"Assassins et voleurs" est l'avant-dernière réalisation pour le cinéma de Sacha Guitry, sortie en fait l'année de sa mort. Il n'y joue cette fois-ci aucun rôle, laissant à Jean Poiret le loisir d'être en quelque sorte son alter ego juvénile. Poiret accompagné bien entendu de son compère Michel Serrault pour l'occasion... Guitry tourne ici le dos aux grosses productions historiques du genre "Si Versailles m'était conté" qui avait caractérisé les années précédentes de sa carrière. Il revient à une fable immorale et spirituelle, dans la parfaite continuité du "Roman d'un tricheur", son chef-d'oeuvre.
Noir et blanc, ambiance théâtrale, astucieuses trouvailles cinématographiques, liberté de ton et de situations (inimaginable dans le cinéma hollywoodien de la même époque pour tout ce qui concerne le sexe !) qui ne sombre jamais dans la facilité ou la vulgarité... Malheureusement, après une très bonne première partie, "Assassins et voleurs" se fourvoie un peu dans une histoire policière et judiciaire moyennement intéressante, donnant lieu à des incartades moyennement drôles (la tirade de Darry Cowl au procès). On se retrouve donc devant un Guitry honnête, mais indéniablement tardif, auquel il manque un peu de peps et de rigueur pour qu'on puisse vraiment adhérer à fond...

Le film est passé sur France 3 vendredi dans une très bonne copie 1.33 noir et blanc ; il existe aussi en dvd chez René Chateau.
