Alors qu'il est en Chine et sur le point de signer une affaire avec le gouvernement du pays en vue de proposer la diffusion de programmes de télévision américain, Jack Moore est retrouvé dans un hôtel en compagnie d'une jeune femme brutalement assassiné. La République de Chine entend bien juger le coupable selon ses propres lois et, si il le faut, facturer la balle de l'exécution capitale à la famille de Moore. Bien évidemment, aucun avocat chinois n'a envie de défendre l'accusé et une jeune femme est désignée pour ce boulot ! Coup de bol, elle est mignonne et surtout très compétente...
Démarrant plutôt bien avec une première partie à la limite du thriller vaguement érotique, RED CORNER s'oriente très vite sur le film de procés matiné de scène carcérale et même d'un peu de thriller tout court. Les deux premiers tiers du film se tiennent agreablement, sans faire de merveilles, la mise en image est honnete, Jon Avnet essaie de donner de l'ampleur a son image a renforts de mouvements de caméra élégants le tout réhaussé par une photographie aux belles couleurs (le meme film réalisé 3 ans plus tard, c'etait surement en monochrome !) qui fait bien ressortir les nuances sur les visages, les décors et les paysages. La musique est efficace mais passe partout a coup de percussion metallique, bruit etrange et instrument asiatique. Mais c'est typiquement la partition difficilement ecoutable en dehors d'un film (le thème apparait rarement et cela ne fait que sonoriser l'action ou l'inaction des images). Donc, le film est de facture professionnelle et met devant sa caméra le couple Richard Gere et Bai Ling accompagné dans un second rôle de ministre par James Hong. Tout est bien dans le meilleur des mondes, ce n'est pas un chef d'oeuvre mais le film est regardable...
Sauf que lorsque le dernier acte arrive, le film se prend un peu beaucoup les pieds dans le tapis. Les preuves tombent comme par enchantement, la facon de gerer le proces prend des airs de farce et ca ne fonctionne plus du tout a part lors du passage ou l'avocate est mise a l'ecart dans une salle annexe par les dirigeants qui voient d'un mauvais oeil sa facon véhémente de défendre son client. Etrangement, a la fin du procés, le film n'essaie pas de remonter la pente et se permet un dernier quart d'heure mièvre ! Dommage, le début etait bien...
A la revoyure, on sera aussi surpris de certains elements qui n'apportent rien a l'histoire et qui aurait pu raccourcir le metrage d'une bonne dizaine de minutes. C'est surtout l'evocation de la famille de Richard Gere qui parait tres artificiel, voire superficiel, de maniere, surement, a lui donner un cote plus humain. Mais les deux passages ou sa famille est evoquee tombe completement a plat et ne servent franchement pas la suite de l'histoire. Sa sortie de l'ambassade prend des airs assez confus avec cette explication alors qu'il aurait surement ete preferable de ne pas en donner, ce qui aurait fait passer le personnage pour un humaniste, quelqu'un qui n'a pas envie qu'un innocent paie à sa place plutot qu'un personnage meurtri par son passé et qui voie ainsi l'opportunité de se racheter.
Les points forts du film, c'est donc toute une premiere partie plutot sympathique ou l'on "decouvre" la Chine et son systeme juridique. J'ai mis des guillements car cela reste du cinema et ce n'est certainement pas totalement une representation de la vérité. Mais toute cette partie d'exposition est donc sympathique et le recit se sert assez bien aussi de la barriere de la langue anglais / chinois. Une scène intéressante montre d'ailleurs Jack Moore s'adresser a un general par l'intermediaire d'un interpréte donc on ne comprendra jamais ce qu'il est en train de dire. Suscitant un sentiment de paranoia, cote spectateur, au vu de la reaction de son interloctueur a la fin de la traduction chinoise. La jaquette du DVD est quelque peu mensongère puisqu'elle donne l'impression que nous allons assister a une course poursuite haletante où Richard Gere se balade flingue à la main. En fait, cela ne fait référence qu'a une scène du film, le reste se déroulant finalement en grande partie dans une salle d'audience et une prison.
Notons enfin que la bande annonce en supplément (il y a aussi un commentaire audio de Jon Avnet) presente des "scenes alternatives". En effet, sur plusieurs plans, le sang sur les personnages ou certains objets est totalement absent. Le plan le plus evident, c'est lors de l'arrestation de Richard Gere ou sa chemise est toute blanche et ou il n'a pas de sang séché sur le torse... alors que c'est le cas dans le film.
