Difficile d'évoquer pour moi un gars comme Springsteen sans tomber dans la facilité et les banalités d'usage pour un artiste que je considère comme hors du commun. Suffit de dire que ce type (et ses chansons) m'accompagne depuis plus de 15 ans. Pas un jour sans que sa voix ne vienne titiller mon oreille.... Sa musique (et surtout ses paroles) ont contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd'hui et à développer le ( peu de) sens civique que je peux avoir. C'est con à dire mais c'est vrai....
Plutôt que de tenter maladroitement d'expliquer mon amour pour ce mec, je vais me permettre de reprendre la "bio" de notre corbeau préféré pour en y apporter quelques corrections (voix larmoyante, ça va pas non) ou précisions qui viendront quelque peu enrichir ce petit historique.
Pour commencer, je voudrais juste signaler que contrairement à ce que dit Eric, jamais Springsteen n'a craché sur le drapeau US. Au contraire même: il aime fondamentalement son pays et ce qu'il représente dans l'inconscient collectif.Il conspue en revanche ce que certains veulent en faire (que ce soit Reagan dans les 80's ou la famille Bush ensuite). Son engagement politique a d'ailleurs été assez long à se dessiner (il disait ce qu'il avait à dire dans ses chansons, point barre) pour devenir aujourd'hui assez engagé (la tournée "Vote for change" en 2004).
Concernant sa discographie, quelques boulettes se sont greffées dans l'exposé du corbeau. NEBRASKA (chef d'oeuvre de noirceur enregistré seul at home sur un magnétophone 4 pistes) n'est en rien postérieur à BORN IN THE USA. Au contraire, Nebraska sort en 1982. Il est constitué de maquettes et démos qui auraient du constituer le prochain album à enregistrer avec le E-Street Band avant que Springsteen ne se ravise devant l'intimité se dégageant des bandes démos (et qui cadrait avec l'aspect pessimiste des compos) et décide de sortir l'album tel quel...Culotté quand même.
Après la déferlante Born In the USA, et devant la demande des fans (Springsteen est un des artistes à avoir générer le plus de bootlegs, ces concerts enregistrés à la sauvette, le magnéto planqué dans le calcifs, par les fans), Springsteen se décide de sortir le premier live de sa carrière. Mais plutôt que de se limiter à la dernière (et monumentale tournée) qui vient de s'achever, le Boss penche plutôt pour un triple live (et à l'époque c'est rare) qui viendra couvrir le spectre de sa carrière jusque là. Ce sera donc "Live era 75-85". Malgré le caractère proprement génial de la chose (c'est ce qui m'a fait vraiment découvrir le Monsieur), un goût d'inachevé est ressenti chez les fans, notamment parce que l'album omet (pourquoi? Personne ne le sait) la version absolument démentielle de "Prove it all night" que le groupe lors de la tournée "The River". Cette version est d'ailleurs aujourd'hui vue chez chez les afficionados comme la meilleure version live d'une chanson du Boss. Un aperçu de la chose juste en dessous (aaaaaah, la Fender Telecaster Esquire):
http://www.youtube.com/watch?v=C3vUKBOJ5sU
Après ce live, sort un an plus tard le sublimissime "Tunnel of Love". Si le son a vieilli (o y reviendra plus tard), le Boss, traversant une crise personnelle (son mariage avec un top model californien bat fortement de l'aile) se livre comme jamais dans des textes d'une beauté à tomber ("Tougher tna the rest", "Brilliant disguise", "Spare parts" ). Un album intimiste dans le plus sens le plus strict du terme.
Après cet album va suivre ce que l'on peut appeler une traversée du désert à la fois personnelle et artistique pour Springsteen. Il divorce à la fois de sa femme (pour se remarier avec sa choriste Patti Scalfia) et du E-street Band pour tenter, comme son ami Sting, de cheminer vers d'autres voies musicales. Le résultat sera en 1992 (et non 1987 mon cher Eric) le dyptique "Human Touch" et "Lucky Town". Si le premier est un ratage quasi intégral sur-produit, et enregistré avec des mercenaires de studios qui rendent l'album sans âme (y surnagent quand même quelques pépites comme la chanson titre ou "Every wish), "Lucky Town" est en revanche une franche réussite, où le Boss joue de quasment de tous les instruments au sein de son studio maison "Trill Hill". Un album véritablement à redécouvrir.
Mais le résultat est mitigé au niveau des ventes (pourquoi 2 disques séparés ?) malgré l'apport du MTV plugged où Springsteen envoie valser les règles appliquées au show de la chaînes des videoclips sans que cette dernière, assez mécontente, ne puisse y redire grand chose car...ben, c'est le boss.
Le retour en grâce s'opère avec la chanson composée pour "Philadelphia" qui deviendra la seule chanson de Springsteen connu du grand public français avec Born in The USA (je ne reveindrais pas sur la caricature de beauf riquain que le malentendu sue cett chanson a fait naître chez les étourdis).
Avant d'evoquer "Tom Joad", il est utile de rappeler que le greatest hits de 1995 sorti sur la demande de Sony, voit Springsteen rappeler le E-street pour enregistrer des chansons rien que pour l'occasion (dont le superbe "Blodd brothers"). Pourtant ce rappel ne sera que provisoire car, l'âge se faisant, Springsteen s'intéresse de plus en plus à l'histoire de son pays, et décide de dresser "12 portraits des oubliés de l'amérique" (comme l'indique le sticker de la pochette) reprenant à son compte le personnage de Steinbeck et les parallèles existants entre cette oeuvre sur la grande dépression et la situation actuelle de l'amérique (toujours d'actualité). Il adopte ici un ton proche de "Nebraska" même si les collaborateurs extérieurs sont ici présents (notamment la violoniste Soozie Tyrell qui deviendra membre à part entière de l'équipe). Le succès (surtout critique) est au rendez-vous avec une tournée mondiale où Springsteen apparait seul dans les fringues de son père.
En 1998 sort une nouvelle compilation sobrement appelée "Tracks" (4 CDS quand même) qui représente "ce que les albums précédents auraient pu être" c'est à dire qu'elle rassemble une grande partie des inédits des sessions d'enregsitrement de la carrière du Boss depuis 1975. Et arrive ce que tous les fans espéraient en secret, le "Reunion Tour", tournée absolument phénoménale où le E-street renaît de ses cendres pour revisiter 25 ans de carrière. Cette tournée magique sera immortalisée à la fois sur CD et DVD dans les indispensables bien qu'incomplets (encore!) "Live in New York City". A noter que lors de cette tournée fut écrite la sublme "41 shots: American skin", nouveau coup de poignard dans le rêve américain, la chanson revenant sur la mort d'Amadou Diallo, cet afro-Americain tué de 41 coups de feu par la police new yorkaise. Qui a dit que le Boss n'avait plus à dire?
American skin (il est larmoyant là ?) :
http://www.youtube.com/watch?v=-jc-0aqVfrE
L'oublié des Cd et DVDS de la tournée (encore une fois pourquoi?) "Blood Brothers " (avec son vers final rajouté en derniere minute à pleurer):
http://www.youtube.com/watch?v=f9YUVnbE6Ws
Après cette tournée triomphale, la réunion avec le E-street est effective mais un évènement inatendu va précipiter les choses: le 11 septembre 2001.Afin d'exorciser (à la fois pour lui et pour la Nation) le traumatisme des attentats, "The Rising" sort en juillet 2002.Loin d'être belliqueux ou revanchard, l'album est une vraie réussite avec des titres superbes comme "You're missing", "Paradise" (où Springsteen se met littréalement dans la peau d'un jeune teroriste kamikaze),'The Rising" ou "The Fuse" (repris par Spike Lee dans "la 25ème heure"). La tournée qui s'en suivra verra Spingsteen afficher de plus en plus son dégoût de la politique bushienne en matière d'interventionnisme .
Les évenements politiques américains (et les élections) verront clairement (et pour la 1ere fois) Springsteen se déclarer en faveur de Kerry notamment par le biais de la tournée "Vote for change". Sans succès bien évidemment. Springsteen creusera le sillon contre la guerre du Vietman dans son album suivant "Devils and Dust", mélange de nouvelles chansons et d'anciennes compositions prenant un tour particulier liés aux évenements en Irak. La tournée intimiste qui le suivra sera sans doute un des sommets de sa carrière, le voyant revisiter quasiment l'intégralité de son répertoire sous un angle inédit (piano, banjo, harmonica, guitare). Une expérience en tout point exceptionnel et rare, le Boss jouant avec sa voix comme d'un instrument, profitant de l'acoustique des salles pour chanter quasiment a capella ou quasiment sans micro:
http://www.youtube.com/watch?v=DctcskHStlY
Désireux de replonger au coeur de l'Amérique pour faire connaître celle qu'elle représente vraiment à ses yeux et non ce qu'elle devient, Springsteen se rapproche du folk et notamment des chansons oubliées de Pete Seeger dans le "Seeger Sessions: We shall overcome" sorti en 2006.album aux arrangements géniaux et enregistrés live, le disque s'accompagne d'une tournée où Springsteen est acccompagné d'un big band de 17 musiciens (une grosse section cuivre, banjo, piano honky tonk, violon...). Encore une fois, le boss se réinvente complètement, reprenant des standards folk ou gospel de manières totalement inédite (le tétanisant "When the saints go marching in") ou ses propres compositions sous des détours reggae, ska, irlandais, gospel. Un pur bohneur, pas forcément au gôut de tous les fans, mais qui donne une furieuse envie de danser et faire la fête.
Exemples:
"when the saints go marching in" gospel intimiste à chialer
http://www.youtube.com/watch?v=aff_zv76sCY
"American land" (l'amérique des racines multi-culturelles. je d"éfie quiconque de ne pas taper des pieds):
ttp://
www.youtube.com/watch?v=kuHIGn-ZXJM
Ramrod dans sa version ska-polka-cajun top fun
http://www.youtube.com/watch?v=fn2BWMpm5_I
Open all night dans sa version cotton club (et à paris en plus...faut attendre 2 minutes pour les images):
http://www.youtube.com/watch?v=Xen8DD6bh2k
Bref, le Boss est plus que vivant aujourd'hui et le futur s'annonce plus que prometteur. Un artiste qui se remet toujours en question. Etant un peu fatigué, je reviendrai plus tard pour quelques autres trucs sur lui et si vous le désirez quelques petites vidéos.
"Je dis aux jeunes : la fête, c'est la vie. La vie, c'est ton visage !" (Hommage à un disparu: Jean Pierre Raffarin)