eXistenZ - David Cronenberg (1999)

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tomfincher
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eXistenZ - David Cronenberg (1999)

Message par tomfincher »

Cronenberg fait enfin son Total Recall, moins bourrin que le film de Verhoeven, mais plus vertigineux. Où est la réalité, où est le virtuel dans ce film, la question reste sans réponse après le film.

Si le tout est emballé assez classiquement, Cronenberg se permet quelques débordements glauques, assez saignants, et on retrouve pas mal de ses obsessions organiques de ses débuts.

Le film est bon, complexe, mais assez peu divertissant finalement (les mots ne sont pas heureux mais j'ai du mal à l'exprimer). Le rythme est assez lent et n'accélère jamais vraiment.
Un film intéressant, donc, mais peut-être un peu longuet.

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Igor Sandman
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Message par Igor Sandman »

C'est un film que j'ai trouvé super chouette. Rares sont les films qui parlent de jeux video avec autant de pertinance. En fait à part Avalon, je ne me souviens pas de mieux. Cronenberg n'a pas son pareil pour créer une ambiance irréelle. Tout dans ce film est un pantomime, une représentation factice de la réalité. Mais c'est clair qu'il manque cruellement de rythme.
J'ai apprécié lme coté vicéral de certaines scène comme la scène où le mec se connecte au jeu pour la première fois. C'est filmé comme une scène de sexe un peu crue (avec le lubrifiant sur le port de connexion et tout). Je trouve ça très novateur.
-IS-
Livine57
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Message par Livine57 »

Je n'ai pas aimé du tout. En règle générale Cronenberg (à part La Mouche) j'ai du mal à suivre
meltingman
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Message par meltingman »

J'avais écris ça à la sortie de la salle... Pas une critique... Juste un avis que je partage avec moi-même :D

http://www.djouls.com/cinema/incredible/existenz.html

On peut dire qu'on aura attendu patiemment l'après "Crash". Fouchtra, comment notre bon David allait-il pouvoir surpasser un film qui condensait à la perfection ses obsessions? Qu'avait-il de plus a dire? Était-ce envisageable que notre Canadien préféré aille au-delà de l'imagerie glacée de son adaptation du bouquin de Ballard (qui soit dit en passant est encore pire que ce que Cronenbreg a pu montrer). La réponse est : NON. Mille fois non… et avec le sourire, et tant mieux – à moins de vouloir se retrouver à un croisement entre un film de Brian Yuzna et d'Eric Rohmer. eXistenZ fait partie de ces films dits légers comme "Dead Zone", "La Mouche", "Fast Company", "Rodriguez au pays des Merguez", ah non peut être pas…

eXistenZ est le premier scénario original de Cronenberg depuis "Videodrome", et très vite, de ci de là, on a pu entendre : 'Cronenberg prépare Videodrome 2'! 'Youpla!' se disaient certains, 'Mais à quoi ça sert?' demandaient d'autres. TOUT FAUX! "Videodrome" ressemble autant à "eXistenZ" que "Crash" à "Taxi", on y parle d'images, certes, d'altération de la réalité, oui oui, mais les Teletubbies aussi! Ici le sujet serait plus le jeu. Le jeu de la vie. La vie du jeu. Le Je. La vie du Je, le moi. Prétextant un quelconque intérêt pour les jeux vidéos, Cronenberg livre un film sans la moindre technologie apparente, sans un écran vidéo, sans même employer une seule fois le terme de VIDEO. Allegra (Jennifer Jason Leigh) est la conceptrice d'un nouveau genre de jeu. Connecté directement a la moelle épinière, un bioport transmet les informations d'un pod qui jette le joueur en plein cœur de la réalité du jeu. Lors de la présentation de son jeu, Allegra échappe à une tentative d'assassinat. Elle fuit avec un stagiaire en marketing, bien déterminée à le faire aussi plonger dans le jeu. Voilà pour l'argument de base. À partir de là, Cronenberg nous ballade dans différents niveaux de réalité comme il aime si bien le faire ("Videodrome" pour le coup, "Le Festin Nu", "Faux-Semblants") mais dans eXistenZ, le ludique l'emporte sur la réflexion. En fait, ce film est probablement le plus ouvertement drôle que Cronenberg ai mis au monde jusqu'à présent (la scène de la boucle humaine). Une sorte de récréation. On pourrait disserter sur les symboles ça et là qui obligent nos neurones à entrer en action (comme cette image de la main d'Allegra se posant sur un dossier de chaise pour en tâter la matérialité) et sur les obsessions Cronenbergiennes habituelles, bien évidemment présentes mais ramenées ici à une question fondamentale : Qu'est-ce qu'exister? Est-ce que la réalité est la même pour un riche socialiste de Neuilly que pour un pauvre socialiste de cité? Est-ce que cette station service est une vraie station service? Oui oui, dans la forêt et tout… Jusqu'à ce qu'une sorte de lézard à deux têtes apparaisse. Pauvre Jude Law, stagiaire marketing une minute, videur de batraciens mutants la seconde, hetero le matin, plus très sur le soir. Comme à l'habitude, le sexe reste la meilleure représentation dans les films de Cronenberg de ce que la réalité n'est pas, immuable. Comme Jeremy Irons dans "M Butterfly" convaincu de la réalité d'une femme qui est en fait un homme, comme Elias Koteas dans "Crash" pour qui la sexualité passe par la tôle froissée des voitures, ou la recherche du héros de "Crimes of the Future" androgyne au rouge à lèvres génétiquement modifié, Cronenberg nous interpelle sans cesse sur ce que nous connaissons le mieux et probablement le moins bien, le cul. Car à part pour des Boutin ou des De Villiers, il est évident qu'il n'y a pas une réalité sexuelle, que chacun se l'invente et que certains expérimentent au risque de se perdre. De plus la sexualité reste l'une des choses les plus humainement ludique. Car pour jouer à eXistenZ, les héros doivent se faire greffer un Bioport à la base de la moelle épinière, une sorte d'anus dans lequel vient se ficher un Ombijack, ou une langue, ou un doigt, sexuel? Naaan! La vie est un jeu dans lequel nous nous sommes créé nos propres rôles sociaux et pour Cronenberg, l'altération de cette réalité passe par l'expérimentation. Comme James Spader qui va jusqu'au bout de sa recherche sexuelle dans "Crash" et qui finit sodomisé par Elias Koteas sur le siège arrière d'une voiture, comme Peter Weller qui altère sa réalité par des drogues dans "Le Festin Nu". Jusqu'à présent, Cronenberg démontrait les capacités qu'a le corps humain à changer, muter (est-ce que la mutation physique de Jeff Goldblum dans "La Mouche" est une perte d'humanité ou juste un virement?), ici il nous propose la même réflexion mais sur un plan purement cérébral. Et ludique. Car jamais eXistenZ ne prend la tête justement. On peut le voir au premier degré absolu sans chercher la moindre réflexion. En cela, c'est un film mineur de Cronenberg (mineur ne voulant pas dire ni raté ni moins bien), un bol d'air frais après la froideur et l'intensité de "Crash", le jeu dans ce qu'il a de plus insouciant, le bonheur quoi. Seul bémol peut-être, la fin, prévisible, mais surtout cette phrase finale ('sommes-nous encore dans le jeu?'), clin d'œil humoristique et superflu au spectateur alors que sans cette phrase le film devenait comme "Le Festin Nu" et "Videodrome", regardable en commençant par la fin (si si ça marche!).
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Livine57
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Message par Livine57 »

très honnêtement, je ne me torture pas autant quand je regarde un film; je fonctionne plutôt au feelong; il faut être crtique confirmé pour venir sur ce site?
niko13
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Message par niko13 »

Livine57 a écrit :très honnêtement, je ne me torture pas autant quand je regarde un film; je fonctionne plutôt au feelong; il faut être crtique confirmé pour venir sur ce site?
C'est pas une question de se torturer l'esprit, c'est une question d'argumenter un avis. Genre plus d'une ligne, c'est bien aussi. Generalement ca permet de discuter du film ensuite, sans forcement etre critique confirme, juste entre passionnes, ce que nous sommes tous ici. :wink:
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celia0
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Message par celia0 »

Et puis Meltingman, c'est le cérébral du forum.
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.
meltingman
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Message par meltingman »

je ne le fais jamais, désolé d'avance, mais... LOLOLOLOLOLOLOLOLOLOLOL !!!!! :D
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Fatalis rex
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Message par Fatalis rex »

Cronenberg ne connait pas plus les jeux vidéos que je ne connais la danse classique, mais il lui prend pourtant l'idée de réaliser un film sur les univers virtuels. Bien entendu, il est HS. Lui qui est si attaché à la représentation, la fusion organique, il se retrouve en total décalage avec un sujet qui impose un univer aseptisé, lisse (un peu comme dans... MATRIX :D ). On sent qu'il ne sait pas trop comment exploiter son sujet, et enquille les scènes censées suivre le déroulement d'un jeu vidéo (jeu de piste, découverte d'indices) mais en oubliant au passage qu'un jeu vidéo est avant tout fait pour divertir (non mais dans quel jeu on se retrouverait à écailler des poissons ???)
carcharoth
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Message par carcharoth »

Fatalis rex a écrit : (non mais dans quel jeu on se retrouverait à écailler des poissons ???)
C'est pourtant ce qui semble pas mal plaire à bcp de joueurs de mmorpg :D
(certainement pas pour le côté vie de tous les jours, car ça permet sans doute de fabriquer un slip écaillé +10 contre les hommes-poissons)

Sinon j’ai beaucoup aimé eXistenZ , pour son côté un peu bordélique, son aspect gluant et ses acteurs sympathiques. Le côté réel / imaginaire est certes plus que classique mais fonctionne très bien, sans égaler toutefois celui d’Avalon, mais la touche Cronenberg et son côté organique avec tous les risques que cela comporte est bien plus intriguante que la façade aseptisé du film japonais.
Sans égaler certaines de ses autres œuvres, eXistenZ mérite quand même une belle place dans la filmographie du réalisateur, et c'est un film que je revois à chaque fois avec autant de plaisir.
Manolito
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Message par Manolito »

J'ai trouvé au contraire que le film était assez pertinent sur le jeu vidéo - en tous cas le jeu vidéo d'aventures de l'époque - avec les scènes qui fonctionnent en boucle, les choix d'action complètement invraisemblable et imbitable qu'il faut faire pour progresser... Je crois qu'un vétéran de la presse informatique de mes connaissances est d'ailleurs d'accord là-dessus. Non, ce qui n'a pas plu aux fans de jeux vidéos, c'est que Cronenberg porte surtout un regard assez ironique sur ce médium. Forcément, quand on se la pète comme un fou et qu'on veut faire cataloguer le jeu vidéo "10ème Art", on est vexé !

J'avais trouvé le film assez bien trouvé. Mais bon, on sent aussi que c'est une oeuvre de commande pour laquelle on a filé un gros chèque à monsieur Cro pour qu'il fasse un "Vidéodrome" des années 90... Pas de surprise à l'horizon donc, mais un film assez détendu, assez relax, qui se regarde et s'oublie... Ce qui est assez regrettable pour un film de Cronenberg quand même...
the masqué
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Message par the masqué »

Vu il y a trop longtemps pour faire une critique &pprofondie.
J'avais souvenir d'une ambiance nickel , de rebondissement multiples , ça tenait remarquablement la route ...On est loin du grand Cronenberg riche de thématique , mais ça reste du très très bon...... :P
"Si on devait tirer sur tout ce qui bouge,on vieillirait bien seuls"

"En France je suis considéré comme un gros nul, En Allemagne comme un raté, En Angleterre aussi et aux Etats-Unis pareil"
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meltingman
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Message par meltingman »

C'est tres cool de voir autant d'avis différents converger vers une même conclusion.
eXistenZ est un film ludique, un film fun, un film récréation et pas plus, en étant déjà beaucoup.
Parce qu'un film léger et ludique pour Cronenberg, c'est déjà le haut du pavé d'un film "normal".

Je suis d'accord avec vous à l'exception de l'idée de "virtuel". Je pense que Cronenberg connaissait son incapacité à parler d'univers virtuels, soit un truc qui ne l'intéresse pas dans sa forme. Je pense qu'il a justement joué de ça, étant payé pour, pour nous parler de tout a fait autre chose, l'humain, le palpable, l'anti-virtuel justement.
Je pense que son film parle de jeu charnel, physique. Du jeu existentialiste pur. La vie n’est pas prédéfinie, c’est l’Homme qui la joue, qui la construit. J’y vois un thème excessivement Cronenbergien. Cette façon de montrer que les sens ne sont pas forcément « naturels », que l’Humain peut s’épanouir sous une forme physique et mentale qui n’est pas normative. C’est ce qui me semble être la plus forte thématique de son univers depuis le début. Les apparences sont trompeuses, le bien et le mal ne sont pas dominés par la vision, l’humain est une machine intelligente qui a besoin que la machine lui rappelle ce qu’être humain veut intelligemment dire. En gros l’humain est une machine qui autoprogramme sa vie.
Je l’adore pour ça… Pour cette vision purement athée.
Je vous défie de trouver dans le film ce que vous lui reprochez. A savoir un film sur les jeux vidéo qui serait mal géré. Jamais il ne laisse croire qu’on parle de jeu vidéo. Ca c’est du marketing. Et il en joue juste suffisamment pour que ce soit vraiment drôle. En ça, eXistenZ est tout sauf raté.
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Otis
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Message par Otis »

Intéressante ta réflexion meltingman ; quelque part, ce film est le plus purement Cronenbergien dans le sens où il développe au mieux sa philosophie existentialiste. Je ne suis pas athée, mais je me retrouve quand même dans sa vision (je ne suis pas existentialiste non plus, philosophie que je répugne par ailleurs), sa vision qui met en éveil l'esprit humain et en fait une chair qui s'interroge : j'aime le procédé. Bien sûr, ce qui se cache derrière est contestable, je n'irais pas jusqu'à dire que ce film est une de ses propagandes, mais je suis en désaccord avec l'application qui se cache derrière l'oeuvre, à savoir, comme tu le dis si bien, l'humain comme "machine qui autoprogramme sa vie." Je souris doucement, même si je respecte le point de vue, entre l'homme et la machine, on pourrait se demander lequel des deux a un esprit par exemple et une capacité reproductive. Une machine n'est qu'un esprit humain par extension... Enfin, on va dévier vers la philo là :D J'aime l'art de Cronenberg, mais ça s'arrête là en ce qui me concerne. Dans le cinéma de Cronenberg, du moins dans les thématiques, les notions de destin, d'amour spirituel, l'ennui, la passion, le hasard, n'existent pas et sont vite remplacées par une "programmation", quelque chose qui contrôle ses personnages souvent accusés de froideur - car ils ressemblent à des robots. L'erreur selon moi est d'avoir vu dans de tels comportements des émotions... au lieu de sentiments que rejette en masse Cronenberg. Mais c'est bien là le propre de chacun de nous : nous avons des sentiments, et les émotions seules nous dépassent. Là-dessus se colle soit le destin, soit (la tentative ?) le contrôle de soi. C'est pour ça que Cronenberg à mon avis a fait un réel sacrifice sur soi quand il a réalisé Dead Zone : pour King, Johnny Smith est une destinée, annoncée symboliquement par "la roue de la fortune" dans la fête foraine où il se rend avec son amie. On sent que Cronenberg a renié ce côté du livre de King, même s'il en a laissé quelques composants contraires à ses convictions. Par exemple, (et, heureusement pour lui, l'histoire d'amour était impossible dans Dead Zone dès le roman ! et ceci, même si le réalisateur rend bien les déchirures de Smith) l'amour n'est que charnel chez lui, on parle d"'accouplements" plutôt que d'Amour et c'est pourquoi je considère la vision amoureuse de Cronenberg plus animale qu'humaine. La seule ambiguité, c'est qu'il nous couvre cela de l'esprit qui serait l'unité centrale de cette animalité. L'expression artistique est belle, mais en ce qui me concerne, philosophiquement, c'est une aporie. :wink:
Edit : au fait, ce n'est pas parce qu'on ne pratique pas des jeux-vidéo qu'on ne peut pas s'en informer et créer quelque chose de semblable. Sauf erreur, Coppola n'a jamais été avec les Marines au Vietnam mais ça ne l'a pas empêché de réaliser Apocalypse Now...
Et puis, je trouve que Existenz est une sorte de Sims de l'horreur...
meltingman
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Message par meltingman »

Otis a écrit : quelque part, ce film est le plus purement Cronenbergien dans le sens où il développe au mieux sa philosophie existentialiste. Je ne suis pas athée, mais je me retrouve quand même dans sa vision (je ne suis pas existentialiste non plus, philosophie que je répugne par ailleurs)
Ah bah si ça te « répugne », la discussion va vite tourner en rond. Je comprends donc que pour toi le destin existe. Que l’homme n’a pas de libre arbitre en quelque sorte, sachant que cette dernière notion est largement discutable. Pour ma part, je ne pense pas que l’Homme puisse mettre totalement en action son libre arbitre, mais en tous cas je reste convaincu que la manipulation du destin n’existe pas, que rien n'est écrit. Il me semble que l’œuvre de Cronenberg tend vers cette idée.

Otis a écrit :sa vision qui met en éveil l'esprit humain et en fait une chair qui s'interroge : j'aime le procédé. Bien sûr, ce qui se cache derrière est contestable, je n'irais pas jusqu'à dire que ce film est une de ses propagandes, mais je suis en désaccord avec l'application qui se cache derrière l'oeuvre, à savoir, comme tu le dis si bien, l'humain comme "machine qui autoprogramme sa vie." Je souris doucement, même si je respecte le point de vue, entre l'homme et la machine, on pourrait se demander lequel des deux a un esprit par exemple et une capacité reproductive. Une machine n'est qu'un esprit humain par extension... Enfin, on va dévier vers la philo là :D
Justement, sans esprit l’Homme n’est qu’une machine. La chair en soit n’existe que par le truchement de l’esprit, dans ce qu’il a de plus réfléchi ou de plus instinctif. Ce n’est pas la chair qui s’interroge mais l’esprit qui se demande jusqu’où il peut utiliser sa chair. C’est le parcours de Max Renn dans Videodrome, c’est l’envie d’aller de l’avant dans l’expérimentation de Seth Brundle, c’est ce que vivent les étudiants de « Crime of the Future », c’est toute la question de « The Brood » etc… La chair est un réceptacle à esprit, rien de plus. La fin de Scanners est l’exemple probant de ça. Cameron Vale prend possession du corps de son frère Darryl mais il reste lui même. Parce que peu importe la forme de la chair c’est l’esprit qui domine. Et à chair égale, Claire Niveau finit précisément par savoir, par leur esprits, qui des frères Mantle est Beverly et qui est Elliot dans « Faux-semblants ». Ce que fais Cronenberg n’est pas une « propagande » mais une démonstration.
Je ne comprend pas ta phrase « entre l'homme et la machine, on pourrait se demander lequel des deux a un esprit par exemple et une capacité reproductive. Une machine n'est qu'un esprit humain par extension... », je ne vois pas ce qui rentrerait en contradiction avec le débat. Je n’oppose pas l’homme et la machine mais je conçoit le corps, la chair, au même titre qu’une machine qu’une extension humaine cérébrale peut à loisir modifier et surtout contrôler. Je comprend la fascination de Cronenberg pour des gens comme Orlan et ses multiples transformations corporelles. Il voulait d’ailleurs faire un film sur elle.
Otis a écrit :J'aime l'art de Cronenberg, mais ça s'arrête là en ce qui me concerne. Dans le cinéma de Cronenberg, du moins dans les thématiques, les notions de destin, d'amour spirituel, l'ennui, la passion, le hasard, n'existent pas et sont vite remplacées par une "programmation", quelque chose qui contrôle ses personnages souvent accusés de froideur - car ils ressemblent à des robots. ...
Désolé mais c’est faux. A par la notion de destin, qui est effectivement plutôt exclue de son œuvre, « l’amour spirituel » existe (voir « M Butterfly », voir le lien qui uni les frères Mantel). « L’ennui » est omniprésent aussi, c’est même ce qui motive entre autre les personnages de Cronenberg à se surpasser. C’est toute la thématique de « Crash », de « The Brood », du « Festin nu » et par extension d’ « eXistenz ». « La passion » ? Comment nommes tu le dévouement total de Seth Brundle pour son œuvre ? La fascination sexuelle pour les voitures dans « Fast Company » ? La prise de risques de Billy Lee pour finir son roman dans « Le festin nu » , toujours les frères Mantle et leur passion à la fois pour une femme commune et le mystère gynécologique qu’elle renferme. Bien au contraire je trouve les personnages chez Cronenberg excessivement passionnés, une passion devenant, dans la plupart des cas, une vraie obsession. Quant au « hasard », il reste cet élément, cet infime grain de poussière qui peut tout faire basculer. Une mouche. En cela l’idée existentialiste, de libre arbitre, chez Cronenberg n’est pas aveugle (voir « History of violence »)
Qui plus est, les personnages ne sont pas « contrôlés » par une force supérieure, ou une ligne directrice prédéfinie, mais choisissent tous de se laisser contrôler par leur propres émotions, leurs propres anges et démons. Certains de façons plus velléitaire certes, mais tous font un choix, qui peut se retourner contre eux, mais ça reste un choix.
Otis a écrit :L'erreur selon moi est d'avoir vu dans de tels comportements des émotions... au lieu de sentiments que rejette en masse Cronenberg. Mais c'est bien là le propre de chacun de nous : nous avons des sentiments, et les émotions seules nous dépassent. Là-dessus se colle soit le destin, soit (la tentative ?) le contrôle de soi. C'est pour ça que Cronenberg à mon avis a fait un réel sacrifice sur soi quand il a réalisé Dead Zone : pour King, Johnny Smith est une destinée, annoncée symboliquement par "la roue de la fortune" dans la fête foraine où il se rend avec son amie. On sent que Cronenberg a renié ce côté du livre de King, même s'il en a laissé quelques composants contraires à ses convictions. Par exemple, (et, heureusement pour lui, l'histoire d'amour était impossible dans Dead Zone dès le roman ! et ceci, même si le réalisateur rend bien les déchirures de Smith) l'amour n'est que charnel chez lui, on parle d"'accouplements" plutôt que d'Amour et c'est pourquoi je considère la vision amoureuse de Cronenberg plus animale qu'humaine. La seule ambiguité, c'est qu'il nous couvre cela de l'esprit qui serait l'unité centrale de cette animalité. L'expression artistique est belle, mais en ce qui me concerne, philosophiquement, c'est une aporie. :wink:
Je suis d’accord pour « Dead Zone » est c’est aussi pour cela que je considère ce film comme l’un des plus faible de sa carrière (thématiquement parlant parce que le film en soit est vraiment très réussi). Quant à dire que l’amour chez Cronenberg n’est QUE charnel… Je pense qu’on ne parle pas du même réalisateur. Kim Obrist AIME Cameron Vale, même après son changement de corps, Veronica Quaife AIME Brundle-fly jusqu’au bout de l’acceptable, William Lee aime toujours autant sa défunte femme, je ne parle même pas de René Gallimard qui aime, spirituellement, tellement Song Liling qu'il ne voit pas la vérité et qu'il conçoit qu'elle-il puisse se refuser à lui. L'amour spirituel est et reste le plus fort chez notre père David. Il est capable de fausser la "vérité" aux yeux des protagonistes de ses films, il est à la base même de la "nouvelle chair", du glissement de "réalité". Qu'est ce qui subsiste à la fin de "Crash" si ce n'est l'amour spirituel entre James Ballard et Helen Remington ? Les expérimentations des héros Cronenbergiens trouvent souvent leur motivations dans l’amour, dans la notion plus que dans l’acte. Après c’est vrai que Cronenberg décrit souvent les actes sexuels comme des accouplements (la scène de baise dans les escaliers de « History of Violence » est une des scènes de cul les plus chaude que j’ai vu depuis bien longtemps d’ailleurs), mais pensez qu’ils ne sont QUE charnellement bestiaux réduit considérablement ce qui est dit dans ses films. Et quoi qu’il en soit, l’accouplement bestial est aussi humain qu’animal. Je ne vois aucune ambiguïté dans l’idée de poser cette forme de sexualité sous la coupe d’un esprit conscient, ca me semble être le propre de l’Homme. Même le violeur a en général « conscience » de son acte.

Otis a écrit :Edit : au fait, ce n'est pas parce qu'on ne pratique pas des jeux-vidéo qu'on ne peut pas s'en informer et créer quelque chose de semblable. Sauf erreur, Coppola n'a jamais été avec les Marines au Vietnam mais ça ne l'a pas empêché de réaliser Apocalypse Now...
Et puis, je trouve que Existenz est une sorte de Sims de l'horreur...
Je le répéterai jusqu'à l’essoufflement mais « eXistenz » n’est PAS un film sur les jeux vidéos, ce n’est pas parce qu’on vous l’a vendu comme ça qu’il faut y croire. Revois le film et trouve moi une seule (en fait il y a 1 mot, un seul) phrase qui puisse te faire penser que les gens jouent à un jeu VIDEO. Alors oui, Cronenberg a utilisé certaines ficelles, certains codes du jeu vidéo, mais pour mieux nous parler de l’humain et principalement de sexualité (voir le dialogue hilarant dans la station service entre Jude Law et Willem Dafoe qui, à mon avis résume à lui seul la direction du film). C’est la force des artistes que de brouiller les pistes sur un terrain qu’on croit connu.
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