A ciascuno il suo / A chacun son dû - Elio Petri (1966)

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manuma
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A ciascuno il suo / A chacun son dû - Elio Petri (1966)

Message par manuma »

Dans une bourgade sicilienne. Le pharmacien Arturo Manno reçoit des menaces de mort par lettres anonymes. Au cours d'une partie de chasse, il est abattu, en même temps que son ami, le docteur Roscio. L'affaire semble claire, il s'agit d'un crime d'«honneur», parce que Manno avait séduit une jeune paysanne, la belle Rosina. Son père et ses deux frères sont mis sous les verrous. Mais le professeur Paolo Laurana flaire quelque chose de louche. Se muant en détective, il découvre qu'il s'agit d'un acte de vengeance politique, le docteur Roscio étant sur le point de révéler de sombres affaires, dans lesquelles sont impliqués des citoyens de la ville...
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Pas vraiment un bis celui-là, même si ce polar politico-mafieux annonce avec 4 ou 5 ans d’avance toute une tripotée de films de genre évoluant dans le même univers sicilien trouble où mafieux et hommes politiques locaux corrompus font la pluie et le beau temps et où il ne fait pas bon s’intéresser de trop près aux agissements illégaux de cette racaille en costard.

Le trame de A ciascuno il suo (A chacun son dû chez nous) et son développement, de la découverte progressive par le personnage principal de l’implication de notables dans les 2 meurtres du début de métrage à la conclusion forcément tragique de toute l’affaire en passant par la révélation de l’identité du commanditaire des assassinats, pourront donc paraître sans surprise aux yeux des spectateurs amateurs de poliziesco tendance sicilio-mafieuse. Il n’empêche qu’en plus d'avoir le mérite de compter parmi les œuvres fondatrices de ce genre, A ciascuno il suo se démarque clairement de ses futurs cousins à travers l’exemplaire rigueur de son traitement. Dans la réalisation comme dans l’écriture, le film est mené d’une main de maître, associant une forme pseudo-documentaire tranchante, et par moment empreinte d’une certaine virtuosité, à une mécanique scénaristique implacable, qui sait se faire intelligemment elliptique (tout ce qui concerne la relation entre Laurana et Luisa). C’est courageux et très sombre, et ça s’achève magistralement, sur une séquence d’une force incroyable, au son d’un excellent morceau de samba de Luis Bacalov, exploité avec beaucoup d’ironie.

Diffusé récemment sur Ciné cinéma Classique, en version multilingue mais dans une copie plein cadre qui massacre joyeusement une bonne partie du travail de Petri et son directeur de la photographie Luigi Kuveiller. .
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