Sous la houlette de Pinzauti, cela va donner un mélange etonnant et detonnant et c'est ainsi que nait Emmanuelle bianca e nera qui nous plonge dans les plantations de coton du début du siècle où régne en maitre la feroce et sadique Emmanuelle, une jeune blanche fiancée à un bellatre, Lorenzo, fils d'un riche priopriétaire de plantation.
Emmanuelle découvre un jour que Lorenzo est attiré par une jeune servante noire, Judith mais dont le vrai nom est aussi Emmanuelle, qui l'a sauvé d'une morsure de serpent. Folle de rage et de haine, Emmanuelle aura recours aux pires.. pour se débarasser de cette rivale. Viols, tortures, sadisme, rien n'arretera Emmanuelle qui par la même apaisera ses plus vils instincts racistes..
Addio zio Tom sous couvert de documentaire comme beaucoup de mondos d'ailleurs n'était qu'un pur exemple de cinéma d'exploitation dont le but bien masqué n'était que de mettre en exergue face a un spectateur voyeur et pervers tout l'aspect primitif et barbare du peuple noir, exploitant avec force et conviction ce qu'ils cherchent à condamner avec un total manque de politiquement correct. Et c'est ce manque entre autre qui fait de ces oeuvres des plaisirs coupables pour le spectateur vicieux.
Emmanuelle bianca e nera respecte scrupuleusement cette ligne directive en appuyant avec insistance sur les aspects les plus vils de l'histoire. Celle ci n'est d'ailleurs qu'un simple pretexte à étaler sur 80 minutes des scènes de sexe et de sadisme à grands relans racistes qui fera le plaisir de l'amateur de ce type de films.
Et en sadisme et tortures raffinées, Emmanuelle s'y connait, son plaisir étant d'aguicher ses esclaves afin qu'ils la désirent, l'approchent et la touchent avant d'apeller au secours ses gardes afin qu'ils les punissent ferocement. Ainsi selon ses humeurs, ils seront fouettés, lacerés, attachés nus au soleil leur corps meurtris recouverts de sel lorsqu'ils ne sont pas executés à bout portant sans pitié aucune. "Un animal meurt comme un animal" nous rappelle t'elle.
Outre ces maltraitances, tenus en laisse dans des box pour dormir, ils sont soumis aux fantasmes sexuels de leurs geoliers qui ne se privent en aucun cas de les violer quand ils ne les forcent pas à se violer entre eux afin de satisfaire leurs instincts pervers.. et les notres... le tout bercé par une BO aux accents Bontempi absolumment décalée.

Pour le reste, on assiste aux ébats d'Emmanuelle dans les bras de son jeune amant avant que celui ci ne la dénigre pour la jeune servante noire au grand dam de ses parents mais surtout d'Emmanuelle, folle furieuse de devoir rivaliser avec ce qu'elle considère être un animal.
Tout cela est fort alléchant mais le problème avec Emmanuelle bianca e nera est que la mise en scene de Pinzauti est d'une extraordinaire molesse pour ne pas dire inexistante rendant toutes les scenes de pure violence totalement innoffensives.
La laideur des séquences de sexe gache même tout le potentiel érotique de l'ensemble et l'aspect sulfureux s'en trouve donc considerablement amoindri. Pinzauti se contente en effet lors des scénes d'ébats d'Emmanuelle de filmer des gros plans de chair qu'on petrit telle une pâte à pain sans oublier de filmer dés que possible de gros plans sur le vagin de la jeune catin.
Le total manque de conviction des acteurs et leur jeu à la limite de la caricature désamorce toute la brutalité du sujet et finit par provoquer le rire à l'image du coté maladroit du tout.
Les dialogues quant à eux accumulent les allusions ordurières et animalières avec une lourdeur flirtant le plus souvent avec la provocation comme l'ensemble du film dont le seul objectif est de rebuter le spectateur et heurter sa sensibilité.

Fort heureusement, tout se terminera bien et notre esclave noire vivra heureuse avec le beau bellatre blanc, se tenant par la main sous un magnifique coucher de soleil rougeoyant. La morale est sauve!

Plus interessant ici est finalement le personnage d'Emmanuelle. Elle s'avère être finalement une dangereuse psychopathe refoulant au plus profond d'elle ses désirs les plus pervers qui la rongent et la détruisent. Elle nourrit une haine sans limite pour la race noire mais ne peut cacher pourtant son attirance pour ces corps puissants, revant qu'ils la possedent sauvagement.
Si elle résiste au départ et soulage ses désirs interdits à travers la torture, elle se laissera finalement prendre par un de ces "animaux noirs" comme elle les nomme avant de se laver frenetiquement jusqu'à s'en arracher la peau et entamer une chasse à l'homme pour le tuer sans pitié.
Au final, Emmanuelle bianca e nera n'est guère different des autres genres du cinéma d'exploitation. Le film de Pinzauti n'est qu'une variante du WIP, du nunsploitation ou du nazisploitation. Le camp de concentration, la prison ou le couvent est ici remplacé par un champ de coton et Emmanuelle pourrait très bien être une kapo, une sadique gardienne chef sadique ou la mère superieure d'un cloitre.
Le casting est alléchant puisque notre Emmanuelle blanche est incarnée par l'entre jambe bien huilée de la Longo, sexy star de l'erotisme italien d'alors dont le bleu des yeux n'a d'égal que son piètre talent d'actrice ici, se contentant de se déshabiller, froncer les sourcils en prenant un air sadique et débiter à la minute le plus grand nombre d'insanités racistes.
Notre Emmanuelle noire est quant à elle interprétée par la Manna, une des étoiles filantes noires du cinéma d'exploitation d'alors, qu'on reverra ulterieurement dans SS camp 5 enfer de femmes.
On retrouvera également le vétéran Serafino Profumo en riche proprietaire de plantation, la rouflaquette au vent et surtout O divine joie




Emmanuelle bianca e nera est un ennuyeux mais pur produit d'exploitation, un film voyeuriste et complaisant totalement gratuit dont le seul but est de flatter les vils instincts pervers du spectateur.

A ce niveau, c'est une réussite. Dommage que Pinzauti soit un si piètre réalisateur. On imagine sans mal ce qu'un metteur en scène tel que D'Amato aurait pu faire avec un tel sujet et une telle heroine
Pour tous les amateurs comme Eric de ce type de films qui souhaitent encore aller plus loin dans la complaisance et la perversion, Emmanuelle nera e bianca fut tourné en même temps que Mandinga, rip off qui reprend la même trame scenaristique et quasiment le même casting, la Longo et la Manna en moins, toujours avec Pinzauti aux commandes.
Le corbeau qui fait des loopings par dessus les champs de coton..
