Solamente Nero/ Ombres sanglantes - Antonio Bido (1978)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

savoy1
Messages : 1072
Enregistré le : mar. mai 31, 2005 4:57 pm
Localisation : pas à Paris, mais pas loin

Solamente Nero/ Ombres sanglantes - Antonio Bido (1978)

Message par savoy1 »

Titre anglais : The bloodstained shadow

A Venise, un jeune professeur romain et son frère éclésiastique, chez qui il est hébergé, sont confrontés à une série de meurtres en rapport avec les participants à des séances de spiritisme. Témoin de l'un de ces crimes, le curé ne tarde pas à recevoir des lettres anonymes de menace de mort. De plus, la mort non élucidée d'une adolescente vingt ans plus tôt refait parler d'elle.

Un giallo classique, basique pourrait-on dire. Tout y est. Rues et intérieurs surchargés parcourus de long en large par une caméra sinueuse. Personnages typés et présentant tous un secret ou un vice, du vieux noble homosexuel à la paralytique en passant par le simple d'esprit. Musique de Cipriani largement inspirée des Goblin de la grande époque.
Et c'est justement tout cela qui fait que l'on suit l'intrigue avec intérêt.
Sûr, cela part dans tous les sens et n'est pas toujours très suivi. Quant on commence à suivre de près un personnage, c'est pour en perdre d'autres en cours de route. Mais finalement on assiste à un sympathique spectacle son et lumière, puisque au bout du compte peu de dialogues, et toujours cette musique prenante qui assure le rythme, dans les séquences d'attente comme d'action.

Mais ce qui surprend au final, c'est la logique imparable de la solution des crimes. Tout se recolle de façon pensée, et l'on quitte le métrage sur une belle scène de dénouement, assortie d'une bonne impression d'ensemble.
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21534
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Message par Superwonderscope »

beurk. voilà ce que j'en pensais il ya quelques temps, et yénépachangé.

Dernière résurgence du Giallo, le genre s’etant essoufflé en 1978, Solamente Nero est resté inédit en France.. Littéralement, le film peut se traduire par « Seulement l’obscurité ». Il est ressorti en DVD Zone 1 en juin 2002 (version totale) aux USA sous le titre The Bloodstained Shadow.

Empruntant une intrigue tortueuse telles qu’elles étaient pratiquées en 1971-1972 dans les classiques du genre, le réalisateur souhaite un ton relativement neuf à son histoire. En effet, en choisissant de donner une couleur pale, mettant peu en valeur les personnages et les décors, Antonio Bido donne un ton plus réaliste au récit. Sans fioriture, sans excès de mise en scène : il souhaite être au plus près des personnages et de la réalité de son propos.

Intentions louables…résultat médiocre. Le film demeure très long et les péripéties pas très palpitantes. Les personnages sont des clichés vivants et émaillés de concessions au genre qui ne fonctionnent pas. Entre la scène d’amour vaporeux entre le professeur et son amie, en passant par du spiritisme escroc et du prêtre pas si innocent que cela ( Lucio Fulci faisait de même mais cinq ans auparavant avec l’excellent La Longue Nuit de L’exorcisme), l'affreux faiseur d'anges...les clichés s’enfilent comme des perles.

Le pire restant le Professeur de musique( joué par Massimo Serato), homosexuel vieillissant (mal), qui se pavane avec son gigolo dans son palais vénitien décoré avec goût (bien sûr !). Il adore la musique classique, est raffiné…mais reste un pédophile averti qui mérite son sort d’être transpercé de part en part avec une lance médiévale. C’est bien connu, les homosexcuels sont bien tous des détraqués qui se cachent derrière un paravent de raffinement. Qui plus est, sa mort est la plus violente du film et personne ne semble le regretter. A vomir.

Le final est calqué sur Sueurs Froides d'Alfred Hitchcock (hommage ou plagiat, c'est selon l'humeur de chacun. Je pense qu'il s'agit de la seconde solution maquillée en première, tant les influences du réalisateurs sont évidentes) ce qui achève le jugement :non, non et non, il n'y a rien de vraiment original dans ce film, croisement maladroit entre Hitchock et Dario Argento.

Le fillm fut un échec sanglant au box office italien en plein été 1978. Et il éclipsa le réalisateur pendant près de cinq ans des écrans de cinéma. L’homophobie rampante du film me fait dire que ce n’est pas plus mal mais au regard du résultat final et du côté peu personnel de l’intrigue et de sa résolution, on peut dire que le spectateur y a peut-être gagné.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Message par eric draven »

Un giallo que j'aime plutot bien malgré son classicisme.. voila ce que j'en disais alors en substance...

Jouant avec une intrigue assez noueuse qui rapelle celle des gialli d'antan, Bido pour son second film joue surtout sur le suspens qu'il veut Argentiesque pas sur le plan sanglant mais sur le plan de l'atmosphère de peur et d'angoisse qu'il tente de donner et sur le réalisme des personnages sur lesquels il focalise toute son attention.
Il se concentre sur eux et leur personalité respective ainsi que sur la tension qui précéde chaque crime pas trés graphique cette fois, encore moins que ceux de l gatti dagli occhi di giada son 1er gialo.
Ce climat d'angoisse est renforcé cet aspect étrange, embrumé et totalement imprécis des décors d'une Venise grise propre au mystère comme si les deux principaux héros étaient perdus au fond du monde, un lieu où on croit encore à la magie et où la religion est fortement présente, le tout baignant dans une photographie fade.

A ce décor inquiètant répond une galerie de personnages ambigus et tortueux, tous porteur de secrets ou de vices, du prêtre mystique dont la mort rapelle celle du divin Marc Porel dans Non si sevizia un paperino au professeur homosexuel et pédophile et même le heros lui même qui cache au plus profond de sa conscience ses tares.
Ici, à la difference de I gatti... tous les personnages du film sont impliqués à leur façon dans cette série de crimes et contribuent à leur façon à alimenter la folie du tueur, crimes dont on retiendra notamment la magnifique séquence d'ouverture filmée au ralenti, le viol d'une petite fille dans une prairie dont il ne restera que la poupée décapitée.
Au coté Argentesque, Bido ajoute une touche Hitchcockienne au film avec son final lorgnant vers Sueur froides,. Le réalisateur se paie même un cameo à la façon du maître dans le rôle éclair d'un géometre rencontré dans l'église.

On peut regretter le coté homophobe sous-jacent du film où comme souvent dans le cinéma d'alors l'homosexualité était considérée comme une alienation dangereuse ici doublée de pédophilie à laquelle on l'assimile.
Derrière la faste et le raffinement de l'homosexuel et ses petits précieux se cache forcement un être malade, le coupable finissant empalé par une lance comme une justice divine. L'Eglise n'aime pas les déviants.
On retiendra un trés belle et obsédante partition musicale martelante signée par Cipriani.

Au générique, on retrouve Lino capolicchio sorti de La maison aux fenetres qui rient, un vieillissant Massimo Serato en homosexuel précieux et Stefania casini, la Casini heroine en Suspiria et alors épouse :twisted: du magnifique Joe Dallessandro 8) 8).

Bido signe donc ici un giallo traditionnel en usant avec un certain bonheur des ficelles du genre et ne fait que suivre un chemin dejà mille fois arpenté avec par moments des oeillères dans lesquelles il trébuche, certains point de l'intrigue étant par instant assez flous, Bido semblant se perdre lui même dans son parcours.
Nonobstant ses défauts Solamente nero est un honnete giallo de fin de course qui se laisse voir sans déplaisir et même avec un certain plaisir dirais je.
Mal distribué et sorti en plein été en Italie, il fut un gros échec en Italie et décu, Bido abandonna le genre pour s'interesser à un autre cinéma par la suite.
Modifié en dernier par eric draven le mar. mars 28, 2006 5:01 pm, modifié 1 fois.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
Superfly
Modérateur
Messages : 13246
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:13 am
Localisation : Avec Milla en train de casser du zombie ...

Message par Superfly »

j'ai beaucoup aimé ce film. Classique certes mais plaisant. Et y'a Stefania Casini ... ca suffit à me faire aimer un film !
el hombre lobo
Messages : 404
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 6:44 pm
Localisation : dans la zone Z

Message par el hombre lobo »

Beaucoup apprécié également ce giallo dont les versions différent suivant que l'on regarde la vhs française (Ombres sanguinaires), la plus courte, la vhs éditée par Redemption (un peu plus longue) et le dvd Anchor Bay qui semble lui contenir la version intégrale
C'est du classique, mais fait avec classe, ce qui n'est déjà pas si courant.
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Message par eric draven »

Il existe un autre titre francais au film TERREUR SUR LA LAGUNE.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
Jarlow
Messages : 809
Enregistré le : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm

Re: Ombres sanglantes - Antonio Bido - 1978

Message par Jarlow »

Je rejoins totalement Superwonderscope. Vu hier et enorme deception, "Solamente Nero" est un film interminable et d'une platitude extreme, si l'on excepte deux ou trois scenes jouant de la subjectivitay avec un peu de force. Entre le heros qui ressemble au petit Nicolas (Sarkozy) jeune, la photographie foireuse (sauf dans quelques interieurs - le film se permet vraiment des sauts qualitatifs dignes des gialli de la grande epoque, mais c'est bien tout ce qui le rapproche des reussites du genre) et les pompages sans ame (ca ne me gene pas qu'on reprenne telle scene de tel film: encore faut-il en faire quelque chose. Ici il n'y a rien derriere la reprise), "Solamente Nero" fait vraiment peine a voir, et s'etire sur quasiment 1h50 ! Dur... Je crois que je ne vais pas encore tenter son premier film au bonhomme, tiens.
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/
flint
Messages : 122
Enregistré le : lun. nov. 03, 2008 12:34 pm
Localisation : massif central

Re: Ombres sanglantes - Antonio Bido - 1978

Message par flint »

Ce serait dommage, parce que "Il gatto dagli occhi di giada" vaut vraiment le détour, il est à mon sens plus abouti que "Solamente nero", et ses emprunts à Dario Argento moins flagrants (surtout dans la seconde partie qui se déroule à Padoue).
Pour ma part, "Solamente nero" m'avait un peu déçu, peut-être parce que Bido n'était pas vraiment à l'aise dans le thriller, et que la production lui imposait (comme sur son premier film) de coller à l'esprit d'Argento. Restent quelques belles scènes, et une atmosphère certaine, même si Lino Capolicchio paraît moins inspiré que dans "La maison aux fenêtres qui rient".
Jarlow
Messages : 809
Enregistré le : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm

Re: Ombres sanglantes - Antonio Bido - 1978

Message par Jarlow »

Bon ben si je retombe sur le dvd shameless pour pas cher je tenterais peut-etre le coup du "Gatto dagli occhi di giada"... Mais vraiment ce que je reprochais au "Solamente Nero" que livre Bido en 78 c'est d'etre beaucoup trop lent et plat visuellement, sauf dans quelques scenes (dont la derniere avec le pdv subjectif du pretre dans l'eglise, belle ambiance tordue)... Et je trouve vraiment Venise (enfin Murano) tres sous exploitay, j'imagine que ca doit etre difficile de tourne la-bas mais enfin... Lado s'en sort douze fois mieux dans "Chi l'ha vista morire?".
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21534
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Re: Ombres sanglantes - Antonio Bido - 1978

Message par Superwonderscope »

Le film sort en Blu Ray en février 2015:

http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=9453
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21534
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Re: Solamente Nero/ VF: Ombres sanglantes - Antonio Bido (19

Message par Superwonderscope »

Edition anglaise en HD qui sort en 06/2015:
http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=9491
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Superfly
Modérateur
Messages : 13246
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:13 am
Localisation : Avec Milla en train de casser du zombie ...

Re:

Message par Superfly »

Superfly a écrit :j'ai beaucoup aimé ce film. Classique certes mais plaisant. Et y'a Stefania Casini ... ca suffit à me faire aimer un film !
Je confirme que tu as très bon goût Superfly puisque le film sort chez Le Chat qui Fume bientôt !! Et pour l'homophobie du film ... je ne dirais rien :-)
C'est juste pour fêter les 10 ans de mon post :-)
comte vonkrolock
Messages : 10220
Enregistré le : mer. févr. 28, 2007 6:32 pm
Localisation : Dans les Carpathes Lyonnaises

Re: Ombres sanglantes - Antonio Bido - 1978

Message par comte vonkrolock »

Jarlow a écrit :Entre le heros qui ressemble au petit Nicolas (Sarkozy) jeune
Et voilà la phrase qui tue, comment on enterre un film en quelques mots :mrgreen: )8
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
Snake Plisken Escape from NY
Heinrich
Messages : 1852
Enregistré le : jeu. sept. 30, 2010 4:56 pm

Re: Re:

Message par Heinrich »

Superfly a écrit :
Superfly a écrit :j'ai beaucoup aimé ce film. Classique certes mais plaisant. Et y'a Stefania Casini ... ca suffit à me faire aimer un film !
Je confirme que tu as très bon goût Superfly puisque le film sort chez Le Chat qui Fume bientôt !! Et pour l'homophobie du film ... je ne dirais rien :-)
C'est juste pour fêter les 10 ans de mon post :-)
En blu ? :-D y'a du boulot avec le scan LVR/88 films!
Superfly
Modérateur
Messages : 13246
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:13 am
Localisation : Avec Milla en train de casser du zombie ...

Re: Solamente Nero/ VF: Ombres sanglantes - Antonio Bido (19

Message par Superfly »

Le BR est pas si mauvais. Le problème c'est que certains films en Italie n'ont jamais été vraiment protégé. Dernièrement on a eu l'exemple d'un titre dont il ne restait plus qu'une copie au monde. Et la copie avait servi pour le master SD sauf que les mecs avaient versé dessus je ne sais plus quoi qui l'avait abîmé encore plus. J'ai vu le taf du labo et putain c'est hallucinant ce qu'ils ont réussi à faire. Et c'était LVR.
Ils ne sont pas mauvais, juste que parfois les copies qu'ils reçoivent sont dans un état merdique.
Répondre