Il Conto è chiuso - Stelvio Massi (1976)

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manuma
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Il Conto è chiuso - Stelvio Massi (1976)

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A la recherche d’un emploi, Marco débarque dans une petite citée industrielle italienne où règnent 2 caïds de la pègre, Rico Manzetti, patron de l’usine local, et Belmondo, propriétaire d’un cabaret. Au terme d’une violente altercation avec les hommes de Manzetti, Marco trouve refuge chez Safienza, un malheureux vivant en bordure de ville dans un cabanon avec sa fille aveugle Nina.



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A ma droite le méchant : Luc Merenda, costard cravate nickel, sourire carnassier et mèche rebelle, dans l’un de ses rares rôles de super bad guy. A ma gauche le gentil : Carlos Monzon, gueule cassée à la Bronson, 7 ou 8 fois de suite champion du monde de boxe catégorie poids moyen dans les années 70 et qui finira sa courte existence en taule pour avoir balancé sa femme d’un balcon. Je vous laisse deviner lequel des 2 aura le dernier mot dans cette aventure policière étrangement oubliée des amateurs de bis italien, alors même qu’il s’agit sans doute là de l’une des œuvres les plus marquantes de son auteur, le sporadiquement recommandable Stelvio Massi.

Ce n’est pourtant pas que la réalisation de Massi soit ici plus inspirée que d’habitude. On y retrouve les mêmes jeux de focus experts (ça vire d’ailleurs un peu au tic), le même soin porté à la composition de la plupart des plans ainsi que malheureusement la même rigidité générale dans les séquences d’action et les mêmes effets de ralenti mal venus à la Castellari. Ce qui fait la différence dans ce Conto e chiuso, c’est plutôt le scénario de Piero Regnoli, collaborateur attitré de Andrea Bianchi entre autre, qui nous rappelle ici qu’il en connaît un plein rayon dans l’art d’épicer à la sauce trash une intrigue à la base tout ce qu’il y a de plus classique. Car si, dans ses grandes lignes, on ne peut pas dire que cette nouvelle variation sur le Red Harvest de Dashiell Hammet (2 ans après celle du semi-parodique Colpo in canna de DiLeo), fasse preuve d’une invention débordante, dans ses à-côtés l’intrigue ne manque pas de saveur. Entre la cruauté toujours gratuite de ses nombreuses mises à mort, son insistance à filmer la douleur et les blessures sanguignolentes (cf. la scène où Marco se fait écraser les mains par les hommes de Rico) et son généreux étalage de chair féminine fraîche, flirtant avec la teensploitation (Luisa Maneri, alors âgée de 16 ans seulement, et que l’on reverra par la suite dans La Cage aux folles de Molinaro, y a sa petite scène topless, Leonora Fani, censée jouer une gamine, se fait violer par 2 costauds dans ce qui demeure sans doute la séquence la plus marquante du métrage), Il Conto è chiuso tranche nettement avec les précédents films de Massi pour se rapprocher du cinéma du Lenzi de la grande époque dans sa volonté de choquer au mépris de toute autre considération … telle que la subtilité et le bon goût.

Que du bonheur également du côté de l’interprétation. Merenda est too much juste comme de nécessaire en gangster aux bonnes manières, suave et sadique. Carlo Monzon, avec sa belle gueule cassée, est là uniquement pour se battre (et se faire frapper … parce que le bougre en ramasse tout de même plein la gueule pendant tout le film), et rempli parfaitement son contrat. A leurs côtés, on retrouve un bien bel échantillon de troisièmes couteaux du cinéma de genre italien de l’époque (Mario Brega, Giampiero Albertini, Nello Pazzafini … pas du petit calibre donc) et, pour la touche douceur dans un monde de brutes, les mignonnes Leonora Fani et Luisa Maneri, précédemment citées, et la plus mature Susana Giménez (une ex à Monzon … mais pas celle qui est passé par le balcon). Enfin, pour compléter ce tableau idyllique, on soulignera la très bonne tenue qualitative de la partition de Luis Bacalov, porté par un entraînant thème musical sud-americain à la « El Gringo de chez Nescafé » et quelques solides pièces musicales d’action / suspense.

Un DVD est sorti chez NoShame en 2005, sous le titre The Last Round.
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