Dog bite dog (2006) Pou-Soi Cheang

[MadXav]

Totalement anonyme, déphasé, paumé, un jeune Cambodgien déboule à Hong Kong. Affamé, il se réfugie dans le premier restaurant qu'il trouve. Enfin pas vraiment le premier, car notre homme est un tueur. Sa victime est une femme, assise à quelques mètres de lui. Il l'assassinera froidement avant de disparaître...
Wai, flic au bord de la crise de nerf arrive sur les lieux, retrouve la trace de tueur mais tout se passe très mal : Le coéquipier de Wai meurt, des innocents sont tués et le tueur s'échappe une nouvelle fois.
Wai décide d'oublier ses chefs, d'oublier les lois, de s'oublier lui même pour devenir une bête fauve, un animal parti en chasse, prêt à traquer Pang, le tueur insaisissable et sans remords...


Les temps sont durs pour les Cat3 à Hong Kong. Alors que les années 92-93 en voyaient fleurir plus d'une centaine par an, ces dernières années se montrent plus qu'avares. La loi du box-office s'est imposée et une telle classification rime maintenant avec suicide commercial.
Pourtant, l'année 2006 verra naître 3 films classés Cat3 :
- The third eye de Miu-suet Lai
- Election 2 de Johnnie To avec l'excellent Simon Yam
- Dog bite Dog de Pou-Soi Cheang

Cependant, Dog bite dog n'est pas un Cat3 comme pouvait l'être "Ebola Syndrome", "The untold Story" ou autre film adepte de la démesure goreuse ou sexuelle. Non, Dog bite dog est un polar puissant, nerveux, dont la violence sèche mais réaliste lui a valu cette "sanction" qui ne semble pas usurpée...
Le film tourne donc autour de ses deux protagonistes : Le tueur, Pang et le flic, Wai.
Pang est Cambodgien. Il est froid et distant, limite autiste. Etre détestable dans l'absolu, le film va peu à peu et subtilement nous apprendre à l'aimer, à avoir pitier. Enfant, Pang a été "apprivoisé" par un dresseur, un homme qui organise des combats à mort entre enfants orphelins. Une fois devenus adultes, les survivants sont utilisés comme tueur à gage...
Wai est flic, fils de flic et intimement persuadé que la loi et l'ordre sont la clef de tout. Ecrasé par l'ombre de son père mourant, considéré par tous comme un héros, Wai cherche à s'affirmer. Mais pourquoi cette haine envers son père ? Pourquoi cette rage ? Le film nous l'apprendra peu à peu...
Les deux acteurs héritant des rôles (Edison Chen et Sam Lee) sont tout simplement incroyables. Métamorphosés physiquement, totalement hallucinés, décharnés, les acteurs sont réellement excellents et habités par leur rôle. Alors que le tueur nous devient sympathique, le flic nous devient vite antipathique, puis tout s'explique, les motivations de chacun s'éclairent, Pang tombe amoureux d'une jeune attardée mentale abusée par son père, la pitié s'installe, l'envie de voir vivre le tueur, l'espoir qu'il verra naître son enfant... Mais Dog bite dog ne fait pas dans la dentelle. Les morts s'accumulent, la froideur de Pang s'oppose à l'hystérie implacable de Wai et l'aboutissement de tout cela ne peut être que dramatique.

Pou-Soi Cheang nous offre un Hong Kong tout simplement dégueulasse, loin des buildings et du business international, nous faisant visiter des rues abandonnées, des décharges publiques monumentales, des arrières salles sombres etc... La photo est très réussie, l'ambiance poisseuse perdure et le visuel participe grandement à cette ambiance désespérée.

Au final, Dog bite Dog est sans aucun doute un bon film. Il souffre bien de quelques défauts, de quelques simplicités scénaristiques, de quelques scènes superflues et même de quelques moments creux. On regrettera aussi que certains aspects de la vie des protagonistes ne soient pas plus développés et que l'on ait une énorme élipse temporelle en milieu de métrage... Cependant, l'ambiance qui s'en dégage, le jeux des acteurs et la mise en image sont tels qu'il s'agit sans aucun doute d'un film à voir.
L'édition DVD Hong Kongaise est de bonne qualité, propose une image d'excllente tenu est une piste 5.1 bien péchue. En terme de travail sonore, citons la scène de la première altercation entre Pang et Wai. Les deux hommes ne parlent pas, ils se sautent dessus, se cognent, se griffent. Ils sont des animaux. Leur souffle est alors remplacé par des grognements de chiens. Ce qui peut paraitre "risible" fonctionne pourtant à merveille, la scène gagne en efficacité et marque un point de non-retour pour les deux protagonistes : Ils viennent de perdre leur humanité...

Bref, pour moi c'est du tout bon, même si les amateurs de "Cat3" tel qu'on l'entend risque d'être bien déçus...
Je lui colle un 7.5/10

[Riddick]

Dog Bite Dog



Barge. Nihiliste. Ultra-violent.
Ambiance oppressante à souhait.
Génialement filmé caméra à l'épaule (la plupart du temps).
Trio d'acteurs impecc. Idem pour les seconds rôles.
Déjà envie de le revoir...
Allez j'me laisse quelques jours

8/10

[burialoftherats]

chef d'oeuvre (bemol pour la fin) ultranoir, jaime beaucoup le cote realiste a la friedkin