
Au large de la Bretagne, Fabrice veut rester sur une île dont le puits d'eau douce s'est asséché, et y faire pousser des céréales avec l'aide des iliens. C'est un échec et il s'installe sur une autre île pour tenter de lancer une nouvelle forme de culture. Cette fois, c'est un succès. Mais Fabrice reste insatisfait...
"Les îles" est un film français à l'ambiance constamment étrange et onirique. S'il fallait le définir, il faudrait le rapprocher de "films trip" dans le style de ceux de Tarkovski et, surtout, de Werner Herzog. Le style visuel des "îles" évoque d'ailleurs beaucoup "Coeur de verre" de Herzog, en particulier son final avec son île plantée au milieu d'un océan en furie et filmé d'un hélicoptère...
"Les îles" fait penser au land art, alors très en vogue à l'époque, et au séquences les plus planantes du cinéma de Herzog (vues aériennes, musique électronique). Le sujet évoque lui aussi le cinéma de Herzog, Fabrice étant un personnage très proche de héros dans le style de Fitzcarraldo ou Aguirre, des personnages assoifés d'absolu, épris d'expériences humaines extrêmes.
La partie la plus intéressantes du film est sans doute la troisième, celle au cours de laquelle Fabrice s'installe seul sur une île, refusant d'être aidé, pour en tracer la carte et y faire pousser des récoltes. Un voyage au bout de soi-même, de ses capacités de résistance, afin de rentrer en totale fusion avec la nature, avec l'univers. Le film est porté par l'interprétation de Maximilan Schell, dans le rôle de Fabrice, accompagné de silhouettes étranges et mélancoliques, parmi lesquelles Marie Trintignant et le mime Marceau qui incarne un président de L'Institut National de Géographie empreint d'un puissant mysticisme.
Au début, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans "Les îles", il y a des maladresses dont on se demande si elles sont dues à des ratages techniques ou à des expérimentations. On se dit qu'on va s'emmerder, que ça l'air de n'avoir rien à dire derrière la forme. Et pourtant, on se trompe, le film finit par articuler un propos cohérent et très attachant sur l'accomplissement personnel et sur la défaite. A nouveau, on pense aux héros de Herzog. La défaite finale de Fabrice face à la nature n'est pas un échec... Peu importe le résultat, c'est le chemin qui a été parcouru et la façon dont il a été parcouru qui a été importants. Si l'ambiance est constamment étrange, le fantastique en tant que tel ne se manifeste qu'à la toute fin du film, dans un dénouement renouant avc l'univers des légendes bretonnes...
Ignoré des dicos de cinéma, pratiquement oublié de tous, "Les îles" a tout de même le droit à quelques diffusions de temps en temps sur le câble. Je l'ai vu sur TPS Cinéculte où il passe en ce moment, dans une copie 1.77 mono, d'une qualité assez inégale... Mais le film est rare (sorti en VHS, mais pas de dvd)...