Le 6eme jour c'est avant tout l'itinéraire d'une femme qui passe de l'état d'être soumis à l'état de femme libérée dans Le Caire des années 50, ville tremblante sous l'epidémie de cholera qui s'est abattue sur elle.
On suit donc l'histoire de Saddika, une lavandière qui vit avec son mari paralytique et son petit fils hassan. Elle recueille un jour Okka, un montreur de singes qui rêve de devenir acteur. Saddika passe son temps à rêver de liberté à travers des melos jusqu'au jour où son mari se suicide et que son petit fils qu'elle cherit est atteint du cholera. Elle part pour Alexandrie avec Okka qui depuis longtemps la désire. Ce voyage va bouleverser leur destin..
Le film de Chahine est divisé en deux parties bien disctinctes. La première est placée sous le signe du rêve, ce rêve qui symbolise l'envie de Saddika mais aussi d'Okka de quitter cette vie et partir trouver leur liberté. Saddika femme soumise aux traditions mais volontaire et courageuse, prête à assumer une vie de femme, s'échappe par le biais du cinéma et des melodrames qu'elle visionne regulierement tandis que le jeune Okka s'évade par la danse et la musique de rue. Tout dans cette première partie a un lien avec le rêve, la réalité y est écartée notamment par les intermèdes chantés et dansés jusqu'au dernier qui sombre presque dans le surréalisme.
La 2eme partie qui débute à la mort du mari de saddika et son départ pour Alexandrie avec son petit fils malade et Okka apporte un changement radical de mise en scene. Cette fois, tout est épuré, réduit au minimum et on vit au fil du Nil et de la nature. C'est une longue reflexion, un retour sur soi, sur ses responsabilités et son destin jusqu'au final plutot ambigu et ouvert lui aussi à la reflexion. Quoiqu'il en soit, il n'y a aucun retour possible et le chemin parcouru, le vécu est acquis definitivement.
Le 6eme jour est une reflexion sur la liberation de la femme ou plutot sa necessité, le tout sans didactisme mais avec humour et parfois legereté mais surtout beaucoup de tendresse.
D'où vient donc ce léger ennui ressenti donc?
D'une de ce contexte artificiel de la 1ere partie basée sur l'humour, la danse, le chant, dans des décors assez épurés quasi studio donnant parfois l'impression de ces vieux films orientaux des années 60, coté qu'on retrouve dans la 2eme partie encore plus minimaliste.
Le scénario se prétait a un magnifique film tragico-dramatique, Chahine le traite comme une comédie dramatique parfois théatrale.
On aurait peut etre voulu voir la magnificience du Caire, les ravages du cholera, la peur du peuple et la terrible epreuve de Saddika lorsqu'elle apprend qu'Hassan en est atteint. On aurait peut être préféré voir Saddika dans sa condition de femme musulmane soumise, déchirée entre les traditions et ses désirs de liberté. Chahine préfére jouer la carte de l'humour, de l'aspect comedie musicale. Choix fort respectable mais qu'il faut apprécier ce qui n'est point le cas d'Eric.
Il en va de même pour la 2eme partie se déroulant sur le bateau qui les guide vers Alexandrie.. encore plus épurée.
Reste donc un film certes intelligent, une belle reflexion sur la condition de la femme et une interprétation joyeuse de la part de la grande Dalida, Dali ma diva, une des plus belles femmes au monde, enlaidie sous ses voiles ici mais qui donne beaucoup de force et de présence a son personnage comme le jeune Mohsen Mohieddine, acteur fetiche de Chahine, truculent.. ( trop?).. dans le rôle d'Okka. Hmmm Mohsen!!
A l'humour et la comédie Eric aurait voulu drames et larmes sur fond de mort et de cholera.. Hermétique est resté Eric. Dommage!
Le corbeau insoumis et libéré qui ne porte plus le voile!
