Bergonzelli signe en 1978 cette trés malsaine oeuvre de politico-fiction ou plutot de politoxico-fiction aux savoureux relans sulfureux.
Ce monde de porcs c'est celui de la haute bougeoisie italienne et de ses milieux politiques que Bergonzelli s'attache à montrer sous leur plus mauvais aspects.
Porco mondo c'est tout un eventail de personnages tous plus antipathiques, égoïstes, avides, dépravés les uns que les autres jusqu'à être capable de meurtre.
La scéne d'ouverture donne d'emblée le ton du film: La tout aussi splendide que perfide Manuela accompagnée de ses deux compagnons de fortune, drogués et pervers, s'offrent un casse qui se terminera par une indecente relation triolique aprés que les voyous se soient piqués.
Porco mondo prend ici des airs de trip sous acide alors que Bergonzelli tente de dépeindre la vision de la société italienne des années 70.
Cette mise en bouche prépare donc à la suite des evenements lorsqu'invités à une orgie chez un sénateur débauché, nos trois cancrelats mettent au point un plan afin de le faire chanter.
Sous l'action de l'alcool et de la drogue, Manuela se donne à ses amis alors que le sénateur invite un des garçons dans sa chambre afin de se laisser aller à ses tendances homosexuelles


Nu, grimé en empereur romain, s'adonnant à ses fantasmes pervers, le sénateur entame une fellation alors que ses compagnons prennent des clichés. S'apercevant de la trahison, l'homme proteste et dans un éclat de folie, le garcon le tue sauvagement lors d'une séquence paroxysmique, liberant son dégout pour l'acte homosexuel.
En se sauvant, Manuela est blessée par Massimo, le fils du sénateur qui la recueille et la soigne avec l'aide de sa soeur Nadia. Guérie et afin d'eviter tout scandale, ils maquillent ensemble le meurtre en accident mais c'est sans compter les tendances lesbiennes de Nadia qui séduit Manuela, elle même amoureuse de Massimo mais surtout la réapparition des deux compagnons qui veulent à tout prix tirer profit de cette situation et des photos. Commence alors un jeu surnois et dangereux où violence, sexe et trahison s'entremèlent.
S'inscrivant parfaitement dans le filon de l'euro-trash, Porco mondo est un bon thriller dépeignant une vision anarchique et particulièrement acide des milieux bourgeois, une satire paroxysmique d'une certaine société.
Outre sa galerie de personnages débauchés ou ratés dont l'archetype est Massimo, fils raté, incestueux et soumis à un père influent et dépravé, Un monde de porcs, film extrême dans son propos, bénéficie d'un scénario solide et original, d'une belle photographie mettant en valeur de beaux décors avec ces touches d'images kaleidoscopées aux parfums psychedeliques, une mise en scene alerte et sans temps mort.
Bergonzelli séme le vice à doses régulières, donne dans le trash et la folie parfois complaisant à l'image de ses personnages sans foi ni loi, parsème le tout de violence jamais gratuite mais toujours cruelle: attaque à la perceuse, piscine electrifée, combats violents....
L'interpretation est d'un niveau tout à fait acceptable et on retiendra le jeu absolumment parfait de Carlo De Mejo en fils bourgeois et indigne, Alida Valli toujours aussi impressionnante est une gouvernante austère qui claque et des talons et de la cisaille et notre adorable sale, Karin Well, qui est une Manuela idéale, entre sensualité et perversité.
On notera la performance de William Berger en senateur aux tendances gay engloutissant le tout petit kiki de Stefano Davanzati. OUIIIIIIII des kikis!!!



Porco mondo est arrosé d'une trés belle BO signée Nino Ciangherotti et de la superbe chanson Manuela qui toute décalée accompagne souvent les scénes de violence.
En hommage à Alida Valli...
