Au XIXème siècle, un jeune paysan est arrêté après avoir été surpris en train d'assassiner à la serpe une bonne partie de sa famille. Avant son procès, il rédige sa version des évènements...

"Moi, Pierre Rivière..." s'inscrit dans une tradition assez française de reconstitution de faits divers authentiques d'époque, comme "Les blessures assassines" et "Le juge et l'assassin". Il s'agit d'ailleurs là-aussi d'une réussite. La démarche est assez "nouvelle vague" (panachage d'acteurs professionnels et amateurs recrutés parmi de vrais agriculteurs, décors naturels, pas de musique) et le rythme est délibérément lent. Néanmoins, le début pose d'emblée la fascinante énigme Pierre Rivière et va tenter d'en dresser un portrait.
Inspiré d'un dossier établi par le philosophe Michel Foucault, "Moi, Pierre Rivière..." décrit un cas criminel s'inscrivant dans des contextes historique et social très précis, qui vont jouer un grand rôle dans le passage à l'acte de l'assassin. Considéré comme l'idiot du village, Pierre n'en est pas moins un garçon intelligent, mais peu adapté à la réalité où il se retrouve : il se voit héros royaliste, mais il n'est qu'un rêveur dans un petit village, un adolescent pris dans la tempête conjugale qui déchire son père et sa mère, une folle acariatre...
Plus de deux heures de métrage au rythme posé, certes, mais aussi une immersion fascinante dans un autre temps, un autre lieu, un autre rythme de vie, qui apporte toute sa singularité à ce film. Il mérite bien d'être redécouvert ces jours-ci : il ressort d'ailleurs sur le câble (ciné cinéma culte) et en salles en ce moment, dans la foulée de "Retour en Normandie" de Nicolas Philibert, qui revient sur le tournage de ce film (auquel Philibert participa alors en tant qu'assistant).