Joli exercice d'equilibriste que ce 3e long métrage de Xavier Giannoli. Equilibre trouvé et maintenu de bout en bout, car il arrive parfaitement à nous croquer avec tendresse ce personnage haut en couleur de chanteur de bal, sans chercher à le faire passer pour un génie incompris qu'il n'est pas, sans cacher les aspects les moins glorieux d'un tel métier, mais sans jamais le regarder non plus avec condescendance ou cynisme. Giannoli aime vraiment ses persos, le film est sincère, et c'est cette sincerité qui lui permet de fonctionner à merveille. On suit la parenthèse enchantée de nos 2 héros sans s'ennuyer un instant. On regarde Depardieu fredonner du Delpech, du Gainsbourg avec un plaisir non feint, en se rappelant nous aussi une soirée ici ou là qui a ressemblé à ça. On se plonge dans les zones d'ombre de ces hommes et femmes, avec une realisation qui fait plaisir et qui montre que sujet populaire ne rime pas forcément avec esthétique televisuelle (comme c'était un peu trop le cas ds un "Jean Philippe" au demeurant plutot sympathique).
Ajoutons à cela que les comédiens sont tous d'une justesse incroyable. Toute la presse se félicite de retrouver un Depardieu comme on ne l'avait pas vu depuis longtemps, et bien je partage sans réserve cet écho. Cécile de France est sublime de son côté, et tient parfaitement tête au monstre sacré. Mathieu Amalric m'épate de film en film, et même dans les petits rôles secondaires, rien n'est laissé au hasard. Cerise sur le gateau, le cameo final de Christophe dans son propre rôle.
Christophe un peu le symbole de cet équilibre, lui même souvent à la lisière entre le bon goût et les limites du kitsch, adulé autant dans Technikart que dans les bals à papa. De nombreux clins d'oeil au chanteur parsèment d'ailleurs le film. Pas etonnant, sachant que Giannoli le connait depuis son enfance et a plus ou moins découvert le cinéma avec lui.
En bref, une très agréable surprise, on peut ajouter que en 2006, voir des films sincères et naifs sans être niais ou consensuels pour autant, ça fait plaisir parfois. Et meme si on s'en fout, j'aime bp l'affiche !
