évidente à ce "message"). L'implosion de cette communauté, sous l'effet d'un sectarisme qu'on essaie de dissimuler, est surtout un moyen pour Moodysson de reparler de la place des enfants, les vrais perdants dans l'histoire, ceux dont personne ne veut assumer la responsabilité. On retrouve ici la patte du réalisateur suédois, avec des petites touches d'humour bien senties, et la présence de couples homosexuels, l'un assumé, l'autre non. Le film le plus léger de Moodysson certes, mais pas le plus faible, loin de là. Il n'a bien sûr pas eu la chance d'avoir été utilisé pour servir de grandes causes (comme l'homosexualité pour "Fucking Åmål" et la prostitution enfantine pour "Lilja 4-ever"), donc il a été moins médiatisé, mais il n'empêche que c'est un film à découvrir sans à priori.
Dispo aux Editions Montparnasse, dans une édition assez pauvre.
LILYA 4-EVER (LILJA 4-EVER) (2002)

Lilya a 16 ans. Elle vit dans une banlieue triste et en décrépitude, quelque part en ex-Union Soviétique. Elle ne rêve que de partir, et c’est désormais chose possible : elle doit aller s'installer avec sa mère aux Etats-Unis, avec l’amant de cette dernière. Finalement, sa mère part d’abord seule. Lilya espère les rejoindre, mais ne reçoit ni nouvelles, ni argent. Délogée par sa propre tante, elle doit vivre désormais dans un appartement sale, sans chauffage ni électricité. Son seul ami est un garçon de 11 ans, Volodya. Ils traînent ensemble dans les rues et, entre deux sniffs de glue, s’inventent des histoires pour que la vie soit plus belle. Mais un jour, Lilya tombe amoureuse du bel Andrei, qui lui propose de le suivre en Suède pour commencer une nouvelle vie à deux.
Considéré un peu vite comme son chef d'oeuvre, le dernier film en date de Moodysson est d'une tristesse, d'une noirceur qui détrônerait presque le pathos de "Dancer In The Dark". Moodyson délaisse un peu l'aspect "DV" pour un beau 35mm qu'il utilisera pour composer des plans magnifiques d'une Russie en total désespoir. La descente aux enfers est plus qu'émouvante, elle est également douloureuse pour le spectateur, contraint de saisir toute l'injustice du monde d'aujourd'hui. On a affaire à un Lukas Moodysson vraisemblablement à coeur de nous retourner les tripes, mais aussi capable d'élans humanistes assez rares encore dans le cinéma d'aujourd'hui. Bien sûr le film paraît par contre facile dans ce sens qu'il ne laisse aucun choix à ses personnages et aux spectateurs. Ceux qui ont déjà du mal avec des films tels que Dancer In The Dark feront certainement le fine bouche devant celui-ci. C'est pour ça que sa réputation de chef d'oeuvre n'est pas encore unanime, mais je le conseille également fortement.
Dispo en très bon DVD ZONE 2 UK (et en zone 2 FR depuis peu, dans la collection CinéTalents)

http://home.no.net/oebamal/