
Dans le film de bestiaire s'il est un animal qu'on avait jusqu'alors peu exploité c'est bien l'inoffensif petit lapin. Ce sera chose faite avec ce Night of the Lepus, adaptation du roman de Russel Braddon.
C'est en faisant des recherches sur la sterilisation de l'espece trop prolifique que deux scientifiques seront à leur insu, la fillette de l'un d'entre eux ayant liberé un specimen cobaye, responsables de la gigantisation de l'espece. Quelle sotte!


Les lapins devenus aussi gros que des lions, assoiffés de sang, envahissent alors les terres d'un fermier, l'obligeant lui et sa famille a lutter contre les monstres...
Si Night of the lepus se traine souvent une réputation assez peu gratifiante, il est pourtant loin d'être aussi mauvais qu'on peut le croire.
Certes le scénario n'est guère innovateur et reprend le schema classique de ce type de films: pour une raison X les animaux deviennent agressifs, suivi de quelques attaques où les monstres sont à peine entrevus précédant la lutte generale et le repli des heros pour leur survie avant le grand final et l'extermination des animaux.
Afin de donner un air de credibilité au film, le film s'ouvre sur une sorte de documentaire TV plutot impressionnant montrant les ravages dus à la proliferation des lapins et leur massacre lors de violentes battues.
Apres cette ouverture etonnante, on bascule dans la fiction et on plonge donc dans les magnifiques deserts de l'Arizona où se déroule notre histoire débutant par l'abattage sans pitié d'un cheval s'étant cassé la patte apres qu'un lapin l'ait effrayé.
Quelques propos écologiques, quelques bavardages scientifiques nous mettant en garde contre les experiences hasardeuses menacant l'humanité et Claxton nous plonge sans plus attendre dans le feu de l'action.
Voilà bien un des atouts du film. Point de temps mort, on ne s'ennuie pas un seul instant, le film ne souffrant à aucun moment d'un quelconque manque de rythme.
Autre atout, ce sont bien sur les attaques des lapins géants et les effets speciaux qui malgré leur aspect parfois désuets ont quelque chose de spectaculaires et sont bien entendu le clou du film.
Si choisir des lapins comme animal monstrueux pouvait être quelque peu saugrenu, le risque du ridicule étant cette fois fort grand, Claxton nous prouve vite le contraire?
Il ne lésine pas sur les plans de ces bestioles au regard surnois et aux oreilles fretillantes, se dressant sur leurs pattes, toutes dents acerées sorties, ni sur les meutes de nos lagomorphes patauds fonçant à travers les prairies, saccageant tout sur leur passage dont un troupeau de bovidés ou courant dans les galeries souterraines des mines desaffectées, leurs grondements sinistres resonnant tel un effrayant echo.
Claxton a recours aux bonnes vieilles methodes des transparences et de la surimpression, des maquettes à l'echelle des lapins mais également du ralenti afin de renforcer l'impact de leur lourdeur corrrespondant à leur taille demesurée. Desuet certes mais efficace et fort credibles ici parfois impressionnants même si certains plans avouons le sont ratés notamment quelques plans d'attaques où les lapins sont de grosses peluches manipulées par un technicien.
Mais la magie fonctionne la plupart du temps, c'est le principal.
Agréables aussi les séquences sanglantes voire gore: victimes demembrées, corps ensanglantés, sang recouvrant le pelage des lapins dégommés avec eclats de chair...
L'assaut final restera le clou du film, vigoureux et rondement menée. L'attaque des lapins est assez impressionnante ponctuée par quelques plans de massacres des monstres jusqu'à ce qu'ils soient entrainés vers une voie ferrée reliée à une ligne haute tension.
L'electrocution de ces centaines de lapins géants completée par une fusillade des plus recalcitrants reste un morceau d'anthologie qu'on peut saluer.
Si Night of the Lepus peut faire penser à Food of the gods par certains aspects- l'attaque de l'automobile par des lapins geants- le film de Claxton trés inspiré des productions Universal des annnées 50- il fut avec le producteur responsable de quelques western, cadre qu'on retrouve ici via les decors et les acteurs principaux- il est suffisamment mouvementé pour tenir en haleine jusqu'aux ultimes sequences et satisfaire l'amateur de films de bestiaire par son efficacité.
Un vrai petit plaisir dans lequel on retrouvera les sourcils broussailleux de Stuart Whitman, la stature de Rory Calhoun et Janet Leigh enfin sortie de sa douche mortelle.
Et à la vision de ce film, Eric adore encore plus le civet de lapin a la moutarde!!


Le corbeau qui est un chaud lapin!
