Bandits à Milan (1968) Carlo Lizzani

[arioch]

Calqué sur un fait divers réel, Carlo Lizzani démarre son film de manière plus ou moins expérimental ce qui amène à placer le spectateur au milieu du chaos dans lequel vit la population italienne de l'époque. En adoptant une trame qui durant le premier tiers du film s'apparente plus à un docu-drama offrant des reconstitutions de dérives illégales qui gangrènent Milan, le cinéaste donne l'impression que la ville italienne ressemble à une zone de non droit où on risque de se faire tirer comme un lapin ou dévaliser à tous les coins de rues. Parmi tout cela, on ne pourra qu'être amusé par l'histoire d'une pauvre jeune femme venu vivre son rêve en chantant et qui se retrouve à se prostituer auprès de vrai faux producteurs à même de ne pas l'aider dans sa carrière... Le film s'amuse à nous dévoiler tout de même que tout cela fait un peu partie de ce que nous montre le médias puisque l'on se retrouve à assister à la reconstitution d'un vol à l'arraché qui est interrompu par un réalisateur qui donne des directives à son équipe !

Mais la trame principale de Bandits à Milan impose déjà une partie de son épilogue dès les premières images du film en exposant les victimes de ce qui sera le fiasco d'une bande de braqueurs de banques. Et quels braqueurs puisque l'équipe est dirigé par Gian Maria Volonte campant un pathétique gangster persuadé d'être doué d'une grande intelligence. Ce qui amène éventuellement une dimension tragi-comique à l'épopée de ce personnage laissant derrière lui un dernier éclat de rire. Pour le coincer, c'est Tomas Milian qui dirige les forces de police un peu dépassé par la méthode très particulière des braqueurs. Encore une fois, le film ajoute des notes comiques dans ce qui devrait pourtant revêtir un sérieux olympiens (le mec qui cherche à déposer une plainte pour sa Fiat...).

Film très réussi et pour le moins atypique, Bandits à Milan perd un peu de sa superbe lors de la dernière partie du film car le déroulement des évenements devient moins trépidant, un peu comme un cheval au galop qui finit par s'essouffler (une interruption de la projection au milieu du film n'a pas aidée non plus !). Il n'en reste pas moins un très intéressant polar.

Vu à la Cinémathèque dans une copie annoncée comme en très mauvais état. Finalement, la copie en version italienne sous-titrée en français et allemand (flamand ?) était franchement très regardable. Dans le genre abimé, on a vu bien pire avec des copies où l'on ne voyait pas l'image et où l'on entendait pas le son au milieu des craquements. Non, là, on fut surtout surpris de découvrir une copie en Scope de relative qualité en dehors de quelques soucis.

[Jérôme]

c'était une copie sans doute suisse, car elle était sous-titrée en allemand, pas en flamand.

j'ai trouvé le début un peu confus et le jeu de Gian Maria Volonté quelque peu appuyé mais une excellente surprise et la copie n'était pas si mauvaise qu'annoncée.

j'ai bcp apprécié la volonté du réal de filmer cela d'une manière brut, réaliste, dommage que le sang fasse trop jus de tomate sur les différents maccabés que l'on voit.

[fiend471]

j'ai voulu y croire, j'ai voulu tenir, je me suis assoupi à mi-chemin (ce fut un super somnifère !!) , je riais à chaque apparition de milian, avec sa cigarette à la alice sapritch qui semblait s'en taper complètement avec un air très dandy, je tenterai de reprendre le cap d'ici peu

[fiend471]

c'était une erreur donc de s'endormir, la suite fut bien mieux, milian disparait quasiment de l'écran, et le héros du film c'est carrèment le chef du gang, roublard, hilare, un peu dérangé,

poursuite, peur au ventre, cavale qui fait réfléchir, vindicte inattendue du peuple , de bons moments !

[manuma]

Je suis loin d'avoir fait le tour de la filmo de Lizzani, mais j'ai quand même bien l'impression que ce Banditi a Milano figure parmi les (plutôt rares) franches réussites de son auteur. Thématiquement et formellement, pour qui fréquente un peu ce cinéaste, on est en terrain connu. Optant pour une approche pseudo-documentaire héritée du mouvement neo-réaliste d’après-guerre, matinée de quelques petites audaces narratives tendance nouvelle vague, Lizzani entend une fois de plus nous décrire « l’enfer » urbain de l’Italie du boom industriel des 30 glorieuses. Une ambiance cafardeuse, sale, bruyante, qui ne donne pas dans la carte postale de vacance.

A priori rien de bien neuf sous la grisaille toujours un peu trop bien intentionnée du cinéma de Lizzani ... à deux, trois bricoles près qui font toute la différence, notamment par rapport à son précédent Svegliati e uccidi, au sujet très proche (et avec là-aussi Gian Maria Volonte à bord). Déjà, le rythme est étonnamment alerte par rapport à ce nous livre habituellement le cinéaste. Tout va très vite, l’action prime et guide la réflexion. Ensuite, le film surprend agréablement par son ton parfois goguenard, qui gomme partiellement ce didactisme toujours un peu pesant chez Lizzani. Enfin, Banditi a Milano doit certainement une partie de sa réussite à la prestation survoltée de Gian Maria Volonte, en gangster philosophe mégalomaniaque.

Le haut du pavé du poliziesco.