La jeune et fragile Anna rencontre Marco, ingénieur nautique. Elle en tombe aussitôt éperdument amoureuse. Mais Marco, homme d’âge mur et père d’une petite Anna née d’un premier mariage, est un être torturé ayant une conception un peu particulière de l’amour. Lorsque Anna lui déclare qu’elle est prête à tout pour lui, Marco décide de la mettre à l’épreuve …
Bon, un peu déçu tout de même par cette dernière réalisation de Giorgio Stegani, que j’espérais bien plus sulfureuse. Co-écrit par Robert Gianviti, scénariste de 3 des plus grands films de Fulci : Beatrice Cenci, Una Lucertola con la pelle di donna et Non si sevizia un paperino, ce film au titre alléchant se résume finalement à une sorte de Love Story italian bis style. Généreux en scènes dénudées et pimentée de petites provocations dans la pure tradition du cinéma italo-trash de la seconde moitié des seventies, Disposta à tutto promet pourtant plus qu’elle n’offre au final.
Après un intriguant générique de début, le film semble piétiner légèrement pendant 20 minutes. Puis Stegani passe brusquement à la vitesse supérieure. Il signe une étrange scène d’amour entrecoupée de flashs oniriques morbides tout droit sortis de l’imagination malade de Marco. Se recentrant sur la psychose de Marco et les différentes épreuves humiliantes que ce dernier va imposer à sa jeune conquête, Disposta a tutto nous plonge alors dans un univers cinématographique hybride délicieusement trouble, entre l'exploitation pure et l'auteurisme. Avec à la clef quelques séquences gonflées comme lorsque Marco demande à Anna de se fringuer en pute pour aller faire une passe et lui prouver ainsi son amour ou – beaucoup plus recherché – lorsqu’il la pousse à exposer devant un parterre de militantes MLF sa conception de l’amour, conception passant bien sûr par un asservissement aveugle de la femme à son partenaire. Les auteurs ont ainsi quelques idées intéressantes qui font de Disposta a tutto une histoire d’amour à la saveur particulière, derrière laquelle on ressent, comme pour Milano, il clan dei Calabresi, la précédente réalisation de Stegani, un vrai travail sur l’atmosphère, une vraie personnalité.
Reste que Le film déçoit dans son dernier tiers. Stegani et Gianviti délaisse la voie de la romance trash pour en revenir à une beaucoup plus classique succession de péripéties mélodramatiques à la « Je t’aime, je ne t’aime plus ». Tout ce qui faisait la force et le sel de Disposta a tutto disparaît progressivement au bout d’une heure de métrage et le final vénitien du film laisse poliment indifférent.
Marco est interprété par le ténébreux Bekim Fehmiu. Une gueule inquiétante que la sienne, mais pas toujours expressive, et un acteur que l’on retrouvera la même année en terroriste palestinien dans l’excellent Black Sunday de John Frankenheimer. Quant au difficile rôle d’Anna, il échoue à la belle Eleonora Giorgi, qui se donne à l’écran sans rechigner. Je trouve qu’elle en fait parfois un poil trop, mais l’essentiel est qu’elle réussit à rendre très attachant son personnage. Et puis son jeu par moment exubérant convient finalement bien à l’esprit un peu provoc’ du film.
Voilà, ce n’est peut-être pas le film romantique ultime à se mater un soir de St Valentin, mais, pour ceux que cela branche, un très intéressant bis érotico-sentimental.