
Manhattan baby est un petit film d'horreur qui derrière ses apparences baclées n'est pourtant pas démuni d'interet si on prend le temps de s'y attarder un tant soit peu ne serait ce que pour sa splendide séquence d'ouverture tournée en Egypte.
Fulci y met en effet tout son art à l'oeuvre, son sens de l'étrange, du Fantastique et de la peur. On y retrouve ses gros plans notamment sur le regard de l'enfant en transe perdue dans ces étendues dorées et ensablées, écrasées par un ciel bleu azur.
A travers ce simple plan, il parvient à créer cette sensation de menace, oppressante, étouffante juste avant l'apparition de la vieille femme aveugle qui donnera l'amulette à l'enfant. On songe alors inéluctablement à L'au délà.
La suite ne retrouvera malheureusement plus cette grandiose atmosphère. Le film se perd dans une intrigue confuse et brouillone où les personnages disparaissent et réapparaissent sans véritable explication.
Manhattan baby se transforme en une histoire de prémonition et de malédiction inter dimensionnelle et inter continentinale assez tortueuse où Fulci lui même semble se perdre.
Si la petite fille grâce à son amulette developpe ses pouvoirs et ses dons prémonitoires afin de manipuler son entourage, son jeune frère voyage quant à lui dans l'espace-temps, ses pouvoirs interferant avec ceux de sa soeur afin de mieux nous égarer dans un scénario déjà fort complexe mais surtout brouillon.
C'est alors qu'entre en jeu une secte, celle de La Grande Ombre, sur laquelle la fillette et son scorpion veillent jalousement alors que les morts tombent comme des mouches tout autour d'elle.
On atteint là des sommets d'absurdité, sommets desquels le spectateur ne redescendra plus, se contentant d'admirer les quelques effets spéciaux et quelques plans comme seul le Maestro savait en faire.
On sent bien sûr des reminescences de L'exorciste et de Rosemary's baby teintées de La malediction de la vallée des rois pour sa partie égyptienne mais en l'état il est evident que le film est un des plus faibles de Fulci même s'il n'est pas son plus mauvais, Manhattan baby n'atteignant heureusement pas le niveau de ses dernières oeuvres.
Souffrant d'un script qui fut remanié en cours de tournage par Dardano Sacchetti apellé alors en catastrophe et d'un budget revu à la baisse, Manhattan baby sera selon Fulci lui même qu'un simple film de commande qu'il ne porta jamais dans son coeur.
Certains passages sont visuellement trés beaux, le spectateur y retrouvant ce visuel macabre si cher au maitre comme ces plans de la chambre se transformant en désert de sable, la main putride sortant du mur ou les scénes gore qui réjouiront l'amateur même si souvent elles tombent un peu à plat: l'attaque des oiseaux, la fillette vomissant des sangsues même si cette fois Fulci joue sur une horreur plus subtile que lors de ses précédents films.
On retiendra aussi l'interprétation de la Boccolini- pas Laurence

A ses cotés les frisettes de Christopher Connelly et l'ingrate Martha Taylor semblent bien fades.
On reconnaitra également mon petit Giovanni Frezza, jeune régulier des films du maestro et cette garce de De Ponti, bien sage cette fois.
Au final, Manhattan baby, bercé par une magnifique bande-son signée Fabio Frizzi, par ses quelques qualités et scénes typiquement fulciennes n'est pas l'oeuvre catastrophique que beaucoup voient même si le tout reste trés faible, Fulci semblant fort mal à l'aise cette fois dans cette histoire qu'il ne contrôle pas.
Navrant et confus certes mais pas entièrement mauvais.