C’est l’été de sa confirmation pour Nico D’altamura, fils du très strict professeur D’Altamura. Là n’est pourtant pas la préoccupation première du jeune sicilien. Adolescent timide couvé par ses parents, Nico souhaiterait en effet perdre son pucelage au plus vite. Et voila que débarque à la maison sa cousine Sonia, jolie citadine extravertie.
Une authentique petite perle au sein de la filmo déjà riche en pépites bis du multicarte Sergio Martino, supérieure – dans un registre proche - au pourtant déjà pas mal Giovannona coscialunga, disonorata con onore. Cugini carnali combine le meilleur de la comédie grinçante à l’italienne et du cinéma érotique de l’ère post Malicia. Sur un canevas classique incluant critique féroce de la bourgeoisie de province italienne et éveil adolescent à l’amour et ses contrariétés, Martino et ses scénaristes (dont Sauro Scavolini) tapent donc dans le mille, aussi bien dans leur portrait au vitriol de la famille D’Altamura que dans leur description émoustillante des premiers émois amoureux du jeune Nico.
En ce qui concerne la critique sociale, le trait est certes appuyé mais le résultat férocement drôle. Entre un chef de famille cupide se tapant bien évidemment la bonne, mais également la fille de celle-ci, tout en prônant un retour à l’ordre moral, une mama courant après le curé du coin et un grand-père fort en gueule, cloué au lit mais encore sexuellement très aware, on est un peu chez les Rougon-Macquart de Zola version sicilienne. Ca transpire l’hypocrisie et la petitesse, avec en background un portrait peu flatteur d’une Sicile rurale limite arriérée. Et là j’avoue que Martino, plus un esthète qu’un héritier du néo-réalisme d’après-guerre dans ses grandes œuvres, m’a vraiment surpris par la rigueur de sa mise en scène, l’acuité du regard qu’il pose sur son petit monde. Dès les premières images, Martino nous pose une vraie ambiance, étouffante, trouble. Au niveau de l’atmosphère, le film rivalise sans mal avec les meilleurs travaux des Risi, Monicelli et Loy de la même époque, en matière de satire sociale rurale, sicilienne ou autre.
Mais Cugini carnali, c’est aussi et avant tout une comédie érotique. Et cette autre facette du film s’avère tout aussi maîtrisée et satisfaisante, avant là encore un travail plus que soigné au niveau de l’écriture, qui sait amener intelligemment les situations coquines, faire savamment monter la température, et une mise en scène particulièrement inspirée, sachant prendre son temps dans les moments-clefs, mettre en valeur ses interprètes, créer le désir (cf. le sensuel premier baiser entre Nico et Sonia ou bien sûr la séquence érotique finale, malheureusement cisaillée dans sa version française).
Pas de noms qui claquent en tête de distribution, mais une interprétation uniformément bonne. On retiendra en particulier là dedans le naturel décomplexé de la ravissante Susan Player et son petit nez en trompette, ainsi que les mines de constipé de Riccardo Cucciolla, qui endosse avec un courageux jusqu’au boutisme un magnifique rôle de médiocre auto-satisfait.
Sorti chez nous en VHS sous le titre L’Initiatrice.
Merci Phil …