Over the edge - Jonathan Kaplan (1979)

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manuma
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Over the edge - Jonathan Kaplan (1979)

Message par manuma »

Dans une petite ville plantée au milieu du désert, une bande d'adolescents s'ennuie et saccage la ville. Lors d'un incident, un d'eux est accidentellement abattu par un policier.

Image


Ecrit par Charlie Haas (Gremlins 2) et Tim Hunter (expert dans le domaine des affaires socio criminels en milieux pavillonnaires), Over the edge est la septième réalisation de Jonathan Kaplan. Après plusieurs bonnes petites bandes de blaxploitation, cet ex protégé de Corman s’éloignait ici pour la première fois du pur cinéma de genre pour s’essayer à quelque chose de plus ambitieux, un drame de la délinquance juvénile based on a true story, analysant les désastreuses répercutions que peut avoir une urbanisation inadaptée à la population qu’elle est censée accueillir. Soit un savant mixte de film à thèse typiquement hollywoodien et, à travers son sujet et l’approche sans fioriture de Kaplan, de production bis rappelant tout un pan des réalisations et productions Corman des années 50 et 60.

Cette mayonnaise, finalement assez caractéristiques de la teneur générale des réalisations post-cormaniennes signées par les meilleurs poulains de l’écurie seventies à Roger (Cf. les films de Joe Dante et Jonathan Demme de la même époque, qui intègrent également à une intrigue de film de genre d’intéressantes considérations sociales) prend parfaitement. Le résultat tiens de la petite bande coup de poing, jamais didactique, qui n’enfonce pas le clou dans ce qu’elle a à dire (à un personnage de flic borné un poil trop caricatural près), ne cherche pas à rassurer le spectateur, préférant le laisser seul juge de ce qu’elle lui donne à voir. Kaplan, qui deviendra par la suite un petit spécialiste de ce type de cinéma populaire engagé, fait monter la tension graduellement, de façon irréversible, de façon très intelligente aussi, tout en douceur, rendant le déferlement de violence des dernières 20 minutes encore plus percutant. Une séquence que j’ai trouvé remarquablement pensé dans ce final, et qui me semble très représentative de la démarche tout en nuance, presque elliptique du film, c’est celle entre l’éducatrice et le gosse à qui elle demande de lui filer un téléphone pour appeler les secours.

RAS concernant l’interprétation. Les gosses sont bons. On retrouve parmi eux Matt Dillon (qui, contrairement à ce que je pensais, n’a pas le rôle principal ici) et Vincent Spano. Du côté des seconds rôles, pas trop de visages connus si ce n’est ceux d’Harry Northup, vu dans moult productions Corman des années 70, et Andy Romano, 2 acteurs qui sont un peu à Jonathan Kaplan ce que Dick Miller est à Joe Dante.

La très belle photo est signée du futur réalisateur Andrew Davis et la déroutante partition musicale du papa à Jonathan, Sol Kaplan. Le film est connu chez sous le titre Violences sur la ville.
Modifié en dernier par manuma le mer. sept. 14, 2011 7:18 pm, modifié 2 fois.
mercredi
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Re: Over the edge - Jonathan Kaplan (1979)

Message par mercredi »

Excellent film en effet d'autant plus que le sujet n'est pas aussi convenu que cela. Si le thème de l'urbanisme sauvage hante littérature et cinéma depuis fort longtemps déjà (Les Mystères de Paris, Eugène Sue, certaines oeuvres d'Hugo, du courant naturaliste français (ect...); "Taxi Driver", films de "vigilant"..., "Over the edge" évite le lyrisme souvent caricatural induit par la le dit motif. Réaliste et donc propre à l'empathie, l'oeuvre marque les esprits et s'avère très crédible. Le tragique développé ici constitue une espèce de pendant inversé de celui, plus courant, mis en scène dans des films tels "La Dernière séance". En bref, à découvrir :)
manuma
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Re: Over the edge - Jonathan Kaplan (1979)

Message par manuma »

Marrant ça ... le film m'a justement fait penser à Texasville, la suite de La Dernière séance (pas vu, celui là) : même décors uniformes, vides et moches, même réflexion sur le désoeuvrement entrainant non plus la rebellion des personnages principaux, totalement résignés ceux là, mais une extrême pauvreté intellectuelle, et même sensation pour le spectateur d'un ennui profond qui semble miner les personnages de l'intérieur.
eric draven
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Re: Over the edge - Jonathan Kaplan (1979)

Message par eric draven »

Un bien beau film que voila, meconnu et injustement oublié aujourd'hui, typique d'un certain cinéma US des 80s penant pour theme la violence urbaine et le désarroi des adolescents menant à la délinquance juvénile.

Le film part d'une regle de base: Priver un enfant ou pire un adolescent d'un territoire qui lui est propre, ici une maison de loisirs, un lieu où le regard et l'autorité des adultes n'a pas lieu, c'est lui faire perdre ses repères et le marginaliser forcement d'où un executoire obligatoire.

En perdant ce territoire et donc son identité, il devient agressif et violent, la raison, l'appel à l'ordre et l'autorité n'ayant plus d'effet sur lui si ce n'est que de decupler sa férocité.
Le dialogue ado / adulte passe alors par la police, les éducateurs, les institutions jusqu'à l'inevitable montée de violence d'où tout discours devient sourd.

C'est l'affrontement, le chaos entre toutes les parties et chacun s'enfonce encore plus dans ce marasme.

Violence sur la ville traite avec brio de ce probleme, traduit parfaitement ces réalités qui s'inspirent de la recrudescence de la delinquance juvenile aux USA, desesperemment sombre et pessimiste, se cloturant sur une revolte-suicide assez spectaculaire illustrant cette "mort sociale".

Intelligent et noir, un film a découvrir.

On y retrouvera les 1ers pas d'un tout jeune Matt Dillon et deja si sexy aux cotés du tout aussi jeune latino Vince Spano qui allait devenir un habitué de ce type de films dont Bad Boy ou Alphabet city. Deux raisons de plus de voir ce film. 8)

Dispo pour 4 ou 5$ en DVD z1 ou en VHS francaise également.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
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