
Passionnant huis-clos se déroulant au 9/10e du film dans un hotel d'un aéroport, tenu par deux actrices particulièrement excellentes. Julia Stiles est étonnante dans le role d'une jeune fille ne apparence fragile mais qui possède un redoutable talent pour la manipulation et le mensonge. Et Stockard Channing dans celui de la femme d'affaire si sûre d'elle qu'elle va se laisser aller à se prendre au jeu du jeu de l'esprit. Jusqu'à croiser le chemin d'un chasseur de tête en qui Paula reconnait l'homme qui a violé l'une de ses amies 4 ans auparavant.
Ce qui est le plus curieux, c'est que Julie voit clair à travers le jeu de Paula, mais qu'elle se laisse tout de même entraîner sur un terrain dangereux, jusqu'à la pensée d'un meurtre. Un vrai jeu de pouvoir féminin. pas du rape and revenge exploitatif binaire et primaire, mais une réflexion beaucoup plus subtile sur la nature même des sensations de revanche, de pouvoir, de domination, de confiance.
Paula indique que toute relation est forcément basée sur la confiance (qu'on aie de facto ou pas) envers l'autre. Ce que réfute Julie, dont le monde tourne autour des rapports de force.
Tour à tour drôle, touchant, cru et même un chouïa inquiétant, le film réussit à la fois sur le tableau du scénario à tiroir qui ménage sons suspense jusqu'au final. Mais aussisur celui d'une mise en scène sûre, attachée aux détails qui révèlent petit à petit la tension. A la composition des plans géométriques opposant la logique de Julie et la conception plus floue de Paula (voir certains plans finaux des reflets des vitres de l'hotel apparaissant comme une vision de verre, par exemple). Des décors reflétant la psyché de chacune des protagonistes et de la direction d'acteurs/actrices impeccable. Stockard Channing est réellement impressionnante. Et cela prouve aussi que Julia Stiles possède un registre bien plus large que les roles denunuches où elle se trouve cantonnée régulièrement.
Imparfait tout de même dans sa finalité : le film part comme une sorte de dialogue por-féministe pour s'en écarter brutalement et choisir un chemin bancal au finish. On pourra regretter qu'il n'ait pas les "couilles" suffisantes pour rentrer dans le lard de manière frontale et demeure politiquement correct dans son rendu
SPOILERS
- Nick est menacé de viol, de meurtre mais fini ni l'un, ni l'autre, juste humilié sans qu'il le sache-. Un élément important, cependant : il n'était pas du tout le violeur escompté, juste une victime choisie au hasard pour que Paula illustre son propos.
FIN SPOILERS
mais il reste néanmoins bien plus audacieux et intéressant que ce qu'Hollywood offre en moyenne.
Vu sur le DVD MGM Z1, en 5.1 discret mais fourmillant de détails sonores. 1.85:1 et 16/9, un copie aux teintes chaudes prononcées (avec bande annonce)
Le réalisateur Patrick Stettner a depuis réalisé un autre film lui aussi très intéressant et jouant sur les apparences, The Night Listener avec Robin Williams.
http://www.devildead.com/forum/viewtopi ... t+listener