
Ce sont des dizaines de pages d'analyse que je pourrais pondre dessus, essayons de synthetiser.
Tiré du roman de Burgess, Orange mécanique fit en son temps couler beaucoup d'encre au moment de sa sortie, déclenchant les foudres de la censure pour violence et sexe outranciers.
Si aujourd'hui cela peut paraitre bien exagéré remis dans le contexte de son époque, 1971, on peut aisement comprendre le malaise qu'il suscita.
Orange mécanique traite du problème de la violence et de ses relations complexes avec la société ainsi que de son abolition par des moyens thérapeutiques extrêmes hérités de Pavlov.
Le film pose la question de savoir alors si une peine est une condamnation définitive et sans retour ou si elle peut être réparatrice. En abolissant toute pulsion violente chez l'Homme, le privant ainsi du choix entre le Bien et le Mal donc de son humanité propre, ne le condamne t'on pas à mort?
La réponse est donnée par l'aumonier lui même: Quand un homme cesse de choisir il cesse d'être un homme.
L'ultime image du film montrant Alex violant si jouissivement une victime en s'ecriant "Je suis guéri" synthétise dans toute sa resplendissante brutalité la réponse.
Situées dans une société future typiquement so-british et surtout et avant tout si sûre d'elle- afin le croit elle- les victimes d'Orange mécanique deviennent des bourreaux et les bourreaux des victimes.
Le peuple n'agit pas selon sa propre éthique mais selon la loi qui exige que l' Homme aille vers le Bien, en obéissant docilement sous peine de represailles.
On est face au schéma-type de la parfaite société totalitaire comme la litterature et le cinéma les affectionnaient tant en ce debut 70s et on pense bien evidemment à 1984 ou I cannibali entre autres exemples.
Trés 70s dans sa forme et sa démarche, Orange mécanique c'est aussi la féroce critique du pouvoir et des politiques corrompus mais également celle tout aussi brutale des psychotherapies comportementales proche de la torture et de la lobotomisation ce qu'est en fait le programme Ludovico testé sur Alex.
Alex dans tout ce maelstrom s'il est présenté comme un voyou de la pire espéce devient alors un héros. Il est peut être le seul être humain de ce monde où tous sont des produits de cette société totalitaire, libérant leur violence dés qu'ils le peuvent.
Alex represente finalement l'Homme, il est l'Homme avec un grand H caracterisé par l'amour de la violence, l'amour de la beauté et l'amour du langage dixit Burgess lui même. On ne peut donc qu'éprouver de la sympathie voire de la compassion pour ce jeune garçon.
Et ce tryptique est parfaitement respecté ici. Le langage y est trés important, langage nouveau parlé par Alex et ses droogies, à la fois raffiné et percutant.
La beauté et l'esthetique également tiennent une grande place dans le film, une esthétique trés 70s, certes kitsch mais totalement fascinante quasi visionnaire, qui aujourd'hui demeure superbe et contribue à la force du film au même titre que les tenues vestimentaires et maquillages que portent Alex et ses droogies... dont on pourrait trouver écho à la fin des 70s lorsque Balavoine chanta "Des hommes qui se maquillent ca fait rire les passants, mais quand on sort nos lames tachées de sang.."
La violence et l'amour qu'on lui porte, un amour presque sexuel et le sexe va de paire avec la violence ici, est omni-présente notamnent lors de toute la 1ere partie.
Jadis considérée comme insupportable, si elle n'est guère sanglante ou graphique elle y est davantage chorégraphiée et effective mais demeure un explosif cocktail de sexe et de brutalité mélées où s'enchainent pour notre plus grand plaisir viols et passages à tabac.


Le sexe tient une part importante, il est quasiment partout: dans les actes- les viols ou les filles faciles qu'Alex se fait- mais aussi dans les décors- la femme aux chats, ses peintures pornos et ses statues phalliques- sexe et violence sont indissociables et ne forment qu'un seul plaisir unique qui méne à la mort parfois- la femme aux chats tuée d'une sculpture phallique plantée dans la bouche.
Autre facteur important: la musique mélant savamment le grand Ludwig Von et des melodies synthetiques qui sonnent encore aujourd'hui fort modernes. La musique si elle fait partie intégrante du film contribue enormement au coté psychologique instable des héros.
Magistralement interprété par Malcolm McDowell dans le role d'Alex qui avec Caligula tenait là son meilleur rôle- Si dans le roman Alex et ses droogies ont 15 ans, il fut impossible à l'époque de tourner avec des adolescents d'où le fait d'avoir vieilli quelque peu Alex- Orange mécanique c'est aussi tout un casting exceptionnel: Patrick McGee, grimacant et inquiètant à souhait, la Corri si joyeusement tabassée et violée, Anthony Bates, Paul Farell, David Prowse futur Dath vader...
... et un eventail de jeunes ephèbes brutaux plus celestes les uns que les autres: Richard Connaught et Michael Tarn qui enfant m'ont tourné la tête et dont j'ai mis bien 20 ans à retrouver.


Toujours aussi d'actualité aujourd'hui, Orange mécanique, film intemporel, n'a rien perdu ni de sa feroce beauté ni de sa puissance encore moins de sa fracassante lucidité.
Le chef d'oeuvre de Kubrick pour l'eternité.

Demain Eric vous dit tout sur les jeunes Michael Tarn et Richard Connaught ainsi que les autres jeunes acteurs du film..


Orange mécanique reste pour moi apres Salo, mon film culte.. J'ai du le voir 15 fois au cinéma à sa re-sortie ciné alors int. aux - de 18 ans mais je passais outre- merci papa



Je ne compte pas les visionnages VHS, un par semaine facile, jusqu'a l'arrivée de Salo qui prit alors sa place.. puis le DVD...
Ma chambre était un havre Orange mecanique, j'eus même une simili-tenue Orange mecanique confectionnée par mes soins.. Mes chats se nommaient selon les heros du film.. jusqu'à Salo... :oops
Et si je devais me reincarner en personnage de film je serais sans l'ombre d'un doute soit Alex donc ou un des quatre bourreaux de Salo, à savoir le Duc!

Orange.. Salo.. La maladolescenza.. toute la vie d'Eric en 3 films!

On comprend ma joie à son passage TV demain.. à 20H50.. chose inimaginable il y a encore quelques années!!

Le corbeau mécanique qui adore le jus d'orange.
