Un conte de Noël de Desplechin
Je me suis bien amusé en découvrant ce film. On retrouve la troupe du cinéaste, dans un jeu de massacre familial, dur et léger à la fois.
Comme son nom l'indique, le film utilise les codes du conte, mais aussi ceux du catholicisme.
Chaque personnage est magnifiquement dessiné.
Mathieu Amalric, dont le cinéaste se plait à rendre de plus en plus décalé de film en film, reprend ici le rôle d'adulte-ado qu'il interprétait déjà dans Roi et Reine.
Roublaix est un décors joliment enneigé, Desplechin filme la ville comme Rohmer filmait les murs de Clermont-Ferrand dans sa "Nuit chez Maud", en insistant sur l'archecture, les vieux murs, sans pour autant exclure la jeunesse. On constate ici - une fois encore - le goût de Desplechin pour le hip hop US.
Beaucoup de haine déballée sur une tonalité inverse : ils pourraient parler d'amour, mais ce sont des mots de haine qu'ils déversent assez naturellement. Sauf le père, pilier central, sans jugement.
Un cinéma naturaliste donc, mais malgré tout, Desplechin n'oublie pas de faire du cinéma "classique", et de dramatiser sa narration via les moyens propre à cet art (musique de film, gros plans Leonien). Il suffit de voir la séquence des molécules. On se croirait dans de la Science Fiction, ou dans un Godzilla.
Ce qui est intéressant avec Desplechin, c'est sa façon de filmer les femmes.
Evidemment, ceux qui n'aiment pas le cinéaste détesteront ce film.
Un conte de Noël (2008) Arnaud Desplechin
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
Un conte de Noël (2008) Arnaud Desplechin
Il y a un p'tit détail qui me chiffonne
Re: Un conte de Noël (2008) Arnaud Desplechin
"Un conte de Noel" m'a globalement satisfaite. Le cinéaste use en effet des codes des Christmas tales classiques (ceux de Charles Dickens) pour nous offrir une peinture contemporaine de la cellule familiale. Les thèmes induits par le genre tels la culpabilité, la faute ou bien évidemment le don, alimentent donc une drame extrêmement dense, donnant à chaque protagoniste une fonction allégorique bien spécifique. Rien de bien original a priori si ce n'est que Desplechin parvient à octroyer à notre fable moderne une dimension naturaliste inédite ( tandis que le genre littéraire préférera le réalisme social). Les sentiments, actions ou perversions des êtres s'expliquent également par des antécédents (importance de l'hérédité ici) lesquels semblent définir un avenir de fait d'emblée tracé. Un coup de maître...