A la limite du film experimental, Cruauté est un film difficile d'accés, sorte de plongée vertigineuse dans les méandres du cerveau où l'ombre perverse de la religion y plane surnoisement.
Quoi de plus complexe que le cerveau, essence même de la nature humaine où s'y tapissent pernicieusement les faces les plus obscures de l'Etre: folie, perversion, haine, mensonge, envie, désir... le tout régi par les diktat de la religion et de notre société et ses tabous.
Voilà un cauchemar blasphematoire à la croisée du cinéma de Lynch et de Jodorowsky, une representation de cette face obscure en quatre tableaux tous plus surréalistes les uns que les autres, véritable poéme macabre dont l'encre ou la peinture en sont le sang et le sperme, et la toile la folie et l'heresie.
D'une cruauté et d'une barbarie inouie qui risquent d'en repugner plus d'un, sorte d'essai arty quasi muet mais accompagné d'une BO lancinante, planante, se faisant angoissante et pesante soit lyrique et etherée, voilà un long cauchemar glauque, une descente dans l'Abominable, une plongée aux limites de l'insoutenable au plus profond de l'âme humaine et ses tourments sur fond de nulle part comme suspendu dans le néant ou sur fond multicolore irréel. On pense parfois à argento pour ses couleurs rouges et bleus qui se détachent sur fond noir profond.
Décrire le film est quasiment impossible tant il est visuel, d'une beauté esthétique glaciale, long clip où le lyrisme, l'onirisme le plus pur se melange à une orgie de cruauté rarement égalée à l'écran.
Heretique, blasphematoire, dérangeant, obsédant, vomitif, le film devient pourtant vite fascinant, cette fascination quasi masturbatoire qu'engendre la perversion et le Mal, jouissance née de cette souffrance extatique au sens biblique voire sadien du terme.
C'est une forme de representation de la bête qui sommeille en nous tous, cette cruauté latente qui se tapit au plus profond de notre être pour mieux exploser, nos tares, nos peurs exacerbées par les carcans dans lesquels on s'enferme.
Sans réelle trame narrative, chacun pourra y voir ce qu'il veut y voir et en fera sa propre interprétation.
RESUME:
Le 1er segment, Ovarian eye, s'interesse à une femme qui allongée sur une table se fait ouvrir le ventre au scalpel et de l'entaille la main en sort un oeil accroché à son nerf optique, l'oeil terrible, l'Oeil de Cain, celui qui sommeille en nous tous.
ATTENTION EXTREME...
Le 2eme segment, Human larvae, fait sans nul doute partie de ce qui existe de plus immonde et sadique cinématographiquement parlant, tourné de façon si réaliste et crue, rythmé par la voix-off de l'Homme nu, Le Grand Mastubateur, qui psalmodie sa folie telle une lancinante oraison funeste.
C'est ici un amour incestueux d'un frère pour sa soeur, amour obsessionnel, morbide, destructeur, nihiliste.
Il l'observe faire l'amour tout en se masturbant, le sperme coule entre ses doigts comme la vie qui lui échappe peu à peu, il se badigeonne de ce sperme tout en s'imaginant la torturer, plaisir infini de la souffrance et souffrir de plaisir.
Il en fait son animal, enceinte de son amant. Les vers rongent son cerveau, image de bébés putrides, il s'occupe d'elle sur le lit sale et détrempé, la nourrit.
Elle se met à se vider de son sang menstruel. Inceste puni par Dieu, menstruations punition de Dieu pour le péché originel.
Le sang coule à torrents de son vagin qu'il doit calfeutrer par des chiffons comme on calfeutre une fuite de plomberie, océan de sang qui s'échappe en rivière sur la couche.. Ils s'y noient.
S'ensuit la scene LA plus insoutenable jamais tournée au ciné, la plus malsaine et cruelle jamais présentée qui en fera défaillir plus d'un!!

L'enfant sort, cris de douleur sur ce lit souillé, la tête engluée emerge du vagin déformé et s'ensuit une des scénes les plus barbares jamais imaginée et tournée.
L'homme se saisit de la tête encore coincée dans le vagin boursoufflé et la découpe au rasoir sous les yeux et les hurlements de sa mère qui se vide, il arrache l'enfant du ventre de l'agonisante, lui colle devant son visage.. mélange hystérique d'images qui se croisent et s'entrecroisent, mer de sang, monticule de chairs rongées par les larves, irréel et surrealiste.
Il croque à pleines dents le cordon, la femme meurt de souffrance et d'horreur, épuisée, exsangue face aux lambeaux de ce qui fut son bébé, il place un ver dans ce qu'il lui reste de vagin, se couche prés d'elle, heureux, il l'aime.
Le 3eme segment, Rebirth, s'attache à des hommes et femmes nues, faisant l'amour en pleine nature sous un ciel vierge et fascinant de beauté. Ils font l'amour à la terre, la boue, la poussière, sorte de veneration de Mere Nature, d'adoration, véritable bacchanale ou tous communient de façon paienne avec la Terre.
Les éléments se mèlent au sperme, le sol s'ouvre tel un vagin béant dans lequel l'homme plonge ses mains, trous remplis de sang putride, de merde chiasseuse dont il se badigeonne, la terre est un corps vivant, un corps de femme qui donne la vie.
La Femme, elle, suce une branche phallique, éjaculation de sang, les arbres saignent.
Détruire la Nature c'est détruire la vie.
Incarnation de Jesus et Marie, tout de blanc vêtu, l'homme suce la Femme, un poignard planté dans son vagin en guise de sexe en erection. Il suce avec energie la lame acérée qui lui déchire la bouche, lui taillade les joues et massacre les chairs, le sang fuse, éjaculation volcanique, magma de chair buccale en bouillie.
L'amour de la religion ou le plaisir mortel qui conduit à la mort.
Le dernier sketche, Martyrdom, nous offre une vision plus qu'heretique du martyr de Jesus.
Un homme se masturbe jusqu'à l'orgasme devant un film X. Le sperme coule lentement entre ses doigts lorsqu'apparait son double, une main noire, sa conscience, incarnation de la culpabilité qu'on a tous en nous.
Tu ne te masturberas point! dit la Bible. Ceci est péché.
Et péché doit être puni. La main de la culpabilité lui arrache le pénis, insoutenable, sa peau se déchire, craquèle, le sexe se détache du bas-ventre, hurlements inhumains, souffrance paroxysmique, le pénis s'envole, déchiqueté, trou béant dans le ventre sous le regard de la Croix, des icones et des statues eternelles.
Jesus est partout, dans la rue, religion veritable carcan qu'il faut détruire. Jesus est trainé dans une église par trois harpies puis violé, castré avant d'être dévoré vivant, une des séquences de cannibalisme les plus incroyablement réalistes jamais tournée là encore.
Les mains des furies lui arrachent la peau, déchirent ses chairs, plonge dans ses entrailles dont elles se gavent à pleines dents, amas de chair ensanglanté et hurlant puis lui arrachent la bouche.
Representation blasphematoire de la Cene, festin cannibale d'une violence inouie. Decoupé au rasoir, Jesus est forcé de manger son propre corps, symbole de l'hostie. Mange! ceci est mon corps. Boire son sang, Bois ce vin, ceci est mon sang!
Un homme se fait sodomiser, l'anus réduit en charpille par le baton du divin Berger, négation de toute vie, acte hérétique contre-nature donc contre Dieu.
Ceci donne une vision de cette oeuvre subversive difficile et blasphématrice, sorte d'introspection philosophique qui en fera fuir plus d'un mais laissera béats ceux qui comme Eric n'ont aucunement peur de repousser les limites de l'Insoutenable et de la cruauté et les amateurs d'un certain cinéma experimental arty... et avec kiki éjaculant en gros plans en plus!!


Une oeuvre estampillée Pur sceau Draven!!



Le corbeau heretique et contre-nature qui regarde avec son oeil anal!
