C'est sans fioriture aucune ni concession que Donovan met en scène de façon glaciale ce scénario.
Dés les premières images, on pense à Assaut auquel Siege fait référence mais également aux Chiens de pailles et Orange mécanique.
Dés les premières minutes, Donovan situe son film et dans le temps et dans le lieu de l'action, implacable, froide, cruelle.
Nous sommes à Halifax où la police est en grève depuis de nombreux jours suite à une recrudescence de la violence.
C'est sans plus tarder que le film débute, au coucher de soleil pour se terminer au lever de celui ci, aube salvatrice pour un groupe de personnes qui une nuit durant vont devoir se battre pour leur survie.
Une nuit d'horreur qui trouve son origine dans un bar homosexuel

Tant le bar que ces jeunes voyous font penser à Orange mecanique, la violence et la haine homophobe ici étant un jeu, un passe-temps à la fois ludique et utilitaire. L'homosexuel represente la lie de la société, une race à exterminer pratiquant des actes contre nature.


Aprés l'humiliation et l'intimidation- penché sur le bar, une bonne sodomie s'appretant avec ce qu'espere le spectateur coquin: arrachage de jean moulant et slip blanc qui n'aura pas lieu


Trop inquiets d'être denoncés et accusés, c'est alors l'execution sans sommation des clients, execution d'une froideur extrême, inhumaine, dans le plus grand des silences, tous en ligne, un coussin sur la tete.. exexution implacable, terrifiante dans sa cruauté.
Seul Daniel va pouvoir s'échapper et se réfugier dans l'appartement d'Horacio, au dernier etage d'un immeuble délabré. Pris d'assaut, ce sera pour Horacio et ses amis, le début d'une longue lutte pour leur survie. Le siége peut commencer débouchant sur un terrible massacre sanglant..
Si Assaut jouait plus ou moins la carte du fantastique avec ses assaillants invisibles, Siège se rapproche plus de Straw dogs et s'adonne à une réelle étude psychologique de ses personnages.
Il y a d'un coté le groupe de délinquants "Ordre nouveau" dont le but est d'instaurer leurs idées, leur loi par la peur qui eux mêmes sont terrorisés par leur chef, être impitoyable, véritable machine à tuer, dont la froideur vous glace les sangs, symbole de cette société robotisée où tout sentiment est désormais effacé.
Face à eux, un groupe de résistants, des citoyens d'une banalité à toute épreuve mais de cette banalité jaillira leur force, trouvant en eux mais également dans chaque recoin de l'appartement des ressources insoupçonnées et des armes inattendues.
C'est l'ingénuosité et le système D qui leur sauvera la vie face aux armes des tueurs, astuces puisées dans la personnalité de chacun.
Ainsi, le jeune homme de chantier mettera en exergue ses talents d'artificiers, l'aveugle mettera ses sens auditifs au service du groupe, Horatio, homme indifferent du monde trouvera là une prise de conscience qui changera sa vie et lui donnera la force de se battre avec une maitrise rare.
Cette fois la femme est montrée comme veule et peureuse- normal

Partant sur une base homophobe, c'est bien entendu au jeune gay que reviendra l'honneur du coup fatal


Brillamment servi par une brochette d'acteurs semblant tous être non pas interprétes d'une histoire mais réels protagonistes de par la justesse et la credibilité de leur jeu, Siege est un film d'une rare lucidité et intelligemment écrit.
Et Donovan nous offre quelques jeunes acteurs fort apetissants dont ce nectar qu'est Darel Haeny, angelique chéri dont la caméra ne cesse- involontairement



Sans aucun temps mort, l'action menée tambour battant d'un bout à l'autre du metrage, Siège ne laissera aucune minute de répit au spectateur, tendu à l'extrême avant qu'il ne s'achève faute de combattants.
Donovan ne lésine pas sur les morts sanglantes- electrocution, hache dans le cou, gorge tranchée par un filin d'acier, explosion, executions sommaires une balle dans la tête- et il ne donne aucune place ni à la pitié ni aux sentiments.
Femmes, enfants, handicapés.. tout être quelqu'il soit- et ca on adore

Si l'aube apportera aux rares survivants le salut, Donovan terminera pourtant son film sur une ultime image, terrifiante dans son sens profond, d'un pessimiste effroyable: le seul rescapé des délinquants, le visage tuméfié, est devenu policier, le rictus narquois, le regard sadique rendant son ballon à une enfant dans un parc. Orange mécanique n'est là encore pas si loin.
Donovan a réussi là un film exemplaire, d'une intelligence terrifiante, oeuvre glaciale et sans compromis, à l'esthetique privilégiant les tons bleus et aux rythmes synthetiques.
Le corbeau qui aime donner le siege aux jeunes precieux afin de prendre de bons bains de siege!
