Johnny Bannon, un caïd de la pègre britannique, prépare en prison un hold-up juteux. Il l'exécute aussitôt après sa libération. Dénoncé par son ex girlfriend, il retourne au pénitencier tandis que le butin du coup a mystérieusement disparu...
Chassé d'Hollywood au début des années 50 par la chasse aux sorcières anti-communiste du McCarthysme, Losey trouve refuge en Europe où il tourne des films parfois sous pseudonymes. Les années 60 marque un rétablissement dans sa carrière. Si "The Servant" en 1963 marquera un tournant très important, un thriller comme "Les criminels", de facture luxueuse, indique quand même un net mieux dans sa carrière.
Il s'agit d'un film de gangsters assez classique, jouant à fond la carte du cliché et du pittoresque britannique. Sa structure et ses enjeux rappelle un peu "Du riffifi chez les hommes", siné par un Jules Dassin, un autre blacklisté en exil européen !
Stanley Baker incarne ici un gangster dur de dur, qui impose sa loi dans la taule à coups de poings brutaux et rapides. Il est confronté à une faune de détenus et malfrats haute en couleurs (vous y reconnaitrez le Hercule de Jason et les Argonautes et même, me semble-t-il, le Harker de Le cauchemar de Dracula). C'est surtout un assez jeune Patrick Magee qui marque le spectateur en maton retors et assez lâche, oscillant entre le camp des prisonniers et celui de la loi. Sa ressemblance avec Jeffrey Combs est parfois étonnante !
Superbement photographié en noir et blanc, souvent très soigneusement réalisé, "Les criminels" marque surtout par les scènes de la prison, de loin les plus intéressantes. On regrette quand même un peu que ce très solide spectacle policier ne parvienne jamais à vraiment sortir des rails des conventions et n'offre à Stanley Baker, acteur remarquable, qu'un rôle relativement monolithique.
Un autre rencontre entre Losey et Baker, plus initimiste, le remaraqueble "Accident" me paraît plus convaincant, même si "Les criminels" reste une solide tranche du cinéma à l'anglaise d'alors...
Le film existe en dvd en France chez studiocanal. Il passe aussi en ce moment sur Ciné Polar en Vostf, très belle copie 1.77, et ce en dépit de la définition toujours anormalement "douce" de cette chaîne. Signalétique "-12"