Le petit fossoyeur

[mercredi]

Inconnu du grand public, “Le petit fossoyeur” mérite pourtant que l’on s’attarde sur deux albums respectivement parus en 1999 et 2000. Se produisant régulièrement dans les cafés et bars de leur Bretagne natale, les musiciens Erwan Mazé, Dédé Martin, Arnaud Le Gouefflec et le chanteur Tanguy Arzel enregistrent un premier disque au titre évocateur puisque servant tout pareillement à qualifier le groupe. “Le petit fossoyeur” devrait constituer une agréable surprise pour les personnes enclines à préférer les paysages embrumés, figures mythologiques et monstrueuses aux amourettes de banlieue, déceptions sentimentales et autres introspections. Ainsi nous plonge t-on au sein du quotidien d’un jeune croque-mort (Le petit fossoyeur), dans un château hanté (Je suis un château en Écosse; Mr Bidaud et le fantôme), au bord d’un océan déchaîné (Cornu) ou sur une lande désertée (Monsieur de Kersatan). Complainte d’un spectre, cauchemars éveillés (Madame Hortense) et “Véritable histoire de Jacques Léventreur victime et pourfendeur de l’ordre social”, le fantastique alimente donc dix ballades où l’ironie, voire l’humour noir, éclairent ou au contraire enveloppent une mélancolie omniprésente. Peut-être plus rock, “Le Petit Fossoyeur dans l’espace” n’abandonne pas pour autant la référence littéraire pour évoquer “Camille Flammarion” (notamment théoricien de la quatrième dimension), une sorcière toxicomane (Sornettes) ou la splendeur d’une constellation (Description d’une constellation). Originaux et délicieux, ces deux albums ne paraissent pas avoir beaucoup interpellé les mélomanes de jadis. Dommage.