Le cinéma anglais des années 60 a produit nombre de films aux atmosphères plutot curieuses, à mi-chemin entre plusieurs genres. The Third Secret, un autre petit chef d'oeuvre méconnu par exemple, mais également ce Rideau de brume. Extraordinaire thriller feutré teinté de fantastiq!e qu'est cette Seance pendant un après-midi pluvieux.
Une medium (Kim Stanley) élabore un plan afin de se rendre célèbre. Elle force son mari (Richard Attenborough) à enlever une jeune fille d'une famille riche et de mander une rançon. Elle se présente ensuite à la famille afin de les aider dans leurs recherches.
Un noir et blanc emprunt de mystère. Une atmosphère feutrée et pesante. Et surtout, un film porté par l'interprétation très étrange de Kim Stanley (qui fut d'aileurs nominée aux Oscars pour l'occasion). A moitié hallucinée, entre folie douce et détermination froide, le spectateur ne sait jamais si elle manipule son mari ou si celui-ci la laisse le manipuler.
La camera se veut volontairement claustrophobe, au point d'en oublier presque le décor (voir les scènes de debut et de fin de film qui se répondent comme un miroir). Tant aussi on assiste à une lente dégradation psychologique de la medium, au fur et à mesure que le scénario laisse échapper des événements du passé. Forbes réussit un film avec relativement peu d'action, préférant se focaliser sur la menace sous-tendue en permanence, de la mort qui rode et des relations tordues qui s'enfoncent.
La partition de John Barry est assez macabre, collant parfaitement au ton noir du film. Qui vogue entre fantastique (serait-elle en liaison avec son fils mort-né?) et drame personnel.
Produit par Richard Atenborough et Bryan Forbes même, ce film inspira directement le film Seance de Kyoshi Kurosawa.
Revu sur une copie TV enregistrée sur Cine Cinéfil en mars 1997. 1,66:1, NB, 1h51.
Un dvd Z2 UK est disponible:
