Muertos de risa - Alex De la Iglesia (1999)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
niko13
Messages : 4287
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:10 am
Localisation : Laboratory Of The Utility Muffin Research Kitchen

Muertos de risa - Alex De la Iglesia (1999)

Message par niko13 »

Image
Bruno et Nino constituent l'un des meilleurs duo comique espagnol, popularisant la fameuse "baffe dans la tronche" et portant ce concept jusqu'a des hauteurs humouristiques insoupconnees. Oui mais voila, 20 ans de collaboration, ca laisse des traces. Alors, quand le drame humain supplante peu a peu la relation comique, ca part en sucette...grave !
Enfin ! Enfin, cette enormissime comedie a l'humour noir de chez noir a les honneurs d'une sortie en France, meme si ca n'est que du direct to DVD (bouh ! la honte pour les distributeurs !).

Probablement l'un des sommets de la filmo du pere de la Iglesia (m'enfin bon, a mon avis, il n'y a que des sommets dans sa carriere).
Dans cette farce ferocement comique, De la Iglesia revisite "La guerre des rose" avec son humour et sa gouaille si particuliere, bien aide par l'interpretation nickel chrome d'El Gran Wyoming et de Santiago "Torrente" Segura.

On passe du rire, au drame, au film d'action...tout en egrennant les 20 ans de relation "artistique" entre le duo comique. Le realisateur, en depeignant la decheance de Bruno et Nino (qui voguent droit vers cette conclusion inevitable presentee des le debut du film) se permet surtout de parler du regard du public, complice pervers de cette surenchere de coups bas. Jusqu'a la derniere sequence du film, d'une simplicite et d'une beaute imparable.

Ce film est un chef d'oeuvre, na ! :D

Aucune info sur les specifs du DVD francais tant attendu (annonce le 3/10), mais bon sang que ca fait du bien qu'un tel film sorte enfin !
What the fuck did I do ?
Dagon
Messages : 315
Enregistré le : ven. oct. 29, 2004 9:44 pm
Localisation : Zombieland

Message par Dagon »

lLe meilleur film d' Alex de La Iglesia, tour à tour drôle, méchant et même émouvant. Santiago Segura et El Gran Wyoming sont tout simplement énormes, et l'on regrette d'autant plus que la rélation entre De La Iglesia et Segura soit de nous jours si dégradée.
Dragonball
Messages : 13095
Enregistré le : ven. déc. 17, 2004 8:43 pm
Localisation : Dans un Bunker avec Playboy, une Dreamcast et un M16

Message par Dragonball »

Très sympa en effet, une comdie particulièrement grinçante et jusque boutiste, largement supérieur au "crime farfait", qui s'essouflait malheureusement beaucoup après une première demi heure très sympathique.

Après, dans le même registre, j'ai tout de même une petite préférence pour "Mes chers voisins".
Zecreep
Messages : 2351
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 8:27 pm
Contact :

Message par Zecreep »

J'ai eu le DVD dans les mains hier, il avait l'air chargé de bonus. Je l'ai refilé à un pote, préférant me taper Néron et Poppée.
Schlockbuster
Messages : 553
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 7:53 pm
Contact :

Message par Schlockbuster »

Yeah ! Mon De La Iglesia préféré bientôt dispo chez nous ! Les distributeurs français ont pris leur temps avec celui-là ! La review de Trash Times :

1972, l’Espagne, entre pantalons pattes d’eph’, boules à facettes et régime franquiste. Joaquin Molina, dit Nino (Segura), un petit chanteur à la manque – sa spécialité est l'interprétation des chansons de son idole Nino Bravo, un sous Mike Brant espagnol – et José Luis (El Gran Wyoming), barman macho et beau parleur, travaillent dans le même rade routier. Ils font connaissance suite à une altercation avec des bidasses énervés qui font flamber l’établissement. Malgré sa voix de casserole, sa timidité maladive et son physique ingrat, Nino a l’ambition quelque peu illusoire de devenir un chanteur à succès de la trempe du grand Bravo. José, se vantant d’avoir des relations dans le milieu décide de l’embarquer à Madrid où les deux compères vont tenter de percer dans le show-business.

Une première audition calamiteuse pour la télévision met à jour un nouvel handicap de Nino, et non des moindres : il a une trouille incontrôlable des caméras qui le tétanisent littéralement. Cependant, leur prestation est remarquée par Julian (Alex Angulo) qui propose de devenir leur manager. Ce dernier parvient assez rapidement à leur décrocher une première représentation en public. Et quel public ! Le duo va devoir affronter une bande de sauvages armés de tomates, présents sous ce chapiteau miteux pour assister aux effeuillages de danseuses topless. D'autant que le sketch de Bruno & Nino (leurs noms d’artistes) est loin d’être rôdé et qu'une fois de plus Nino perd tout ses moyens. Il reste immobile sur scène, complètement ahuri, incapable de décrocher le moindre mot. Avant que la foule ne leur saute dessus Bruno tente une pirouette humoristique désespéré et file une baffe magistrale à son comparse qui semble comme anesthésié par la peur. Surprise ! L’auditoire rit à gorge déployée. A ce moment, Julian comprend que cet acte absurde et brutal va devenir la marque de fabrique qui va conduire le duo au succès. Bientôt, toute l'Espagne a envie de baffer Nino.

Mais après une longue tournée triomphale dans les cabarets de la péninsule, Nino commence à mal supporter son statut de tête à claques et jalouse Bruno qui a le beau rôle et du succès auprès de la gent féminine. Suite à un pari stupide, Nino va obtenir que son nom soit placé avant celui de Bruno sur les affiches. C’est là que leur relation va commencer à se gâter. Leur haine mutuelle va exploser en même temps que leur carrière quand, sur le plateau d’un célèbre talk show espagnol, Bruno invite l’assistance à donner une baffe à son acolyte. Les uns après les autres, les spectateurs n’y vont pas de main morte et même le cameraman s’en donne à coeur joie. La situation devenue irréversible, Nino et Bruno, paranoïaques, vont se détester et se jalouser à en mourir tout en essayant de paraître les meilleurs amis du monde aux yeux du public qui les réclame. Désormais tous les coups bas et autres mesquine-ries innommables sont permis... le meurtre y compris.

Muertos de Risa suit le parcours à la fois glorieux et suicidaire de deux comédiens au rabais qui aiment à se détester. Non seulement leur relation va compromettre leur carrière mais les efforts produits par les compères pour se pourrir mutuellement la vie vont devenir un véritable travail à plein temps. Ils s'épient, usent d'autant de stratagèmes aussi perfides que pathétiques pour dévaloriser l'autre dans une lutte fratricide impitoyable dictée par la frustration et l'ego. Le film est servi par un excellent duo de comédiens plus vrais que nature, deux trublions médiatiques du petit et du grand écran espagnol. Si El Gran Wyoming est moins populaire auprès du public français (il fait des apparitions dans Le Jour de la Bête et Torrente), Santiago Segura est bien connu pour ses rôles truculents dans les films de Alex de la Iglesia, de Action Mutante à Perdita Durango, en passant par ses propres réalisations dans lesquelles il incarne le flic dégueulasse et vulgaire Torrente.

Avec Muertos de Risa De la Iglesia (interview ici) se livre une fois de plus à son exercice de prédilection : l'analyse des relations humaines conflictuelles. Un thème leitmotiv dans sa filmographie, abordé dès son premier long métrage (Action Mutante) et développé encore récemment dans ses derniers films, Mes Chers Voisins et 800 Balles. C'est une véritable fresque (étalée sur plus de vingt ans) que le cinéaste nous propose, féroce, absurde, tragi-comique et dont l’issue ne peut se faire que dans le sang... et en public ; une sorte de Casino slapstick narré rétrospectivement par le talentueux Alex Angulo (le DeNiro ibérique ?) à travers son rôle délicat d'impresario, médiateur constamment amené à tenter de recoller les morceaux entre les deux frères ennemis.

A l'instar du Jour de la Bête qui se moquait sans ménagement de la religion, Muertos de Risa esquisse en filigrane une satire du petit monde hypocrite du divertissement à l’époque où les médias étaient sous le joug de la dictature de Franco. Ainsi, le film est truffé de références politiques (le coup d’état en direct du Colonel Tejero) et nostalgiques (les programmes télévisés espagnols des années 70 comme Directísimo et 1,2,3). Des références marquantes parmi d'autres plus anecdotiques qui malheureusement risquent fort de ne guère interpeller les Français que nous sommes. D'ailleurs c’est peut-être une des raisons qui a fait que Muertos de Risa ait eu plus de mal à s'exporter que d'autres et qu'il demeure encore à ce jour invisible dans nos contrées. Dommage, c'est certainement le film le plus féroce et méchant du réalisateur.
Image
=> BIZARRO DVDEMENTIA ! [Convient mieux aux enfants âgés de 18 ans et +]
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Re: Muertos de risa - Alex De la Iglesia (1999)

Message par Manolito »

Après une première partie que j'ai trouvé amusante sans plus, j'ai vraiment trouvé que le film décolle dans les années 80, avec les deux maisons, quand la confrontation entre les deux rigolos devient absurdement haineuse, sans aucun sens. Le film prend alors toute sa dimension tragico-comique, avec ses plans machiavéliques pour détruire la vie de l'autre, plan absurde parfois planifié sur des années entières !! Je trouve que de La Iglesia est allé plus loin en termes de cinéma avec "Le crime Farpait", mais "Morts de rire" est quand même une solide réussite retrouvant le goût acide des meilleurs comédies italiennes des années 70.

Vu sur le dvd français qui n'est vraiment pas emballant : pas de doublage français, vo uniquement en stéréo (le film a été mixé originellement en Dolby Digital 5.1), image vraiment grossière pour un film aussi récent. Un dvd qui comble un vide... mais qui est bien perfectible quand même !
Répondre