Selon les renseignements glânés ici ou là, la première référence au conflit viendrait du J'accuse d'Abel Gance (1919) que je n'ai pu voir à ce jour que partiellement.
Il n'a pas fallu longtemps pour que des oeuvres littéraires majeures parlant de la guerre de 1914-1918 soient adaptées au grand écran, comme A l'ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque par Lewis Milestone en 1930, adapté une nouvelle fois par Delbert Mann en 1979 (bénéficiant à l'aoccasion d'un acteur de poids, Ernest Borgnine).
La vision française de la guerre sur le plan littéraire et cinématographique durant les années 1930, c'est Les croix de bois, roman quelque peu autobiographique écrit par Dorgelès et adapté au grand écran en 1932 par Raymond Bernard. Ce grand film sera suivi en 1937 par le magnifique La grande illusion de Jean Renoir, qui illustre de manière magistrale les modifications structurelles que le premier conflit mondial provoque sur la société occidentale (avec un Pierre Fresnais et un Erich von Stroheim magistraux dans leur rôle d'aristocrates soldats conscients qu'ils appartiennent déjà au passé).
Le personnage de Mata Hari prend vite une importance particulière, notamment sur le plan cinématographique avec Dishonored de Josef von Sternberg (1931) dans lequel Marlène Dietrich incarne l'agent X-27.
Le choc constitué par la Seconde guerre mondiale va vite reléguer la Grande Guerre dans les oubliettes de l'imaginaire cinématographique, jusqu'à ce qu'un certain Stanley Kubrick ne porte Les sentiers de la gloire à l'écran en 1957. Violente diatribe antimilitariste, ce film incarne les peurs, les états d'âme et les vilainies humaines du simple soldat au général, au milieu desquelles se débat le colonel Dax, homme de bien qui n'a pas oublié ce que signifie "être humain", même après deux années de tranchées.
L'aviation et ses combats (qui n'ont pas grand chose de chevaleresque) sont également abordés du côté allemand avec le magnifique Crépuscule des aigles de John Guillermin (1966), dans lequel George Peppard joue un aviateur qui a le goût du sang, et du côté britannique avec Le tigre du ciel (Aces High) de Jack Gold (1976). Film sous-estimé, Le tigre du ciel montre un Malcolm McDowell en chef d'escadrille désabusé lors des combats d'attrition de 1917 pour la maîtrise du ciel. Si cela n'avait pas été vrai, on aurait pu rire à un passage du film dans lequel des généraux interdisent le port du parachute chez les aviateurs parce que cela les pousserait trop facilement à s'éjecter...
L'année 1979 voit, comme je l'ai dit plus haut, le remake d'A l'ouest rien de nouveau" par Mann. C'est également l'année ou sort La main coupée, téléfilm de Jean Kerchbron dans lequel Patrick Préjean incarne magistralement un Blaise Cendrars pris dans la tourmente des années 1914 et 1915.
Le bleu horizon, couleur de l'uniforme des soldats français de la Première guerre mondiale, fait quelques apparitions au cinéma dans les années 1980 et 1990 avec La vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier (1989) et le Giorgino de Laurent Boutonnat, films se déroulant dans un climat d'immédiate après-guerre dans un pays ravagé. Dans un après-guerre plus lointain mais tout aussi désabusé, le téléfilm The sun also rises (j'ai oublié le titre français) de James Goldstone (1984), tiré d'une nouvelle d'Hemingway, montre une génération marquée dans sa chair et dans son âme par les horreurs des combats.
Bertrand Tavernier récidive en 1996 avec Capitaine Conan, traitant d'un front peu connu, le front de Salonique.
L'horreur, c'est également celle des blessures, comme dans le déchirant Johnny got his gun (Johnny s'en va-t-en guerre) de Dalton Trumbo (1971), Le patient anglais d'Anthony Minghella (1996) et La chambre des officiers de François Dupeyron (2001).
Citons également Le pantalon d'Yves Boisset (1997), diatribe cinglante contre la stupidité de l'ordre militaire, et le récent Joyeux Noël de Christian Carion (2005), illustrant un épisode encore plus méconnu de la guerre.
La fraternisation est également l'objet de l'excellent documentaire de Michaël Gaumnitz (2005) intitulé Premier Noël dans les tranchées. Le documentaire sur le Premier conflit mondial a bénéficié du reste de deux opus majeurs: le Verdun de Daniel Costelle (1964), dont l'édition DVD comporte un second documentaire sur les quelques survivants du conflit en 2005, et la série réalisée dans les années 1960 par la BBC, disponible en DVD depuis 2002. A mentionner également l'excellent documentaire de Rougeron & Lubchanski, Les moissons de fer, qui présente l'histoire de la bataille de la Somme et de la reconstruction par les yeux des enfants de l'époque (maintenant bien âgés).
Voilà un petit point qui ne se veut en rien exhaustif et qui ne demande qu'à être complété ou amendé par vous.
A vous de jouer !
