I Maniaci - Lucio Fulci (1964)

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manuma
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I Maniaci - Lucio Fulci (1964)

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Le portrait satirique de quelques individus victimes de la maniaquerie de leur proches ou développant de petites obsessions aux conséquences parfois tragiques, le plus souvent comiques.

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L’une des ½uvres de jeunesse les plus ambitieuses de Lucio Fulci … me semble t’il (car je connais assez mal la période pré-60’s de sa filmo). Son titre et la présence au générique de Barbara Steele m’ont longtemps laissé penser qu’il s’agissait d’un pur produit de la vague giallesque bavienne du début des années 60. Ben non ... I Maniaci est en fait une comédie à sketchs co-écrite (entre autre) par le duo Pipolo & Castellano, tirant ouvertement son inspiration du grand classique du genre, Les Monstres, signé par Dino Risi l’année précédente. On y retrouve la même liberté de forme et de fond. La durée des sketchs est très variable, le plus court, Il Sorpasso, durant moins de deux minutes, le plus long, Il week-end, dépassant le quart d’heure. Certains se passent de dialogues (Il Strip) alors que d’autres puisent intégralement leur substance comique dans l’ironie des échanges verbaux. Côté humour, il y en a également pour tous les goûts : plusieurs histoires tapent dans la grosse farce sexuelle, d’autres sont beaucoup fines.

Même si dans l’ensemble on n’atteint jamais la classe du film de Risi et notamment sa noirceur délicieusement agressive dans l’humour (malgré quelques belles pointes d’humour noir dans les sketchs I Consigli et La Cambiale), I Maniaci est plutôt une bonne surprise et remplit au final plus qu'honorablement son contrat : celui de se moquer de petits travers, faiblesses et autres aspects peu reluisants de l’individu dans ses rapports aux autres comme dans sa conduite en général au sein de la société.

A la vision de ce Maniaci, difficile en revanche d’anticiper l’orientation ultérieure de l’½uvre de Fulci. Au niveau de la réalisation, on ne peut que retenir l’efficacité avec laquelle il emballe le tout et – peut-être le seul signe avant coureur fort de la personnalité à venir du cinéaste - l’indéniable aisance dont fait preuve sa mise en scène lorsqu’il s’agit de nous offrir à mater de belles actrices en tenue très légère, un goût pour les superbes plantes et un talent dans l’art de filmer la nudité féminine qui explosera dans ses futurs giallos et rares comédies de la décennie 70.

Un mot sur le casting pour conclure. Par rapport à celui de son grand frère, Les Monstres, il navigue dans des eaux beaucoup plus bis, mais s’avère tout aussi fréquentable. On retrouve donc Barbara Steele, dans un rôle surprenant puisque normal (j’entend par là qu'elle n'est ni spectre, ni folle ni gardienne de prison lesbo) mais également dans le désordre le duo de rigolos Franco & Ciccio, Walter Chiari, Enrico Maria Salerno, Margaret Lee ou encore Vittorio Caprioli, Lisa Gastoni et Franco Fabrizi. La musique est signée Ennio Morricone. Il s’agit de l'une de ses premières partitions, orientée pop, qui sent bien elle aussi l’½uvre de jeunesse, à la personnalité discrète, même si certains morceaux portent en eux les germes des expérimentations musicales pour giallo du maître alors que d’autres laissent entrevoir son goût futur pour les envolées lyriques baroques (le thème composé pour le sketch La Cambiale).
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