Le dernier film de Joachim Lafosse nous livre une interprétation a priori originale de la fameuse “éducation sentimentale” en dépeignant l’effritement des illusions - à l’origine fort romantiques - d’un jeune garçon quant à l’amour physique et intellectuel.
Jonas (Jonas Bloquet) accepte de se faire aider par trois adultes pour préparer un concours. Apparemment altruistes, les “professeurs” initieront également l’élève aux joies du sexe sans oublier de profiter de l’occasion...
Sous l’égide - quelque peu hasardeuse, d’ailleurs - d’Albert Camus, le réalisateur pose le problème des limites niées ou bien induites par une Révolte ici cristallisée par le passage dans “l’âge adulte”. Facteur de liberté, l’apprentissage consiste ainsi à explorer, redéfinir puis accepter le cadre éthique au sein duquel chaque disciple s’accomplira. Détournant (consciemment? J’en doute) l’enjeu philosophique et davantage subtile posé par les écrits de l’écrivain cité, “L’Élève libre” propose au spectateur un ennuyeux huis clos pour conclure que la “vrai” liberté ne s’établit jamais au détriment de l’autre (original!) et qu’en cela elle présuppose des convictions morales indépendantes. On se demande si notre artiste a vraiment lu Camus... Une mise en scène insipide, une photographie affreuse ainsi qu’un scénario poussif confirment le caractère opportuniste d’une œuvre dont la vision s’avère dispensable.
L'Élève libre, Joachim Lafosse, 2007
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team