Deux saltimbanques italiens décident de partir aux Etats-Unis dans l'espoir d'y faire fortune. Ils embarquent clandestinement à bord d’un navire et se retrouvent à ... Santa Prisca, petite dictature d’Amérique du sud. Faits prisonniers, les deux bougres sont bientôt pris dans la tourmente d’une révolution de type marxiste visant à renverser le pouvoir dictatorial en place.

L’un des neuf films de Lucio Fulci mettant en vedette le duo comique Franchi et Ingrassia (je ne compte pas ceux où ils n’apparaissent qu’en guests, comme I Maniaci). Ca n’est pas évidemment pas de la grande comédie à l’italienne mais j’ai trouvé ce I Due Parà fort agréable. D’abord le film ne manque pas de peps du côté de l’interprétation. Franco & Ciccio ont de l’abattage. Leur humour sans arrière pensée, bruyant et athlétique, à base de grimaces et de cabrioles, force la sympathie. Le célèbre binôme italien est en outre solidement épaulé par une poignée de seconds rôles / faire valoir tout aussi cabotins qui se donnent également à fond pour nous amuser. A ce sujet, signalons la présence dans de petits rôles de Lino Banfi et Francesca Romana Coluzzi, en combattante de la liberté.
L’intrigue et la plupart des gags ne sont pas très recherchés, mais les retournements de situation s’enchaînent à un rythme si soutenu que l’on en oublie de faire la fine gueule pour se laisser entraîner par l’esprit bon enfant de l’entreprise et ne retenir au final que les meilleures trouvailles comiques du film (pour moi, tout ce qui concerne les gags fustigeant la mégalomanie et la paranoïa du dictateur). En outre, derrière la modestie de ses ambitions, le film s’autorise tout de même un petit discours politique qui ne manque pas de pertinence, sa vision des rapports entre l’Oncle Sam et les dictatures sud-américaines s’avérant sous son aspect grosse farce pas si déconnectée que ça de la réalité. L’ingérence permanente des Etats-Unis dans les affaires de ces régimes totalitaires y est ainsi clairement fustigée, à travers notamment ce personnage d’ambassadeur US, constamment tourné en ridicule, qui tente de composer avec tous les gouvernements successifs.
A la réalisation, Fulci est encore en mode rodage. C’est du travail d’artisan effacé mais consciencieux, qui cherche avant tout à maintenir le rythme alerte qu’impose ce récit bâti sur la vitesse et l’enchaînement de gags non stop. Si embryon de personnalité fulcienne il y a dans I Due Para, elle est davantage à chercher du côté du scénario (Fulci est également co-scénariste ici), et notamment dans le nombre relativement élevé de morts violentes que le recense au sein de cette histoire, dont certaines surprennent par leur aspect si ce n’est raffiné du moins inhabituellement élaboré pour un film de ce type (cf la mise à mort du guérilleros empalé sur un mur de poignards pivotant planqué dans le bureau du dictateur).
Voilou, tout cela n’a pas grand-chose à voir avec La Longue nuit de l’exorcisme et L’au-delà mais c’est aussi un peu pour cela que j’aime Fulci, parce qu’on trouve de tout dans sa boutique.