
Dans une paisible petite ville provinciale, l’arrivée du docteur germain va déclencher une épidémie de lettres anonymes particulièrement haineuses et virulentes signée « le corbeau ».
Les événements prennent un tour tragique quand un malade se suicide après avoir reçu une missive de l’anonymographe lui révélant la gravité de son état.
Un climat délétère de suspicion et de paranoïa va très vite étouffer la ville pendant que l’épidémie de missives ordurières continue…



Bon, y’a pas de doute (enfin pour moi en tout cas): Chef-d’œuvre absolu !
J’ai revu hier pour la première fois depuis fort longtemps le film de Clouzot.
Et bien le temps n’a en rien atténué mon jugement, le film est extraordinaire de cruauté, de machiavélisme et le vachard scénario de Louis Chavance mis en image de façon époustouflante par Clouzot.
Autours de Pierre Fresnay se débattent une galerie de personnage tous plus veule et méprisable les uns que les autres, abordant des thèmes incroyablement osé pour l’époque : avortement, refoulement sexuel, drogue, nymphomanie…
Il se dégage de ce noir diamant un tel nihilisme, une tel misanthropie que le film est aussi célèbre pour les avanies qu’il valut a bon nombre des personne qui travaillèrent dessus, Clouzot en tête, pour le simple fait qu’il était impardonnable d’avoir produit une œuvre aussi noir et aussi « moralement » méprisable par temps de guerre, qui plus est produit par la célèbre CONTINENTAL, maison de production franco-allemande.
Ce qui m’a frappé à cette nouvelle vision, c’est que, non seulement Clouzot bénéficie d’un excellent scénario, qu’il le met en image de façon remarquable, mais c’est surtout l’utilisation qu’il fait du son qui m’a le plus frappé.
Plusieurs scènes très fortes doivent leurs impacts à cette façon d’utiliser des sons « hors champs »
Quand après l’enterrement du suicidé, l’infirmière Marie Corbin retourne chez elle en longeant les murs des ruelles déserte alors que gronde au loin la clameur de la foule en furie qui réclame sa tête est absolument ; le contraste entre ces ruelles vide suivie en travelling et le grondement de la foule qui devient de plus en plus fort crée un moment d’une force incroyable.
En plus comme souvent dans le cinéma français de cette période tout le film est rehaussé par toute une galerie de second rôle (voir troisième couteaux) admirablement bien campé :
autours du couple Fresnay/Ginette Leclerc –qui campe ici un personnage de vamp de province d’une vulgarité crasse, je suis sur que notre corbeau à nous ne lui refuserait pas son appellation contrôlée de « sale »-
tout un défilé de grands « petits » noms de l’époque : Pierre Larquey et Helena Manson, tout deux absolument impérial ; Noël Roquevert, Jeanne Fusier-Gir, Sylvie, Louis Seigner, Lucienne Bogaert.
Tous arrivent avec parfois une seule scène, voir une réplique à créer des personnages inoubliables.
Un film incroyable par sa force, rarement égalée et la perfection de son interprétation.
Sans doute aucun LE chef-d’œuvre de Clouzot (dans une carrière qui ne manque pourtant pas de très grand films !)
Canal plus l’a édité en DVD (et Criterion en zone 1 si je dis pas d’ânerie)