Le cadavre défiguré, en partie carbonisé, d’une jeune femme est retrouvé dans une épave automobile sur une plage du New South Wales, en Australie. L’inspecteur à la retraite Thompson décide de prêter main forte à la police locale afin de découvrir l’identité de la victime et celle de son meurtrier.

Un curieux giallo fin de cycle qui s’éloigne des codes argentiens du genre pour un résultat en demi-teinte. La construction du récit, évoluant sur deux époques différentes, constitue l’une des bonnes petites surprises de cette Ragazza dal pigiama giallo, tout comme son cadre géographique inhabituel pour un film de genre transalpin : la ville de Sydney, en Australie. Un cadre original dont Flavio Mogherini, chef décorateur passé tardivement à la réalisation, tire plutôt bien partie (voir la première séquence, sur la plage, avec ces étranges carcasses automobiles, ou le final dans un immense cimetière en bord de mer).
Photographie soignée du vétéran Carlo Carlini, bonne petite partition de Riz Ortolani (à condition d’être sensible aux ambiance disco planantes et à la voix d’outre tombe d’Amanda Lear) et interprétation solide rassemblant quelques valeurs sûres du bis européen et anglo-saxon (Ray Milland, Mel Ferrer, Howard Ross) autour de la jolie Dalila Li Lazzaro, dans ce qui me parait être l’une de ses plus intéressantes prestations : La Ragazza dal pigiama giallo une production de qualité qui se situe indiscutablement un bon cran au dessus de ce que le cinéma italien nous a offert en la matière au cours de la seconde moitié des années 70. Loin des giallos gore nawak et autres Z trashouille à la Play Motel de son temps, le film n’en oublie cependant pas non plus de taper dans le sordide et le mauvais goût à travers 2 séquences assez perturbantes, qui se font échos dans leur thématique tournant autour du voyeurisme et l’utilisation d’un même morceau musical obsédant : celle de l’exposition publique du corps dénudée de la mystérieuse femme au pyjama jaune, censée aboutir à son identification et celle dans laquelle Di Lazzaro, lâché par son amant, à la dérive, s’offre à 2 obèses libidineux sous le regard perturbé du petit neveu de l’un d’entre eux.
Ca c’est pour les bonnes choses. Là où le film s’avère malheureusement beaucoup moins satisfaisant, c’est dans son intrigue elle-même. Déjà, pour un film se revendiquant du genre giallo, l’ensemble est plutôt radin en séquence de meurtres à l’arme blanche … en fait, c’est même vite vu : il n’y en a pas. Le néant de ce côté donc, et la misère noire également du côté du suspense, maigrelet, dépourvu de réels rebondissements comme d’un climax digne de ce nom, et qui ne tire finalement pas grand-chose d'intéressant de sa narration fragmentée dans le temps. En résumé l’enquête de Ray Milland n’est guère palpitante et les déboires sentimentaux de Dalila Di Lazzaro … ben, on s’en fout un peu.
Les puristes du genre giallo risquent donc de s’ennuyer ferme. Les autres apprécieront peut-être un film bis original, bien interprété et globalement plus ambitieux que la moyenne.