Pour moi un des meilleurs films français de tous les temps! Un vrai chef d'oeuvre inquiétant doublé d'une fable sociale et politique redoutable.
Après une déception sentimentale, Hélène Masson (Annie Girardot) part en cure marine à l'institut de thalassothérapie du Dr Devillers (Alain Delon) où elle retrouve son ami Jérôme (Robert Hirsch). Très vite, elle trouve que le personnel a un comportement étrange et ses doutes s'accentuent lorsque Jérôme est retrouvé mort. Elle décide d'en savoir plus sur cet institut... des expériences médicales bizarres y tiennent lieu...
Tout simplement un des meilleurs films français de ces 30 dernières années, réalisé par un réalisateur injustement méprisé et boudé à la fois par la critique et le public, Alain Jessua (qui est ici également producteur, scénariste et compositeur de la musique).
[Quelques Spoilers peuvent surgir ça et là]
Entre parabole sociale et point de vue sociologique (les puissants de ce monde se repaissent non seulement de la sueur des travailleurs immigrés pour le sale boulot mais également de leur chair) , cet étrange thriller à mi-chemin entre la science-fiction et le fantastique fait froid dans le dos.
Dans une France Pompidolienne hypnotisée par le racisme tranquille, les promesses économiques molles et la censure à la petite semaine, Traitement de Choc fait office de bombe. Contre le(s) pouvoir(s) en place, contre lequel l’individu lambda semble brisé d’avance : il s’agit d’un thème plutôt courant dans les 70 (André Cayatte s’en est fait un porte-drapeau efficace). Le racisme, qui va bien au-delà de la couleur de la peau mais du mépris de l’autre et de son infériorité mentale et physique par les puissants.
Ensuite, la représentation de l’homosexualité. Robert Hirsch y incarne un gay à la quarantaine allègre qui, comme chacune des personnes entrant au Centre de Remise en forme, se sent vieillir et sent échapper sa vie de couple. Il est décrit comme un individu intégré dans la société où il vit, avec les bonheurs et les soucis de tout commun mortel. Et c’est suffisamment rare dans le cinéma français des années 70 pour être noté.
Et en enfin la nudité assumée et libérée des stars Girardot/Delon, qui n’hésitent pas à tout retirer devant la caméra et d’afficher une totale liberté de leurs corps. Même s’il s’agit d’années 70 où chacun redécouvre la nature et ses vertus, c’est un vrai choc !
De l’exploitation de la main d’œuvre étrangère jusqu’à leur assimilation par nos dirigeants jusqu’à l’individu broyé par un système corrompu jusqu’à la moelle sur un canevas de film de genre, Traitement de Choc est, jusqu’au bout de sa terrifiante scène finale, une véritable réussite. Il réussit son passage à travers le temps et passe simplement de la science-fiction à une certaine réalité de l’horreur quotidienne en l’espace de 30 ans.
Alain Jessua fut un visionnaire de ce que les beaux lendemains pouvaient nous offrir (Armageddon, Les Chiens, Paradis Pour Tous…).
30 ans après, son propos est toujours d’actualité. Hélas.
Il repasse sur Cine Cinemas pour celles et ceux qui ont la télé adéquate le 25 Juin à 09H10,
le 28 Juin à 00H00.
... sans comprendre la parabole sociale, ce qui prend encore plus de force après coup.
Ah! Ces japonais et leur pudibonderie déplacée!!!
). Le mécanisme de domination qui s'articule autour du pseudo médecin mais vrai gourou Delon est très inquiétant, au point que même lui n'est finalement qu'une pièce interchangeable sur l'échiquier. Flippant!