Le corps sans vie d’un homme est retrouvé dans le coffre de la voiture de Paul, jeune marié en voyage de noces. Aussitôt arrêté, celui-ci crie son innocence et, à l’agent du FBI chargé de l’interroger, il entreprend de relater la semaine mouvementée qu’il vient de passer.

Dark Honeymoon est la sixième réalisation de David O’Malley. Ce cinéaste indépendant à l’œuvre totalement inédite chez nous (enfin … c'est ce qu'il me semble), récemment promu patron d’un site de production cinématographique situé dans le Michigan (l’info, datant du milieu de l’année dernière, demande toutefois à être actualisée), avait jusqu’alors essentiellement œuvré dans le registre du divertissement familial et de la comédie, avec notamment à son actif un Easy Wheels de 1989, co-écrit et co-produit par Sam Raimi, que je serais bien curieux de découvrir. Dark Honeymoon marque donc un changement de cap pour lui puisqu’il nous embarque cette fois dans un thriller horrifique frappant avec insistance à la porte de tonton Hitch, avec pour cibles principales Rebecca et Psycho. Maintenant est-ce cette nouvelle orientation de carrière qui l’a poussé à signer son film sous le pseudonyme de Phillip Leftfield ? Ca, j'avoue que j’en sais rien ...
David O’Malley a donc du métier et indéniablement cela s’en ressent dans la mise en boite de son bébé. Un produit filmé sans génie, sans grand moyen et sans trop de personnalité mais avec un minimum de soin au niveau des cadres et une certaine ironie dans la réalisation comme l’écriture. Le rythme est assez posé et, sorti de quelques effets de montage flashy à la mode 2000, tout ça fait finalement plutôt old school, très direct to vidéo de la fin des années 80. L’histoire n’est pas inintéressante avec ça, même si à la fois peu crédible, guère surprenante (jusque dans son inévitable twist de dernière bobine) et surtout approchée avec beaucoup trop de prudence par O’Malley dans ses aspects les plus sombres. Tout ce qui tourne autour de la folie religieuse de l’héroïne aurait ainsi mérité d’être davantage développé, et on regrette un peu à ce niveau qu’un tel sujet n’eût pas atterri plus tôt dans les mains d’un Paul Leder, qui nous aurait sûrement livré là un produit bien crapoteux, nettement plus marquant au final.
Si l’interprétation tient la route dans l’ensemble, il va sans dire que le jeu sans nuance du couple d’acteurs principaux, Lindy Booth et Nick Cornish, ne fait guère le poids face à ceux, bien plus relevés, de Daryl Hannah, Eric Roberts, Tia Carrere ou Roy Scheider, lequel – et c’est sans doute ce qui m’a fait le plus plaisir à la vision du film – hérite mine de rien d’un rôle étonnement consistant, en flegmatique propriétaire de motel.
Sorti l'an passé en DVD chez Anchor Bay.