Je t'aime...moi non plus, Maria de Medeiros, 2004

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
mercredi
DeVilDead Team
Messages : 1107
Enregistré le : mer. déc. 06, 2006 2:55 pm

Je t'aime...moi non plus, Maria de Medeiros, 2004

Message par mercredi »

À ceux qui souhaitent combler l'immense désert cinématographique dont est victime notre pays en ce moment, je recommande l'excellent "Je t'aime... moi non plus" de Maria de Medeiros. L'actrice s'intéresse à la relation souvent conflictuelle entretenue par un réalisateur avec la Critique. Donnant tout à la fois la parole à des artistes tels Cronenberg, Almodovar, Wenders ou de Olivera ainsi qu'aux membres de "Positif", "Cahiers du cinéma", Libération"..., le film met en exergue la forte dépendance qui lie les deux partis. Ils s'aiment, se détestent, se dénigrent, s'autocongratulent; en bref ne peuvent vivre l'un sans l'autre.
J'avoue avoir d'abord été surprise par l'importance extrême que maintes artistes accordent à l'opinion "professionnelle". Incroyable comme certains peuvent souffrir de ne pas être reconnus par cette catégorie de spectateurs. Celle-ci ne mâche pas ses mots pour afficher des exigences qui, d'après elle? :D , commandent pareillement son travail. On rit parfois devant autant de prétention (quelques propos valent le détour).
Davantage intéressante, les interventions des journalistes étrangers (espagnols, italiens, américains...) soulignent la particularité des pigistes hexagonaux. Envié, admiré, le sérieux, voire l'intellectualisme, des français sous-tendent une conception (nationale?) valorisante du cinéma ici implicitement envisagé comme VÉRITABLE (septième) Art. S'approprier un film pour mieux le mesurer, le "distiller", le surinterpréter, revient à célébrer la dialectique humaniste à l'origine d'un métrage d'abord facteur d'échange, de sympathie, de questionnement: une porte ouverte sur le monde et sur nous-même.
Indispensable! (même si un petit historique de la tradition "critique" (salons littéraires, chroniques baudelairiennes...) française aurait été la bienvenue afin d'inscrire sa spécificité dans une perspective diachronique - dommage)
À voir en ce moment à L'Espace Saint-Michel.
Répondre