C'était donc mon film de Noël pour 2007. Certains regardent LA VIE EST BELLE ou ce genre de connerie mais, moi, je regarde un film d'hommes avec ce réveillon sous une pluie d'acier ! Je déconne...
LA BATAILLE DES ARDENNES est un film étrange. D'un côté, c'est une production prestigieuse à grand spectacle et, de l'autre, c'est un film extremement mal foutu. Mon avis a ce niveau là ne change pas entre les différents passages télévisés et une nouvelle vision grâce à un disque "récemment" sortis.
Première surprise, le film est sensé nous montrer l'affrontement dantesque de colonnes de chars Panzer et Tigre contre les Sherman américains. Forcément, la chose va être spectaculaire mais on notera bien vite que les traits assez particuliers des blindés allemands n'ont pas le droit de cités ici. Et pour cause, ce ne sont pas des chars allemands qui sont utilisés mais des blindés datant de la Guerre de Corée (postérieur de quelques années aux événements présentés ici). Et ce pour les deux camps. Embarassant mais pas forcément rebutant puisque le spectateur moyen n'a rien d'un expert militaire. On pourra aussi trouver curieux que les Ardennes ressemblent a de desertiques plaines vallonnées alors qu'il devrait s'agir de forêts. Qu'importe, les images spectaculaires sont bien là, les blindés évoluent dans tous les sens, on se tire dessus à coup d'obus dans le plus parfait chaos d'où émergent quelques images d'ensemble plus spectaculaire. Soyons clair, pour la réalité historique, c'est donc pour le moins mal barré !
Comme tout grand film de guerre de l'époque, on a rameuté pas mal de têtes connus de façons à personnifier les personnalités (ici, la plupart n'ont jamais existé !) du conflit. Henry Fonda se balade, Charles Bronson joue les durs commandant une troupe d'infanterie, Telly Savalas se la joue moins psychotique que d'habitude (il a meme une scene émouvante avec une aubergiste), Robert Ryan joue les grands chef honorables et Dana Andrews se plante quelque peu dans son appréciation militaire du conflit. Du beau monde qui sera surtout eclipsé par Robert Shaw incarnant ici un officier allemand très ambigus. L'homme ne semble pas plus attirer par les femmes, la culture que les bonne bouffe. Hessler, personnage fictif toujours, est surtout un militaire qui vit par et pour la guerre tout en rêvant d'un conflit sans fin dont la vie serait le but ultime. Forcément méchant, quoique ayant un comportement plus honorable que ses superieurs dont la fin justifie les moyens, ce personnage est magnifié par l'acteur. Les images où il se tient droit comme un I au sommet d'un char devançant une ligne de blindée finit de l'établir comme un personnage à la limite du mythique.
Toutefois, le gros soucis de LA BATAILLE DES ARDENNES, c'est qu'en dehors de ce personnage, pas vraiment sympathique, la plupart des autres sont inexistants ou ininteressants. Du coup, on finit par suivre d'un oeil distrait cet étrange histoire d'offensive devant être menée en 50 heures chrono pour bénéficier de la non clémence météorologique. Encore une fois, ça craind car la majeure partie du film se déroule avec un ciel couvert mais pas vraiment agressif, au pire quelques flocons de neige s'invitent a l'image ou bien du brouillard fait son apparition seulement pour les besoins d'une séquence. Autre aspect curieux, le film narre donc une guerre éclair qui doit briser les troupes ennemis se devant alors de réagir rapidement. Et, là encore, le film surprend car tout le monde se déplace a deux a l'heure. On prend son temps, on bat en retraite en clopinant.
Autant dire que LA BATAILLE DES ARDENNES n'est pas le film de guerre ultime, loin de là. Souvent ennuyeux et le plus souvent dénué de réelle implication du spectateur, le spectacle se déroule assez mollement. La faute, peut etre, à Ken Annakin. Ancien réalisateur pour Disney (LES ROBINSONS SUISSE, entre autres), il aura fait parti des cinéastes ayant oeuvré sur LE JOUR LE PLUS LONG. Là, en solo, il offre un spectacle trop classique, trop posé, trop mou, trop vide pour passionner. Mais le vide, il vient aussi du scénario, soyons honnete, puisqu'il ne réussit pas à faire vivre ses personnages ou a nous transporter dans cette course contre la montre. Dommage !
Filmé en Cinerama... Ou plutot en Ultra Panavision, le logo Cinerama etant devenu a l'epoque plus un prete nom qu'autre chose. Quoi qu'il en soit, pour s'accorder aux grands écrans du Cinerama, on ne compte pas les séquences qui rappellent les dérives de la 3D. Ainsi, lorsqu'un train roule sur des rails, on en profite pleinement durant plusieurs minutes en se plaçant devant la locomotive. De droles de séquences qui viennent alourdir le rythme déjà très mou du reste du métrage. Puisque l'on parle de technique, on notera aussi quelques faux raccords (des soldats placent des charges explosives sous un blindés, le plan suivant, les charges ne sont plus la ce qui n'empeche pas le char d'exploser). Mais le plus bizarre, c'est cette scene ou Robert Shaw renvoie une call girl allemande. C'est comme si il manquait un bout de séquence. Mais ca n'inquiete pas Ken Annakin dans le commentaire audio. C'est donc probablement normal !
Ajoutons enfin que Eugene Lourié a travaillé sur le design du film. Pour ceux qui ne savent pas, c'est le réalisateur, entre autres, de GORGO. Il y a fort a parier qu'il a du toucher aux maquettes et aux décors. A ce niveau là, LA BATAILLE DES ARDENNES ne déçoit aucunement. La destruction de Ambleve est spectaculaire tout comme la ville allemande en ruine où se situe le quartier général allemand.
La chose est disponible dans son format cinéma, indiqué 2.76 sur la jaquette (si vous avez une TV 33cm, oubliez tout de suite !), en DVD Collector et, plus récemment en HD (pas de jaloux, c'est Blu-ray ou HD-DVD, comme tu veux). Vu sur un Blu-ray, l'image est absolument magnifique. Quelques plans sont moins réussis que d'autres en raison des contraintes techniques de tournages. Par contre, on notera que curieusement, les côté gauche et droit de l'écran sont plus clair que le centre de l'image. C'est surtout visible sur le côté gauche. Il y a aussi une scene ou la luminosité s'éclaircit pour revenir a un niveau normal chaque seconde tout au long d'un dialogue !
Il n'en reste pas moins que l'impression de relief de certaines sequences est assez surprenant. Faut il encore apprécier le film, bien sûr, pour considérer l'achat sur ce seul argument ! Le mix 5.1 est très honnête, ce n'est pas la foire aux gadgets audio, heureusement. Les suppléments sont tous en 480p (definition DVD) et reprend en fait ce qui était disponible sur le DVD.