Au début des années 80, alors que le monde s'élève contre l'Apartheid, Patrick Chamusso est contremaître à la raffinerie de pétrole de Secunda. Pendant son temps libre, il entraîne une équipe de football locale. Se conformant scrupuleusement aux limites imposées aux Noirs par le régime, Patrick ne fait pas de politique.
De son côté, Nic Vos est colonel dans la police chargée de la sécurité. Perspicace et charismatique, il s'évertue à maintenir un ordre de plus en plus menacé par les agissements de l'African National Congress, une organisation militante hors la loi qui cherche à unir les Noirs contre l'Apartheid. Vos est préoccupé par la sécurité de sa famille et de ses deux fi lles. Lui et les siens vivent dans un monde bien différent de celui des Chamusso...

Décidemment je le trouve reparti sur de très bonnes bases le Phillip Noyce depuis quelques années. Et pourtant j’y croyais pas beaucoup à ce Catch a fire, demeuré, me semble t'il, inédit en salles chez nous (malgré des capitaux français dans son financement). Faut dire que les films les plus connus sur le régime de l’Apartheid sont loin d’être de magistrales réussites. Une Saison blanche et sèche, Cry Freedom, The Power of one, c’était du lourd au mauvais sens du terme. IEt il fallait plutôt aller chercher du côté d’un cinéma moins « prestigieux » pour trouver de bonnes choses, comme A world apart de Menges, In my country de Boorman ou, dans une moindre mesure, le Inside d’Arthur Penn (In my country parlant cependant plus de l’après-apartheid que du régime de l’apartheid lui-même).
Si cette histoire d’ancien combattant de l’ANC, tout ce qu’il y de plus classique à la base, m’a fait si forte impression, c’est que Noyce, comme il l’avait déjà réussi sur The Quiet american, évite brillamment tous les pièges du grand film à thèse. Certes le cinéaste a des idées fortes à faire passer, notamment sur la folie criminelle d’un régime à l’agonie, générant lui-même sa violence et son terrorisme, il ne cherche pas pour autant à nous bourrer le crâne avec. Il les maintient en arrière-plan d’un récit tenant aussi bien du drame humain que du thriller géo-politique, par ailleurs mené à rythme haletant et porté dans sa seconde moitié par plusieurs remarquables séquences d’action / suspense. Sans prendre la pose, mais en restant sobre dans la forme et en jonglant adroitement avec les genres, Noyce évite à la fois le didactisme et la facilité. Et, lorsque le ton se fait plus solennel, comme dans les 10 dernières minutes, du coup ça fait mouche. Bref, en terme de réalisation, pour moi on tient là une approche quasi parfaite du sujet.
Autre qualité notable de Catch a fire (Au nom de la liberté) : ne pas faire du personnage de Tim Robbins un monstre sans âme. Le bonhomme est complexe et on ne sait pas toujours quoi en penser. Il agit par moment comme une ordure, mais n’est pas insensible non plus à la douleur qu’il cause et tente toujours de conserver un semblant d’intégrité.
Un film passionnant, compagnon d’arme de Rabbit-Proof fence et The Quiet American dans la filmo de Philip Noyce.